L’AntiRentrée #2 : Un coup de cœur ne meurt jamais

Il y a quelques mois, j’ai publié un premier article « Antirentrée #1 : laisse le temps faire le tri, lis ceux de l’an dernier ! »

Toujours dans l’optique de ne pas se faire écraser, écarteler, laisser pour mort sur la plage par la

GIGANTESQUE VAGUE DES NOUVEAUTÉS

je vous propose de plonger profondément sous la vague et d’aller explorer la blogosphère à la recherche de cette précieuse perle : le coup de cœur. Pas celui qui vous saisit de sa beauté sur le moment et s’étiole à la lumière, perd son éclat au fil des semaines. Non, celui qui dure

des années.

L’intérêt ? Vous proposer une liste 100% bonheur dans laquelle piocher les yeux fermés.

Pour ce faire, j’ai consulté quelques-uns de mes blogueurs et influençeurs préférés et leur ai demandé : parmi tous les livres que tu as lus, lesquels d’entre eux, coups de cœur d’alors, ont tenu sur la durée ?
Y a-t-il donc sur la blogosphère autre chose que des coups de cœur éphémères ?
Réponse : oui, il y en a. Et pour vous j’ai compulsé les

COUPS DE CŒUR ÉTERNELS
de 25 lecteurs et influençeurs*

* 20 femmes, 5 hommes, de 15 à 35 ans, tous actifs sur les réseaux. Je listerai en fin d’article les liens vers tous les blogs volontaires concernés.

Chacun de ces 25 lecteurs m’a donné une liste de 5 à 12 (pour les plus gourmands) romans jeunesse qu’ils relisent, reparcourent ou reniflent régulièrement. Aussi, pour vous convaincre tous que l’amour peut durer 100 ans (ou au moins 3) voici, compulsés, les résultats de cette enquête d’Antirentrée.

UN COUP DE CŒUR NE MEURT JAMAIS
ou le top des romans jeunesse intemporels des blogueurs Lire la suite

TOP LITTÉRATURE 2018. Partie 1 : jeunesse

À l’occasion de Partir en Livre, la fête du Livre Jeunesse, je participe à l’événement organisé par « Booktube et la Blogo en Livre », qui propose chaque jour un article ou une vidéo mettant en valeur la littérature jeunesse.

Hier, c’est Axelle de la chaîne La parenthèse d’Axelle qui nous parlait de la représentation des enfants de la guerre dans la littérature jeunesse.

Aujourd’hui, c’est moi qui vous propose mon TOP LITTÉRATURE 2018 !! C’est un Top  en 10 + 5 livres bonus + tous ceux que je recommande en parallèle soit une douzaine, c’est-à-dire, si l’on suit mes calculs, beaucoup trop.

COMME D’HAB.

Et demain, ce sera Audrey du Souffle des mots qui vous parlera… on ne sait pas de quoi — ouhloulou, on en dandine de suspense.

Ah, attendez, on me souffle dans l’oreillette que… IL Y AURA UN INDICE À RÉCOLTER DANS CET ARTICLE, à associer à ceux des autres vidéos et articles dans le but de gagner plein de cadeaux. (Attention, il sera très difficile à trouver.)

En attendant, le voici, le voilu, mon top littérature jeunesse 2018 ! Lire la suite

Le livre de la poussière, 1. La Belle Sauvage, de Philip Pullman (Gallimard Jeunesse, 2017)

Ok donc j’ai lu ce roman il y a à présent un an, et pour la rédaction de cette chronique, qui a beaucoup tardé, je l’ai RE-LU en entier, oui Madame. Mon opinion est donc tout vernie de sagesse et —

Oh mon DIEU comment c’est BIEN !!!

Pour rendre justice à mon enthousiasme, pour la durée de toute cette critique, il conviendra d’imaginer non pas une femme adulte derrière un clavier ventant de façon argumentée les mérites d’un excellent roman, mais un écureuil sous cocaïne en train de bondir dans tous les sens pour présenter sa noisette préférée.

J’apprécie votre coopération dans cet exercice.

Récap pour ceux qui ont une vie en-dehors de la littérature jeunesse : Philip Pullman, l’auteur de la trilogie La Croisée des Mondes (parue entre 1995 et 2000), énorme succès fantastique érigé en classique de la littérature de genre pour petits et grands…

…écrit une nouvelle trilogie fantastique se déroulant dans le même univers, un spin-off (comprendre que ça se passe en parallèle des faits que nous connaissons, ou avant, ou après) qui s’appelle Le Livre de la Poussière et dont le tome 1, La Belle Sauvage, a paru en français chez Gallimard Jeunesse le 16 novembre 2017.

