La pyramide des besoins humains, de Caroline Solé (2015)

Wow. Autant vous le dire, c’est mon premier gros coup de cœur de 2016. J’avais fait l’acquisition de ce roman il y a des mois mais, par lose intégrale, je l’avais égaré après avoir lu tout juste les premières pages. Ce qui est, vous en conviendrez (et surtout quand lesdites premières pages sont trop cool), extrêmement désappointant.

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Puis, le 31 décembre, je me suis fait voler ma valise (qui contenait tous mes cadeaux de Noël, soit 98% de livres) (#EtBonneAnnée) mais, coup de chance dans mon malheur, en fouillant dans mes sacs à la recherche d’un nouveau contenant pour transporter les maigres affaires qui me restaient, je suis tombée, au fond d’un sac en toile oublié, sur… La pyramide des besoins humains.

Mon précieux.

Mon précieux.

Je me suis aussitôt replongée dedans. Et quel bonheur.

pyramide des besoins humains caroline soleChris a quinze ans. Il est SDF. Pourquoi ? Son histoire est triste et banale, comme celle de tous les SDF. On ne demande pas aux clodos comment ils en sont arrivés là (même si Christopher nous le dira), on se contente de les écouter quand ils ont quinze ans, de la rage et de la poésie dans le cœur, et qu’ils s’inscrivent anonymement à un jeu de télé-réalité.

Ce jeu, c’est La pyramide des besoins humains, basé sur la théorie de Maslow, selon laquelle nous devons remplir nos besoins primaires d’avoir avant d’accéder aux besoins supérieurs d’être.

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Chaque semaine, les participants doivent rédiger un texte prouvant à tous les votants anonymes qu’ils ont satisfait aux besoins du 1er, du 2e, du 3e niveau, etc., jusqu’à la toute fin. Jusqu’à la finale. Chris vit dans la rue. Sans toit, sans sécurité, sans amour, sans famille, sans reconnaissance : il n’est rien.

Pourtant, à sa grande surprise, il franchit le 1er niveau, et commence à attirer les regards.

devil wears prada who is this sad little person gif

J’ai adoré La pyramide des besoins humains parce que :

C’est très bien écrit. Le style est limpide et efficace, sans s’excuser pour ses envolées lyriques occasionnelles. C’est équilibré. Tantôt râpeux comme le macadam, tantôt réconfortant comme le lampion de Suzie qui illumine la rue, parfois triste et fragile comme le carton sur lequel dort Christopher.

C’est puissant. Cette lecture est ce à quoi aspirent la dystopie et la science-fiction de manière générale : nous faire réfléchir, nous faire ressentir, là, dans nos tripes, ce qu’impliquent les changements de notre société. Ceux qui vont à toute allure et qu’on ne s’arrête pas pour regarder.

stitch nobody loves me

Un peu comme Christopher.

Précision : ce n’est pas de la dystopie YA classique.

Les personnages sont terribles. Ils sont là, présents dans la pièce à côté de nous, quand ils puent la mort, mangent des hot-dogs, se chamaillent mollement, affalés dans une contre-allée, et rêvent, le soir, en regardant les étoiles.

La fin est ouverte. Alors, je sais que tout le monde n’est pas amateur de cet aspect là. Mais, de temps à autre (et notamment en dystopie), c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Nous emmener jusqu’à un certain point, nous regarder dans les yeux à ce moment-là, et nous laisser deviner ce qu’il adviendra ensuite de nos personnages.

Je vous rassure : on arrive au bout du jeu de télé-réalité. Mais, justement… est-ce là la finalité ?

Points négatifs : à part la couverture, je ne vois pas. (Mais je compte rédiger un billet, à l’occasion, sur les couvertures de l’École des Loisirs, qui sont trop souvent à côté de la plaque, donc ce ne sera pas pour aujourd’hui.) Cette couverture, je la trouve très belle, mais je pense qu’elle manque sa cible. Non, La pyramide des besoins humains n’est pas un roman psycho-social type Nouvelle Vague, oui, c’est une Dystopie Jeunesse. Et excellente, avec ça.

sherlock wink

Bonne lecture,

Lupiot

Lupiot

4 réflexions sur “La pyramide des besoins humains, de Caroline Solé (2015)

  1. Je n’ai vu que des coups de coeur sur ce titre mais moi je suis complètement passée à côté ! je me suis ennuyée la plupart du temps, même si j’ai aussi été estomachée par moments et qu’on prend conscience de plein de choses (mon regard, pourtant déjà bienveillant, sur les SDF a changé après ma lecture, je ne me dis plus par exemple, pff et s’ils savent s’acheter une bière…) mais je trouve que ça manque d’aboutissement, de qqch en plus pour vraiment nous accrocher… Et de fait, les couv’ école des loisirs (et celle-ci tout particulièrement) : WTF !? Vivement ton article 🙂

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    • Clairement ! Y a un pb au niveau des choix de maquette, ils passent trop souvent à côté de leur public à mon avis O.o

      Maaaarde, ça ne t’a pas plu ?? Rah, j’ai fondu des les premières pages. J’ai trouvé l’angle d’attaque très original, la langue géniale, et j’ai adoré (après, c’est un faible personnel) le côté très « concis », efficace.

      Je peux comprendre, en revanche, la frustration finale que tu ressens (« manque d’aboutissement »…). Je ne trouve pas que ça manque d’aboutissement mais c’est sûr que le roman laisse place à énormément de développements possibles (soit au fil de l’action, soit, bien sûr… après !).

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    • Cette pépite est un très court roman et, comme souvent dans ces cas-là, je trouve qu’il ne faut point trop en dire…
      (C’était aussi le cas pour le très beau À ma source gardée, de Madeline Roth, mon coup de cœur de l’été dernier. Tout mini tout fin, alors mieux vaut ne pas tout raconter…)

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