Mingus, de Keto von Waberer (2012)

Voilà un roman de SF dystopico-amoureuse pour le moins étonnant.

Mingus keto von waberer le rouergueMingus est une expérimentation biologique, un homme-lion. À la mort de son père spirituel, il s’enfuit du labo, emportant avec lui celui qu’il appelle « Petit frère », l’objet de toute son affection immesurée. Mais Mingus est beau, d’une beauté irréelle, fascinante et effrayante, dont on ne peut se détourner, et dès qu’il est découvert, chacun voudra s’en emparer pour faire de lui, qui sa mascotte, qui son porte-parole, qui son sujet d’étude, qui un martyr. Mingus n’a cure des désirs des hommes, de leurs contingences et leurs faiblesses, mais celles-ci le séparent du Petit frère. Or, « Petit frère » est réalité une fille, une fille de l’aristocratie, qui avait été enlevée. Tout le monde croit que Mingus est son ravisseur. Qu’il est dangereux.
Elle, elle s’appelle Nin, et elle sait que Mingus l’a sauvée.

C’est l’histoire de deux adolescents qui courent après l’amour précieux qu’on leur a arraché, dans une Allemagne futuriste bouillonnante de confusion politique et biologique. L’histoire de Mingus et Nin.

La langue est vraiment étonnante, parfois déstabilisante, et il me semble que cela vient de l’Allemand d’origine (langue que je ne parle pas* ce qui m’empêche d’évaluer la qualité de la traduction… mais le style est un chouïa bizarre, et pas toujours bizarre exprès). Le décor futuriste de l’histoire est un foisonnement d’idées originales à vous faire tourner la tête : cela part un peu dans tous les sens, il faut donc être attentif (si c’est votre genre) pour en saisir toutes les nuances, ou être doté d’une vague curiosité touristique (c’est plutôt le mien) pour profiter du patchwork sans s’y perdre irrémédiablement.

Les personnages sont géniaux. Subtils, humains, animés par des désirs fins ou bruts, jeunes ou anciens, venus des tripes ou du cortex. J’ai beaucoup aimé Mingus, avec son émotion, sa spontanéité et sa hargne instinctives, animales. L’histoire est un peu complexe, voire confuse, mais elle est belle, oui.

Et la couverture est superbe.

Bonne lecture,

Lupiot

Lupiot Allez Vous Faire Lire

 

 

 

 


* Je sais seulement dire « Bon voyage au pays des fleurs. C’est tout droit. » Ce qui, jusqu’ici, ne m’a pas été utile. (Je sais aussi dire : « Sauvez-moi , s’il vous plaît. » (Sauver au sens du Salut spirituel). J’ignore laquelle de ces deux phrases me ferait le plus rapidement interner si je la prononçais lors d’un séjour chez les germains.)

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