Relecture Harry Potter : 1. L’école des sorciers, de J. K. Rowling (1997)

Septembre, c’est la rentrée. On laisse derrière soi piscine et farniente, on quitte le camping et les lectures d’été, on abandonne son bronzage et son grignotage et, pour certains, on se débarrasse enfin de son épouvantable famille de moldus. Ciao la compagnie !

Haters gonna hate

Oui, la rentrée, c’est l’occasion ou jamais de me lancer dans un défi nostalgique que je me traîne de longue date : relire les Harry Potter. Les relire pour la énième fois (au moins la 13e pour celui-ci ?), mais pour la 1ère fois avec un œil de grande personne. C’est un défi de longue haleine, que je me lance sur un rythme pépère (car je n’ai pas envie de lire que ça non plus) : un par mois, et je viendrai vous les chroniquer. Donc, c’est parti !

hp 1 école des sorciers folio junior Harry Potter à l’école des sorciers, c’est l’histoire de Harry, un petit boy de onze ans, rachitique et ironique à souhait, martyrisé par sa famille d’adoption, mais qui ne s’en laisse pas compter. Pourquoi est-il martyrisé ? Ah, grande question. C’est que, ces oncle et tante, les Dursley, sont des gens pour qui les convenances sont plus importantes que tout, et que Harry, avec sa cicatrice en forme d’éclair et son intrinsèque bizarrerie, ne respecte vraiment pas les convenances. Il fait pourtant de son mieux, le pauvre, mais il semble toujours se produire, autour de lui, les événements les plus étranges.

a bit weird doctor who

La vie de Harry bascule dans le merveilleux le jour où un géant aux yeux noirs et brillants comme des scarabées frappe à sa porte pour lui livrer le plus étonnant des secrets :you're a wizard harry GIF(Flash news.)

Le géant Rubéus Hagrid l’emporte alors dans le monde sorcier, sorte d’exubérante fourmilière parallèle du Londres que l’on connaît. Et c’est le début d’une fascinante et incroyable aventure pour Harry, qui ne se doutait pas que des gens comme lui existaient. Son bonheur est cependant bien vite troublé par ce qu’il apprend sur le terrible mage noir V…, qui serait à la fois mort et pas mort ?

confused ron

[Fin du résumé. Notez que, même si ça m’étonnerait de réussir à spoiler quelqu’un sur Harry Potter 1, je ne prends pas le risque.]

Ok, bon. Harry Potter, c’est ma vie, les cocos ; je vais donc ranger mon cœur dans une gentille petite boîte pour vous rédiger cette chronique, sinon, je risque de vous vomir un arc-en-ciel.

rainbow unicorn

Pourquoi ça marche ?

  • Dès la première lettre de Poudlard (l’école de magie, donc), on est, entièrement et avec une grande simplicité, plongés dans un monde fantastique délicieux.

J. K. Rowling fait, en outre, une chose habile qui explique le goût si étendu pour Harry Potter dans des cultures si différentes (Japon, Russie, France, Pérou, USA…) :

  1. les descriptions, courtes (un paragraphe) sont amenées par la découverte des jeunes héros d’un nouvel élément,
  2. détaillées, vivantes et bouillonnantes comme des chaudrons,
  3. et conclues de réactions ou interactions des personnages.

Ainsi, on a :

  1. action/exploration qui déclenche la curiosité du lecteur ;
  2. description qui renseigne, et imprègne le lecteur d’une ambiance ;
  3. retour à l’action qui permet l’identification aux personnages.

Ce schéma est simple, basique… mais habile, et revient tout le temps. Ce qui permet à tous les lecteurs de s’émerveiller, comme des enfants, de ce monde nouveau et imaginaire.

Extrait pour démontrer mon propos :

« Ils ne se trouvaient pas dans une salle, comme il l’avait cru tout d’abord, mais dans un couloir. Plus précisément, dans le couloir interdit du deuxième étage. Et à présent, ils comprenaient pourquoi l’endroit était interdit.

