Will et Will, de John Green et David Levithan (2010)

Dans ce John Green co-écrit avec David Levithan, on retrouve l’humour des deux auteurs, avec certes la thématique chouchoute de Green qu’est la quête identitaire, mais aussi  l’émotion de Levithan, et dans l’équilibre créé par le va-et-vient entre les deux personnages, on découvre surtout un livre qui a des tripes.

will et will john green david levithanWill Grayson (avec capitales) est un garçon effacé. Pas timide, non. Effacé par choix. C’est qu’à force d’expérience, il  a déterminé que l’attention que l’on recevait ne valait pas le lot d’emmerdements qui l’accompagnait nécessairement. (Alors, une petite copine ? Jamais. Trop d’embêtements.) Sa philosophie a peut-être à voir avec le fait que son meilleur ami soit le type le moins discret du monde : Tiny Cooper, l’adolescent gay le plus obèse du monde, ou l’obèse adolescent le plus gay du monde, c’est selon. Il l’adore, non, vraiment. Mais parfois, il a l’impression 1) de ne pas exister, en comparaison de la personnalité et les émotions exubérantes de Tiny 2) de subir malgré cela toutes les conséquences de la personnalité et émotions exubérantes de Tiny.

will grayson (sans capitales), à quelques kilomètres de là, a la rage au ventre et l’angoisse au coeur. Il ressent tout trop intensément, se sent vide et rempli à la fois, étranger au monde et envahi par lui. Son seul refuge est l’amitié unique, fragile et brûlante, qu’il entretient en ligne avec Isaac. Lorsqu’Isaac lui propose de se rencontrer et lui donne rendez-vous à Chicago, un malentendu patronymique lui fera rencontrer l’autre Will Grayson.

Ce roman m’a agréablement rafraîchie. Après les John Green précédents* (c’est-à-dire : tous les autres, que j’ai vraiment aimés) la participation de David Levithan à celui-ci vient apporter un contrepied intéressant. C’est une réussite. Le traitement de l’adolescent dépressif et rageux pouvait si facilement être surjoué et sombrer dans le cliché que les premières pages de ses chapitres m’ont fait crisper les épaules — mais non, c’est bien. Parallèlement, la personnalité parfois lâche et hypocrite du Will Grayson numéro 1, sur lequel est parachuté une potentielle romance en quelques pages à peine, aurait dû conduire à un déroulement classique de teen-movie un rien décevant, et je sentais déjà mes sourcils se froncer — mais non, c’est bien.

On ne fait qu’aller de fine transition en étonnant développement ; Will & Will de John Green et David Levithanles personnages sont tous plus subtils qu’ils voulaient nous le faire croire de prime abord, et portent chacun le poids de leurs terreurs et obsessions. Et arrivée à la fin, je me dis que c’est l’histoire d’une acceptation — de soi, mais aussi des autres, parce que Dieu sait combien ils sont lourds.

Un bon roman : n’hésitez pas, la prochaine fois que vous voyez Will et Will sur la table de votre libraire.

Et bonne lecture !

Lupiot

Lupiot Allez Vous Faire Lire

 

 

 

 

Will et Will, de John Green et David Levithan, Gallimard Jeunesse, 2011, 384 pages


* Ce n’est pas mon préféré des John Green (Mes préférés étant Nos étoiles contraires et Le théorème des Katherine) mais je l’ai trouvé meilleur sur plusieurs aspect (à mon goût) que Qui es-tu Alaska ?, par exemple, qui reçoit davantage de louanges. (Louanges méritées, en vrai. Je suis sévère ; comme je disais, je les ai tous aimés.)

 

2 réflexions sur “Will et Will, de John Green et David Levithan (2010)

  1. Je dois absolument le lire! J’ai beaucoup aimé « nos étoiles contraires », « adoré la face caché de Margot », mais été super déçu par « qui es-tu alaska », alors j’espère que celui-là me réservera une bonne surprise! 🙂

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    • Je ne peux rien te promettre évidemment :p mais je l’ai trouvé vraiment sympa —et si tu as adoré Nos Etoiles Contraire je te recommande vraiment Le Théorème des Katherine ! (Même si la couverture qu’on trouve le plus en librairie n’est pas la plus cool qui soit…)

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