Armée de ma patience caractéristique, je l’ai évidemment acheté le jour de sa parution en VO, , le 19 octobre 2017 à 19h30, pour commencer à le lire dans les transports sitôt sortie de chez Shakespeare & Co.

Moi dans le métro

Je l’ai lu avec un acharnement pugnace et une lenteur rageante, car le vocabulaire so british de la campagne m’est totalement mais alors totalement étranger, et je devais vérifier toutes les deux pages si le dæmon qui venait de se percher sur l’épaule de son humain était un chat, un piaf, ou un bon dieu de singe. J’ai appris de nombreux noms d’animaux en anglais, merci l’imagier Pullman, et j’ai découvert à cette occasion mon nouvel animal préféré :

LE MARMOUSETC’EST UN SINGE MINIATURE.
JE HURLE.

Cute ? Super cute. Mais revenons à notre campagne anglaise : Lire la suite

5 livres jeunesses que des blogueurs m’ont donné envie de lire

COUCOU. JE VIS.

Pardon, je ne devrais pas crier, c’est toujours déstabilisant quand un proche décédé depuis longtemps vient hurler COUCOU tout près comme ça. C’est l’enthousiasme de vous retrouver, j’en perds mon étiquette.

Notez : j’ai évité de m’extraire d’un magma fuligineux dans une posture dramatique. Résurgence de savoir-vivre.

À l’occasion de PARTIR EN LIVRE (cékoi ? mécékoi ?), qui est la fête nationale du livre jeunesse organisée par le ministère de la culture (ah ok), et ne partez pas tout de suite, promis j’arrête de parler comme la page d’accueil d’une médiathèque, je me suis lancée le défi, avec quelques autres personnes généreuses et inspirées, de VOUS PARLER LITTÉRATURE JEUNESSE.

Dingue !! Je vais parler littérature jeunesse !! Vos chaussettes en tombent. Lire la suite

(Relecture) La trilogie d’Arkandias, d’Eric Boisset (Magnard, 1997)

Article par Stern

Exercice risqué, mais ô combien délicieux : je me lance dans la relecture de…
LA TRILOGIE D’ARKANDIAS

15 ans de librairie, 350 000 exemplaires vendus, et une adaptation cinématographique en 2014 ; aujourd’hui, qui ne connaît pas cette trilogie ?

Elle a bercé mes jeunes années comme celles de ma nièce de 15 ans. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai lue, ou toutes les recettes magiques que mon frère et moi avons inventées pour imiter celles du grimoire de Magie Rouge. C’était à qui trouverait l’ingrédient le plus loufoque, le plus dérangeant ou le plus désagréable. (Après tout, tout est bon pour faire passer le temps en voiture !)

Cette trilogie s’est peut-être trouvée un peu noyée avec la sortie presque simultanée d’Harry Potter, la pauvre.

Pour reprendre les codes du grimoire de Magie Rouge :

Fractionnez l’heure en centièmes, éteignez les lumières, prenez une barre de fantasy, une cuillère à soupe de policier et une pincée d’humour, mélangez dans un creuset et reculez avant de vous faire brûler les poils de nez par le feu d’artifice que la trilogie ne manquera pas de provoquer.

  1. Le grimoire d’Arkandias

Théophile découvre un grimoire de magie rouge à la bibliothèque qui pique son imagination. Il décide avec l’aide de son meilleur ami Bonaventure de tenter la fabrication d’une bague d’invisibilité, mais un mystérieux monsieur aux ongles noirs, M. Arkandias, tente par tous les moyens de les en empêcher.

  1. Arkandias contre-attaque

Malheureusement, un ami s’est fait accuser à leur place d’un méfait commis dans le tome 1. Pour le sauver, Théophile et Bonaventure décident de fabriquer un nouvel objet du grimoire de magie rouge, le diadème de sujétion. Cependant, encore une fois, ils ne connaissent pas toutes les précautions à prendre…

  1. Le Sarcophage d’Outretemps

Théophile a oublié de fermer la fenêtre, laissant entrer un chat qui tue sa souris blanche et son poisson rouge. De nouveau, les deux amis décident de fabriquer un objet du grimoire de magie rouge, le sarcophage d’Outretemps, pour voyager dans le passé et sauver les animaux.

