TOP 5. Romans gays plutôt gais (ou inversement)

Dans ce top 5, je ne vous recommande que des livres que j’ai lus et adorés. Donc : c’est incomplet, c’est imparfait, mais je vous propose aujourd’hui :

DES ROMANS GAYS PLUTÔT GAIS (ou inversement)
même si en vérité il s’agit surtout d’explorer l’amour et la sexualité

hors des sentiers purement héréro

Pourquoi ?

¿ Por qué no ?

Des listes de romans thématiques, on en trouve facilement sur internet, et certaines se chargent de référencer les romans jeunesse qui explorent la sexualité. Pas dur de trouver ces listes… si on les cherche. Sorti des plateformes thématiques LGBTA+*, ce n’est pas tellement une littérature mise en avant.

MAH C’EST UN TORT ! Les romans pour ados explorant le genre amoureux et sa sexualité sont souvent géniaux — et, d’ailleurs, même quand ils pêchent par d’autres aspects littéraires, ils s’avèrent souvent réussis sur celui-ci. Pourquoi ? Aucune idée, mais une intuition : les auteurs de ces romans se souviennent de ces interrogations douces-amères, de ces élans brûlants et violents, de ces douleurs et incertitudes, qu’ils ont ressenties ados, quand ils aimaient, quand ils voyaient leurs amis s’aimer, quand ils se demandaient quelle était leur place, quand il voulaient jouer au jeu de l’amour, eux aussi.

J-je crois que tu me plais. Parce que, quand je te vois, mon cerveau devient débile.

(Je ne sais pas si ça vous rappelle quelque chose, mais à moi, oui.)

On touche alors à un bout de vérité dont on (l’auteur, nous) ne s’est pas tout à fait débarrassé, comme un morceau de mue adolescente invisible à l’œil nu qui serait néanmoins resté accroché.

Parce que ces livres sont très bons là-dessus, je vous propose une petite liste de recommandations de romans gays plutôt gais (ou inversement). Lire la suite

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Le premier qui pleure a perdu, de Sherman Alexie (2008)

Article par Bloup

Il est de ces livres qui attirent le regard. Il suffit parfois d’un rien : pour moi, il n’a fallu que le petit jouet d’Amérindien bleu sur fond noir pour que je tende la main vers l’ouvrage et lise la 4e de couverture…

Junior est un Indien de la réserve Spokane (État de Washington, US) et il nous livre ici son journal intime. Depuis toujours souffre-douleur de la réserve, il a l’opportunité d’aller au lycée de Reardan, la ville voisine… Et ainsi de devenir un « indien à temps partiel »*. Mais, si cela semble être une véritable chance pour lui, il n’en est qu’au début de la bataille pour se faire accepter par les « blancs » d’une part, et se faire pardonner des siens d’autre part…

the-absolutely-true-diary-of-a-part-time-indian-sherman-alexie* Le titre original est The absolutely true diary of a part-time indian. Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas traduit cela en français – ils voulaient sans doute un effet plus dramatique ou moins « girly » attaché à l’idée du journal intime. Néanmoins, le titre français marche parfaitement bien : cynique et puissant, on pourrait croire que Junior lui-même l’a proposé. De plus, l’expression « le premier qui… » implique non seulement Junior mais aussi de chacun des Indiens, tous dans le même bateau et dont Junior se fait le porte-parole.

Récit à la première personne qui nous est directement adressé, ce journal intime témoigne d’une véritable fureur. Fureur d’exister, de faire entendre sa voix.

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Le château de Cassandra, de Dodie Smith (1949)

Article par Bloup

Lupiot va publier dans quelques jours un article Si vous avez aimé… Jane Austen auquel j’ai pris plaisir à participer (car oui, j’aime beaucoup Jane Austen). Or, dans cette liste, nous vous recommandions Le château de Cassandra. Donc, de quoi s’agit-il plus exactement ?

