Lady Helen 2. Le Pacte des Mauvais Jours, d’Alison Goodman (Gallimard Jeunesse 2017)

Article par Bloup

Lady Helen est de retour ! Après notre chronique à quatre mains du tome 1 et notre passionnante rencontre avec l’auteure, venez découvrir mon avis sur ce deuxième tome !

Après son départ précipité de la maison de son oncle, Lady Helen passe l’été dans la ville balnéaire de Brighton sous le chaperonnage de Lady Margaret Ridgewell et de son frère, Lord Hammond. Petit repos bien mérité au bord de la mer ? Que nenni ! Le séjour n’est qu’un prétexte pour que lord Carlston enseigne à Helen les bases de son rôle de Vigilante… et comment y survivre !

Officiellement intégrée au Club des Mauvais Jours (le club très fermé et ultra-secret qui pourchasse les vilains Abuseurs), Helen ne tarde pas à en voir les travers hiérarchiques  : M. Pike, à la tête du Club lui confie une mission dans le dos de Carlston : retrouver le journal de Benchley (le méchant du tome 1) contenant de précieuses et dangereuses informations…

Cette recherche la mènera à mentir, se travestir en homme, pénétrer dans des maisons closes… et bien sûr, croiser la route d’Abuseurs dont elle devra botter les fesses !

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Comme pour la première chronique, faisons un petit tour des plus et des moins de la suite des aventures d’Helen et des garçons :

LES « PLUS »

  1. On entre enfin dans le vif du sujet

C’était l’un des principaux travers du tome 1 : un rythme trop lent au début, tiraillé entre plusieurs genres susceptibles de perdre le lecteur. Après notre interview avec Alison Goodman, nous avons compris que l’objectif de ce rythme était de mieux comprendre le sentiment d’emprisonnement d’Helen, et donc de mieux suivre sa libération et prise progressive de pouvoir… Choix d’auteure tout à fait recevable, mais on est quand même content que le rythme ait changé pour le tome 2 !

  1. Les personnages secondaires sont davantage approfondis

Maintenant qu’ils ont été bien introduits dans le tome précédent, on en apprend davantage sur lady Margaret, Hammond, Quinn… La palme de l’attachement revient à Darby, super suivante, amie, conseillère, revers dynamique d’une Helen souvent perdue.

Surprise, un personnage plutôt tertiaire que secondaire dans le tome 1 revient avec beaucoup d’importance : Délia, l’amie d’Helen rejetée par la société pour s’être enfuie avec son amant. Personnage plutôt intéressant, c’est l’un des seuls qui n’est pas, à mon sens, aussi approfondis que les autres. On peut se demander à quoi Délia va « réellement servir », même si j’ai ma petite idée, et ma théorie pour l’instant est que la réintroduction de Délia permet à Helen (et donc au lecteur) de ne pas oublier d’où elle vient, de faire ainsi le lien entre sa nouvelle vie et l’ancienne et de comprendre pourquoi notre héroïne a un regain d’intérêt pour Selburn dès que Carlston a le dos tourné (parce que, franchement, on se demande vraiment pourquoi).

  1. Des détails historiques mieux maîtrisés

OUI, il y en a encore beaucoup. Beaucoup beaucoup. Mais, question d’habitude peut-être, ils paraissent mieux adaptés à l’histoire : stylistiquement ces petites anecdotes sont plus fluides, des petits grain de sel par-ci par là pour un plat au final très bien assaisonné (alors qu’on avait malencontreusement fait tomber la salière dans la casserole pour la cuisson du T1).

Mieux adaptées dans l’histoire aussi : on va retrouver des petits bouts de la grande Histoire au service de l’intrigue, avec des scènes plus pertinentes pour la narration. On retiendra par exemple une scène de bain de mer plutôt cocasse et la présence du comte d’Antraigues, personnage réel (et totalement OUF dans son genre) adapté pour la fiction.