Alors voilà, à 26 ans passés, j’ai tenté l’aventure la plus risquée qu’une lectrice assidue, avide, boulimique puisse s’imaginer… J’ai relu une trilogie classée dans ma liste des « Ouah-c’est-dingue-lire-c’est-mieux-que-la-vraie-vie ».

Alors, Arkandias… c’est comment ? Lire la suite

De cape et de mots, de Flore Vesco (Didier Jeunesse, 2015)

C’est aujourd’hui que je vous parle (enfin) d’un livre dont on me rebat les oreilles depuis plus de DEUX ANS avec force enthousiasme et sentiment. Et à raison. Le premier roman de Flore Vesco est étonnant et croustillant comme des Chocopops à la pistache.

« Serine » (contraction de ses 18 prénoms (ok j’exagère un peu) (mais Serine c’est plus simple)) est la fille aînée d’un couple de nobles désargentés qui se chauffe en brûlant petit à petit les livres de la bibliothèque, au grand dam des nombreux bambins qui n’aiment rien tant qu’en entendre les histoires à la veillée. Faute de finances, Serine n’a jamais eu de précepteur et ne sait donc ni lire ni écrire ni multiplier ; en revanche, notre héroïne connaît par cœur l’Odyssée et a un sens de l’à-propos inégalé : avec son esprit en forme de trampoline, elle peut rebondir sur tout.
Ça tombe bien, car elle va en avoir besoin : sa mère a décidé de la marier pour renflouer les caisses du château et remplir les assiettes de ses frères. Serine, cependant, trouve une meilleure solution : elle va devenir demoiselle de compagnie à la Cour du roi, se faire une renommée, une fortune, et sauver la smala. C’est ainsi qu’elle monte à Paris en charrette, et passe 190 pages à faire n’importe quoi.*

* Notamment déjouer des complots.

Pourquoi c’est étonnant

Ce roman est, par certains aspects, extrêmement classique ! En effet :

  1. il commence comme un conte (l’héroïne est l’aînée (ou la cadette, plus souvent) d’une grande fratrie, au caractère et aux dons singuliers, pleine (d’indépendance et) d’abnégation) ;
  2. il continue comme un conte (une fille de nobles désargentés se fait une place à la Cour, s’attire les sympathies du roi et les vipérages des courtisanes, puis la jalousie de la reine aka méchante belle-mère) ;
  3. il finit comme un conte. (…Vous avez cru que j’allais vous spoiler la fin ?) (Vous avez tous lu des contes, allékoi.) (Y a souvent des mariages et des promesses d’amours éternelles et d’enfants nombreux) (les méchants sont punis) (les fermiers deviennent princes) (etc.) (Bref.)

ET POURTANT. Pas si vite !

De Cape et de Mots est complètement, irrésistiblement, absolument inattendu et irrévérencieux. Pourquoi ? Lire la suite

Le monde selon Walden, 8 millions de followers, de Luc Blanvillain (Scrinéo, 2016)

Article par Bloup

Nous avons tous connu, au cours de notre scolarité, un élève différent. Qui ne s’habillait pas comme les autres, ne parlait pas comme les autres, n’avait pas les mêmes centres d’intérêt… Quelqu’un comme Walden.

Le monde selon walden de Luc Blanvillain ScrineoLa vie de Walden au collège serait bien difficile s’il n’avait pas :

  • son meilleur ami, Clément ;
  • sa chère et tendre Zelda ;
  • une technique bien particulière pour repousser ceux qui viennent l’embêter : le chant lyrique.

Au cours de l’une de ces agressions quotidiennes un élève a la bonne idée de filmer Walden, alors habillé en kilt, tandis qu’il entonne l’Amour est enfant de bohème. La vidéo, aussitôt publiée sur YouTube, est un succès tel qu’un célèbre présentateur télé vient faire un reportage sur Walden. Le phénomène Walden est né. Alors que tous les élèves du pays cherchent soudain à lui ressembler, Walden, Clément et Zelda essayent de profiter de la situation pour

  1. sauver une famille de renards égarée en ville,
  2. aider les sans-abri, et
  3. tant qu’à faire, tenter d’instaurer la paix dans le monde.