chateau de cassandra dodie smith allez vous faire lierAnnées 30 . La famille Mortmain vit sans le sous dans un vieux château d’Angleterre. Cassandra et sa sœur Rose partagent la même chambre et leurs secrets, à l’image des héroïnes de Jane Austen ou Charlotte Brönte, qu’elles admirent profondément. Rêvant de richesses qui leur permettraient de sortir de leurs misère, leur quotidien est soudain bouleversé par la famille héritière américaine du manoir voisin… et accessoirement leurs nouveaux fortunés propriétaires. Simon Cotton, l’aîné des deux frères, fait particulièrement forte impression à Rose…

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Pourquoi lire Le château de Cassandra ? Lire la suite

Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, d’Annet Huizing (2014)

Voici l’histoire d’une ado qui, à travers l’écriture, part à la recherche de son identité. Plus qu’une histoire de vie, c’est une douce poésie que je tiens entre les mains.

comment j'ai écrit un roman s'en m'en rendre compteKatinka a treize ans. Elle aime l’athlétisme et vit avec son père et son petit frère à Hilversum, aux Pays-Bas. Ah, et Katinka rêve de devenir écrivain, comme sa voisine, Lidwine. Pour s’habituer à écrire, cette dernière lui conseille de commencer par raconter sa vie, comme dans un journal intime. Et ça tombe plutôt bien, car Katinka a besoin de se confier à quelqu’un depuis que la belle Dirkje est entrée dans sa vie de famille. Ce chamboulement va la mener à une flopée de questionnements et de doutes. Treize ans, c’est pas facile quand on n’a plus de maman. Lire la suite

Les Fragiles, de Cécile Roumiguière (2016)

Haut les cœurs ! Chronique d’un roman beau et tuant.

les fragiles cecile roumiguiereFC’est l’histoire d’Andrew qui grandit sous nos yeux. Andy devient Drew et, de gringalet, il passe à… gringalet. Drew est un poids plume, son cœur et son corps sont facilement tourmentés par la vie, qui aime bien lui souffler dans les bronches. Il est de ceux qui entrent dans le jeu avec des mauvaises cartes. Son père est un sale con et, depuis le jour où il s’en est rendu compte vers l’âge de 9 ans, ça le mine. Sa mère est paumée, son meilleur ami se fait la malle à l’autre bout du monde, et lui, vers 11 ans, il commence à s’écraser des mégots sur les bras.

Et puis il y a Sky. Tout n’est pas tout rose pour elle non plus, mais elle apporte un souffle bienvenu. Et puis il y a Mamie (qui ne veut pas qu’on l’appelle mamie, elle est trop jeune, penses-tu, elle a eu sa fille à seize ans). Ce n’est pas le génie de la lampe, mais pas loin non plus.

Alors comment en est-on arrivé là ? « Là », c’est presque la scène d’ouverture.  « Là », c’est le Jour J, l’instant T, où du sang coule sur un tapis. Lire la suite

JAN, de Claudine Desmarteau (2016)

Dîtes bonjour à Antoine Doinel au féminin. Jan, c’est le cancre attachant qui se débat dans une vie de famille « dysfonctionnelle », raconte des bobards, embrouille tout le monde (mais pas très bien), et se retrouve à rêver d’une issue magique pour échapper à tous les problèmes qui lui tombent sur la tête.

jan claudine desmarteau thierry magnierJanis n’aime pas son prénom depuis qu’un camarade de récré mal embouché l’a fait rimé avec « pisse » (elle l’a fait taire en lui chatouillant les rotules). Du coup, elle s’appelle Jan, et faut pas lui chercher des noises. C’est une gamine à fort caractère. Mais il n’empêche que ces gamins-là, ils sont fragiles, tout keuss, tout riquiqui, face aux engueulades de leurs parents, et chaque fois que son père rentre un peu plus saoul, et que sa mère désespère un peu plus fort, Janis encaisse. Heureusement, il y a son petit frère qui, comme une bouée de sauvetage, lui offre une âme à sauver, et lui donne la force de lever le menton. Et puis, il y a ses copains, son chouette prof de français, et les bonbons mangés à la sortie de l’école. Tout ne va pas si mal… Lire la suite

Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle, d’Hervé Giraud (2016)

J’avais découvert la plume de Hervé Giraud dans Prends ta pelle et ton seau et va jouer dans les sables mouvants, un livre :

  1. au titre si délirant que, forcément, tu es curieux ;prends ta pelle et ton seau et va jouer dans les sables mouvants
  2. complètement barré, servi par un humour très imagé et décalé ;
  3. plein d’optimisme, sur fond de toile sociale râpeuse, mais colorée.