Devant leurs yeux, un chien monstrueux remplissait tout l’espace entre le sol et le plafond. L’animal avait trois têtes : trois paires d’yeux étincelant d’une lueur démente, trois museaux qui les flairaient en frémissant avec avidité et trois gueules bavantes hérissées d’énormes crocs jaunâtres d’où pendaient des filets de salive épais comme des cordes.

Le chien se tenaient immobile, ses six yeux fixés sur eux. S’il ne les avait pas encore dévorés, c’était sans doute parce qu’ils l’avaient pris par surprise, pensa Harry, mais à en juger par ses grognements qui roulaient comme le tonnerre, il n’allait pas tarder à leur bondir dessus.

Harry chercha à tâtons la poignée de la porte. Entre Rusard et la mort, il choisissait Rusard. »

Curiosité > description > réaction.

easy job done sponge bob

Là, on dirait que je vous donne la recettes des crêpes. Bien sûr que l’écriture, ce n’est pas aussi simple. Et bien sûr que cette recette n’est pas forcément la meilleure ou la plus adaptée en toutes circonstances. Mais… elle joue pour beaucoup, je crois, dans l’accessibilité de cette saga au succès planétaire.

  • La plume de l’auteur déploie délicieusement son grand talent de conteuse : dès les premiers chapitres chez les Dursley, et tout au long de l’année à Poudlard, l’humour et le second degré mâtinent allégrement la narration et les dialogues.

Dans ce tome particulièrement, Ron a souvent les meilleures répliques.

« -Mais qu’est-ce qui leur prend de garder un truc pareil dans une école ? dit enfin Ron. S’il y a un chien au monde qui a besoin d’exercice, c’est bien celui-là ! »

crazy people spn

« Lee Jordan avait du mal à ne pas prendre parti.
-Donc, après cette scandaleuse tricherie…
-Jordan ! protesta le professeur McGonagall.
-Je voulais dire après cette faute révoltante…
-Jordan, je vous préviens…
-D’accord, d’accord. Flint a failli tuer l’attrapeur de Gryffondor, ce qui aurait pu arriver à n’importe qui et donc Gryffondor bénéficie d’un penalty repris par Spinnet et c’est Gryffondor qui garde le Souafle. »

lee jordan 10 points

  • L’imaginaire, qui emprunte aux légendes européennes, au folklore germanique à la Tolkien, et aux mythes antiques, est riche, et étroitement tissé pour former un monde cohérent et chatoyant.

Ce monde, c’est le monde magique de Harry Potter, eddie redmayne fanmade poster fantastic beastsdans lequel peuvent se dérouler beaucoup d’autres histoires que les siennes, ce qui explique avec quelle facilité cet univers donne naissance à des fanfictions, se voit greffer des abécédaires (Les animaux fantastiques, Le Quidditch à travers les âges) ou ses propres légendes (Les contes de Beedle le Barde) et pourquoi on peut être très enthousiaste à l’idée de la nouvelle trilogie de la Warner scénarisée par J. K. R. (avec Eddie Redmayne dans le rôle principal pour ne rien gâcher*).

En bref, ma relecture a été une (très) chouette expérience.

D’abord parce que *ici, je sors délicatement mon petit cœur d’enfant de la boîte dans laquelle je l’avais rangé* je me suis souvenue, à chaque scène, de mes lectures précédentes, et c’est comme si, spéléologue des sentiments, j’avais revécu mes 10 ans, 12 ans, 14 ans, mordant dans la madeleine de Proust toutes les trois lignes. Pour ce genre de lecture, on aime prendre son temps (sinon, c’est un peu vertigineux).

proust madeleine

Mais ce fut aussi une belle expérience parce que, pour la première fois, j’ai relu Harry Potter avec un regard d’adulte, et qui plus est avec derrière moi une culture de la littérature jeunesse m’offrant un certain recul, et une formation d’édition me permettant de dire :

Mince, alors. C’est d’une sacrée qualité.

damn good stuff

Si vous voulez vous joindre à moi pour relire (et éventuellement chroniquer) les tomes 2 à 7 de Harry Potter sur les six mois qui viennent, n’hésitez pas ! Je tague Tom de La Voix du Livre avec qui j’en ai parlé (et qui va sans doute me maudire) et Bloup de Lallie au pays des crevettes à qui je n’ai rien dit (qui elle, va me bénir), mais bien sûr, tout le monde est le bienvenu.

