L’Héritière, de Melinda Salisbury (2015)

Paru il y a tout juste trois jours, voici le premier tome d’une nouvelle trilogie fantastique pleine de passion. La couverture est très réussie. Quant au reste : je suis partagée au sujet de ce roman, qui a des qualités intéressantes et une belle originalité, mais une intrigue un peu bancale.

l'héritière melinda salisburyTwylla vit depuis ses six ans au château. Elle est une déesse incarnée, l’enfant sacrée et maudite du Jour et de la Nuit : elle peut causer la mort d’une simple caresse. Sur ses épaules, la charge d’exécuter les traitres au royaume pèse de plus en plus lourdement, et tandis qu’approche son mariage avec le beau prince Merek – l’un des seuls bénis des dieux à pouvoir la toucher, et aussi son ami d’enfance – Twylla, soumise à son destin, tente d’apprivoiser l’idée de son avenir tout tracé. Mais l’arrivée dans sa garde d’un jeune homme turbulent et plein de questions, Leif, va mettre sans dessus-dessous sa conception du monde. Lui a-t-on toujours dit la vérité… ?

La mythologie médiévale fantastique de ce monde, nourrie de traditions très originales (comme celle de la mère biologique de Twylla, mangeuse de péchés), de mythologies poétiques (les dieux du jour et de la nuit) et de contes ancestraux (le prince endormi, réécriture du joueur de flûte de Hammelin), est vraiment réussie. La géopolitique, quoique simpliste, est intéressante.

Mais ce cadre superbe est desservi par une mauvaise gestion du rythme… et pas mal de clichés.

  • Le rythme : l’installation de l’intrigue, qui se veut intimiste, est surtout trop lente. Pendant plus de cent pages, il ne se passe rien. Puis tout s’accélère à la fin. Evidemment, vu la précipitation de fin d’après-midi à laquelle ressemble le dernier quart du roman, on est un peu obligés de se poser pour expliquer l’intrigue, qui nous est tombée dessus d’un coup. Nous avons donc de très longs dialogues explicatifs. Ce qui est maladroit.
  • Les erreurs de jeunesse (a.k.a. clichés) : 
  1. L’horrible belle-mère à la Lady Tremaine. Celui-ci, compte tenu des renvois permanents aux contes, je l’accepte volontiers.
  2. La mauvaise communication. Les personnages préfèrent ne PAS se dire les choses (parce qu’ils ont peur de se faire du mal), alors que s’ils s’exprimaient, on s’économiserait 5 chapitres d’angoisses et fausses intrigues. Très commune dans la fanfiction et les romans d’amour en général, cette astuce me sort par les yeux.
  3. Le triangle amoureux*. Twylla (qui n’a à mes yeux rien de bien intéressant), rend absolument DINGUES les deux jeunes hommes qui agissent comme s’ils étaient (et se déclarent parfois) fous amoureux d’elle. Et elle repousse l’un des deux (…Sans raison ?), que l’on est censés détester (Pourquoi…? Je n’avais rien contre ce brave homme, personnellement.) pour le seul bénéfice de faire de son histoire celle d’un mariage forcé**.

Donc, cette nouvelle trilogie…? Le point positif reste l'héritière je suis l'arme parfaitevraiment le monde créé, et les personnages des deux garçons, Leif et Merek, qui sont assez intéressants, et ont une vraie présence. Arrivés à la fin, on est tellement balancés au bout d’une corde que oui, on aimerait bien la suite pour savoir où l’on va atterrir. Mais la méthode du flash-forward, après ce dénouement en forme de chamboule-tout, ressemble si bien à un hameçon hollywoodien que, pour un lecteur chevronné, c’est (un peu) agaçant. (Mais c’est un premier roman, et à la lumière de cet élément, certaines choses sont pardonnables.)

Je n’ai pas envie de finir sur une note défaitiste alors je vais tout de même révéler ceci : c’est bien écrit ! À vous de faire le tri du reste.

Bonne lecture,

Lupiot

Lupiot Allez Vous Faire Lire

 

 

 

 

L’Héritière*, de Melinda Salisbury, paru en 2015 chez Gallimard Jeunesse, 326 pages


* Une pensée sur le triangle amoureux dans la littérature adolescente : stooooooop, PITIÉ !
** Parce que c’est très à la modpromise ne me touche pas thé book of ivye dans la littérature young-adult, les mariages forcés. Sur votre droite, quelques exemples. (Je reviendrai prochainement vous parler du Book of Ivy, la dernière dystopie en date sur ce théma).
*** The Sin Eater’s Daughter, en V.O. (Et en traduction littérale : La fille de la Mangeuse de péchés)

2 réflexions sur “L’Héritière, de Melinda Salisbury (2015)

  1. Ah mais je t’en prie ! Comme tu vois, je suis loin d’en avoir pensé que du mal, et c’était une lecture plutôt agréable, bien que plusieurs maladresses l’affaiblissent à mes yeux. Ravie en tout cas d’avoir su me rendre utile 🙂 En te souhaitant bonne lecture de ta sélection ta Masse Critique ! (Tu as pris/reçu quoi, finalement ?)

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