Aussi, à la sortie de son nouveau roman ado, je ne me suis pas trop laissée prier : j’ai mordu dedans à pleine dents. Je peux remercier Soazig, l’éditrice Littérature de chez Thierry Magnier, pour sa confiance (et Hervé Giraud himself pour sa bonne humeur constante ; Hervé, tmtc).

L’Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle, ça parle de quoi ?

herve giraud thierry magnier histoier du garcon qui courait apres son chien qui courait apres sa balleD’un adolescent de quatorze ans, lunaire et maladroit, qui nous parle à la première personne pour nous aspirer dans son univers unique et coloré. Cet univers, il le partage avec Cali, sa sœur jumelle. Ils ont leurs secrets, leurs rituels… et leur chien, Rubens, un vieux dalmatien hyperactif. Puis Cali tombe malade, et le chien fugue.

L’univers est sans dessus-dessous, et ça s’est fait si soudainement, si doucement… c’est si gentiment cruel ; que faire ? Le protagoniste, porté par la conviction que, s’il retrouve Rubens, il retrouvera Cali, part en quête de son vieux chien, qui a suivi sa balle rouge, emportée par le courant. D’étape en étape dans cette recherche de plus en plus délirante, de fantaisie intime en prière silencieuse, le narrateur insuffle la vie au récit, une vie foisonnante et magique.

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Fans de la vie impossible, Kate Scelsa (2016)

J’ai un peu repoussé cette chronique pour cause d’avis changeant ; pourtant, j’ai beaucoup de choses précises à dire au sujet de ce curieux et fascinant roman.

De quoi s’agit-il ? C’es l’histoire d’un garçon et une fille et un garçon. Minute. Ça me rappelle un truc…

triangle amoureux

On retrouve les mêmes archétypes. Aïe aïe aïe, ça s’engage mal ! MAIS NON. La force de ce roman, c’est qu’il ne s’agit pas d’une dynamique classique, où la fille doit choisir entre les deux garçons. C’est un triangle où tout le monde s’aime (un vrai triangle, quoi), et où personne ne fait vraiment de choix.

Maintenant que j’ai votre attention… Lire la suite

Dans le désordre, de Marion Brunet (2016)

Dans le désordre, de Marion Brunet, est l’un de ces rares romans jeunesse qui m’aura emportée hors du monde pour m’y ramener plus ancrée, présente, consciente.

dans le desordre marion brunetL’histoire s’ouvre sur une scène de guerre, non, de manifestation. Alors que la foule s’agite, que les forces de l’ordre commencent à forcer l’ordre, Jeanne aperçoit Basile au creux de la houle. Basile et ses mains qui dansent, son air de voler au-dessus de tout. La manif dégénère, certains sont embarqués, d’autres un peu cabossés, et Jeanne, tremblante, se retrouve avec quelques autres mordus de la vie à débriefer autour d’un café. Lire la suite

Les petites reines, de Clémentine Beauvais (2015)

La petite reine, c’est le joli titre de la bicyclette. Mais aussi, désormais, celui de la brillante Clémentine Beauvais. Pourquoi ? Parce que son dernier roman déchire. Drôlissime et percutant, positif sans jamais s’engloutir dans le niais, et superbement emballé dans une couverture ultra-efficace par des gens bien de chez Sarbacane, ce livre est une fine bulle de champagne.

Clémentine Beauvais-la-petite-reine, aussi, sarbacane les petites reines au cinémaparce que sa dernière œuvre a été achetée pour le cinéma. Consécration ! En ces temps d’étonnante consommation littéraire jumelée au box-office, une adaptation cinématographique, c’est un carton de librairie quasi assuré. Alors, hourra, mille fois hourra, pour ce délicieux petit roman inattendu, qui m’a fait rire comme une enfant, et pendant la lecture duquel je me suis sentie tour à tour femme et adolescente, avec un ultime bonheur. Lire la suite