(Pour un max de fun à ce propos, lire notre interview d’Alison Goodman !)

  1. Le développement du monde des Abuseurs

Le personnage du comte D’Antraigues, justement (admirez la transition), permet de poser un orteil dans le monde et le point de vue des Abuseurs. L’univers créé par l’auteure se dévoile peu à peu, enseignant surtout au lecteur que rien n’est tout blanc ou tout noir (à l’image de Carlston, toujours plus mystérieux, toujours plus détraqué, de moins en moins Darcy).

LES « MOINS »

  1. Helen, tête à claques

Bien que Helen représente une libération (lente et laborieuse) de la femme face à l’oppression de la tradition, c’est toujours une tête à claques (alors que les personnages secondaires sont à l’inverse de plus en plus attachants, Darby et Hammond en tête).

Elle prend TOUTES les mauvaises décisions possibles !…

# réaction *à chaque fois*

— surtout pour des lecteurs modernes qui souhaiteraient la voir s’affirmer pour de bon et prendre enfin la place qui est la sienne dans ce monde. Frustration intense, mais le ton est donné : on reste dans un roman qui se veut (aussi) historique, et donc, autant que possible, authentique pour la société de cette époque. (Une femme forte et indépendante ? Mais pourquoi faire ?)

  1. Une dernière page prévisible mais qui donne envie de hurler.

Evidemment je ne vais pas spoiler. Et même si tout  le laissait présager… MAIS NON QUOI !  NONONONONON

Conclusion

Ce tome 2 permet donc de plonger plus profondément dans le monde très riche créé par Alison Goodman : alors que, dans le tome 1, on nageouillait à la surface, nous voici, petits lecteurs, habillés d’un scaphandre dernier cri avec lampe frontale pour découvrir les  courants sous-jacents, un peu de faune translucide et quelques bateaux naufragés (espérons que le tome 3 nous fournisse un sous-marin explorateur des moindres ruisseaux océaniques de cet univers !)

# paye ta métaphore filée jusque dans les illustrations, ça c’est de la street-cred, mes mignons

Avec ses personnages attachants, ses thèmes très humains et une rédaction plus fluide, je le déclare donc meilleur que le premier ! Petit bonus : la toute fin procure au lecteur l’immense besoin de sauter dans une machine à voyager dans le temps (DeLorean, TARDIS, j’ai tout essayé) pour lire le 3e tome et vérifier que… Enfin bref, vous verrez.

Bonne lecture,

Bloup

5 réflexions sur “Lady Helen 2. Le Pacte des Mauvais Jours, d’Alison Goodman (Gallimard Jeunesse 2017)

  1. Moi aussi j’ai trouvé le tome 2 meilleur ! Ta chronique est super, je suis d’accord avec tout ce que tu dis ! J’aime aussi beaucoup la façon dont le personnage de Darby évolu. Par contre je suis comme Helen, j’hésite entre Carlston et Selburn ^^
    Et étonnamment je ne me souviens pas de la dernière page, juste que ça m’a donné envie de hurler XD

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      • Ahah ^^ Selburn est tellement attentionné et dévoué, il a des manières élégantes. Ça réveille mon côté princesse ^^
        J’ai aussi hâte de lire le tome 3 ! Toutes ces séries où il faut attendre la suite… ça rend dingue !

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    • #PourLeSavoirIlFautSeRuerSurLeBouquin :p
      C’est chouette si l’article a donné envie de lire la série ! Le tome 2 montre davantage toute la richesse de l’univers donc il faut peut-être s’accrocher un peu pour le T1… Bon, et puis mon envie de hurler est toute subjective, hein, mais disons que l’autrice a su épicer de suspens les dernières pages sur un fait en particulier, et cela donne grande envie d’ouvrir le bocal à épices pour y chercher la suite à grands coups de louche… un petit cliffhanger digne de nos séries TV préférées 😉

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