Avez-vous (re)lu Harry Potter une fois grand ? Avez-vous été surpris, ému ?

En attendant…
Bonne lecture,
Lupiot
Lupiot Allez Vous Faire Lire


* L’affiche du film Fantastic Beasts que j’ai insérée est un fanmade poster, en V.F. : un tripatouillage photoshop fait par des fans.

4 réflexions sur “Relecture Harry Potter : 1. L’école des sorciers, de J. K. Rowling (1997)

  1. Ameeeeeeen ! 😀

    C’est avec grand plaisir que je relève le défi : de toute façon je suis grave en manque et je comptais les relire à mon retour ! c’est donc bien plus qu’une jolie surprise que tu me fais là, c’est le DESTIN !
    😉

    J’aime

  2. Bel article ma chère !
    Mais quelque chose me chagrine néanmoins…
    Je n’ai pas lu la saga intégrale en tant qu’enfant, puis ado. Je me suis arrêté au 5, allez savoir pourquoi.
    Du coup, je me suis pris à les lire au cours de l’été 2015, en commençant bien sûr par le premier.
    Je suis tout à fait d’accord avec tes arguments sur le style.
    En revanche, je suis un peu déçu que tu n’aies pas parlé de la cohérence narrative. Je ne dis pas qu’elle est mauvaise de bout en bout, mais je ne comprends pas que personne ne bute sur les épreuves pour accéder à la pierre philosophale, notamment celle de Rogue…
    C’est un parcours d’obstacles, pas un système de sécurité des plus infaillibles !
    Alors, oui, c’est un livre jeunesse. Mais justement, c’est un livre jeunesse ! ça devrait être fait avec d’autant plus de soin, non ?
    Bref, c’était mon petit coup de gueule contre ce bouquin, qui reste très bon malgré tout.

    Et une fois de plus, ton article est coule ! 😀

    J’aime

    • Ahh, mon cher ! Erreur, erreur grossière !
      Enfin non, tu as tout à fait raison, c’est un parcours d’obstacle et non pas un système de sécurité, mais c’est une dynamique totalement classique et assumée dans la littérature jeunesse (Vois tous les contes où le fermier (ou la fermière) pour devenir prince (ou princesse) ou prouver quelque chose, ou sauver X ou Y, doit se dépatouiller d’un nombre précis d’épreuves, dangers ou devinettes (souvent 3). Tout est affaire de symbolique et d’étapes à franchir, et Harry Potter à l’école des sorciers est très classique en ce sens : c’est un roman d’aventure initiatique.

      Mais, d’un point de vue d’adulte, oui, amen, mille fois amen, niveau cohérence, y a de quoi hausser haut les sourcils. Cependant, sur ce tome là, je ne trouve pas qu’on puisse honnêtement s’en offenser (cf. ce que je disais dans le paragraphe précédent). En revanche, sur le tome 4 (La coupe de feu) la cohérence, sur le même principe (sacrifiée sur l’autel des épreuves à surmonter pour faire vivre au héros une aventure initiatique), est complètement balancée par la fenêtre, et là, oui, j’en parlerai, promis 😉

      Merci pour ton comm’, l’ami ! =D

      J’aime

  3. Me concernant, je n’ai jamais été un grand fan d’« Harry Potter ». Je trouvais déjà les livres « sympas mais sans plus » au moment de leur sortie, et ce fut pareil à propos des films.

    Seule la saga des « Animaux fantastiques » m’a laissé un impression de nouveauté concernant cette univers. Toutefois mon impression générale concernant ce monde de sorciers n’a jamais dépassé le stade de « sympa mais sans plus ». (Mention spéciale à destination des fans « hardcore » : Pas taper, svp. Merci.)

    J’aime

Laisser un commentaire