Mais comme on l’imagine aisément, ils vont apprendre que la renommée est une amie bien peu fidèle(Ne jamais manquer une occasion de citer Gilderoy Lockhart.)

Gilderoy Lockhart

#AtoutComiqueDuTome2

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Circus Mirandus, de Cassie Beasley (Auzou, 2015)

Article par Bloup

Encore un livre dont la couverture attire le regard. Au feuilletage, l’objet est beau : rabats colorés, débuts de chapitres soignés… Mais est-ce aussi enchanteur à l’intérieur ?

Circus Mirandus Cassie BeasleyMicah vit seul avec son grand-père Ephraim. Celui-ci lui raconte des histoires incroyables : quand il était jeune, il a visité le plus merveilleux des cirques, le Circus Mirandus, avec ses animaux extraordinaires, sa belle acrobate qui vole dans les airs et, surtout, l’Homme qui Plie la Lumière, ce magicien qui lui a promis un miracle… Lorsque Ephraim tombe gravement malade, la vieille tante Gertrudis vient habiter avec eux… et sous prétexte qu’elle ne croit pas à ces histoires, elle interdit au garçon de voir son grand-père ! Pourtant, Micah est sûr que le Circus Mirandus existe, et devient persuadé d’une chose : s’il le retrouve, il pourra guérir son grand-père.

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Circus Mirandus est un beau voyage dans le rêve. Très bien construit, il regorge de points forts… Lire la suite

Moi, Ernest… de Laurent Souillé et Paul Mager (2016)

Article par Bloup

Une fois n’est pas coutume, j’avais envie aujourd’hui de vous parler d’un récit à destination d’un lectorat plus jeune que ce dont nous avons l’habitude ici (on parle plus souvent de littérature adolescente ou YA, sur Allez vous faire lire). Entre l’album et le roman graphique, Moi, Ernest… est un objet d’une belle sensibilité, grâce au subtil équilibre texte-image qui le compose…

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Depuis sa naissance, Ernest est muet. Heureusement, son imagination débordante lui permet de s’exprimer autrement que par le langage parlé : entouré de Chat, son animal de compagnie borgne, et de sa vieille machine à écrire, ses mots glissent sur le papier… Et s’il parvenait à se faire éditer ?

En route vers le Pays Imaginaire

En route vers le Pays Imaginaire

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George, d’Alex Gino (2017)

Avertissement : chronique négative (relativement sérieuse).

George, d'Alex Gino, L'École des Loisirs 2017George est un petit roman racontant l’histoire d’une fillette que tout le monde perçoit comme un garçon. Elle s’appelle « George ». Depuis toujours. Pourtant, c’est une fille ! Comment le faire comprendre à son entourage, dans ce monde où on la pousse sans arrêt dans des rôles de garçon ? George va se mettre en tête de jouer un rôle féminin dans la pièce de théâtre de l’école, et peu à peu, ce choix « interdit » va prendre pour elle de plus en plus d’importance, symbolique et personnelle…

George m’a été recommandé plusieurs fois* comme une petite pépite d’une douceur et d’une ténacité touchantes sur le thème important de l’identité des personnes transgenre, et encore plus important ici car on se place dans le regard d’un enfant transgenre — enfants qui ont peu de modèles auxquels se rapporter.

* Notamment par Nathan (à la minute 11:10). Clique sur l’image pour accéder à la vidéo.

George, j’étais toute prête à l’adorer ou, au moins, à l’aimer pour le rôle de représentation qu’il tient. Or, j’ai plutôt détesté ce bouquin. Et je ne le recommande pas.

Contextualisons : je n’ai pas détesté ce bouquin pour le message central qu’il porte, c’est-à-dire « tu peux être toi-même, et devenir aux yeux des autres ce que tu es à l’intérieur ». Ça, c’était bien. C’était même très bien.

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Mais ça ne sauve pas le roman qui a un gros, gros problème flottant de SEXISME ATRABILAIRE GÉNÉRALISÉ.

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Or, dans un roman pareil, sur l’identité de genre, ce n’est pas anodin. Vraiment pas ! C’est même totalement incohérent, j’en reparle plus bas.

La grande question que je me suis posée, c’est donc :

Doit-on célébrer un roman au message positif fort s’il véhicule aussi une cargaison de problèmes ? Y a-t-il des maladresses acceptables, et où placer la limite (pour ce roman en particulier) ? Lire la suite