C’est le 1er, je balance tout (#15, avril 2018)

Quinzième édition de ce  rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l’adopter, il ne mord pas.

Le principe ? Quatre trucs à balancer !

  1. Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois dernier
  2. Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier
  3. Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire)
  4. Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier

Aujourd’hui, 1er avril, j’ai 3 mois de retard dans mon bilan, aussi, préparez-vous pour le

SUPER
FAT

BANCO

Pour vous uniquement aujourd’hui, offre spéciale, un bon gros « 3 pour 1 » digne du Black friday.

Sur ces 3 mois, j’ai lu 56 livresn dont plusieurs qui se lisaient en 10-20 minutes et viennent donc gonfler ces stats de façon tout à fait malhonnête, mais who cares ?

Dans le lot, nous avons ces 23 BD :

 

Ces 28 romans :

 

Et ces 5 ouvrages de poésie :

 

Je ne vais ÉVIDEMMENT pas pouvoir entrer autant dans le détail qu’à l’ordinaire. Aussi, si je passe trop vite sur un titre qui vous interpelle, n’hésitez pas à me demander des précisions en commentaire, ici ou sur Facebook — ou par message privé pour ceux d’entre vous qui on été traumatisés par le système scolaire et ont peur de poser des questions en public (ceci n’est pas une blague). C’est parti pour les…

1) TOP & FLOP !

Trois mois, ça permet de prendre un peu de recul. Gardé-je des coups de cœur absolu parmi cette éclectique sélection ci-dessus ? Oui !

TOP (6)

 

Ceux-ci sont des lectures vraiment marquantes, puissantes, qui m’habitent encore et m’ont non seulement offert une superbe expérience de lecture mais, au-delà, ont chacun à leur façon bousculé affiné, questionné mon rapport à la littérature (et j’aime bien ça).

Je vais comme à mon habitude procéder à la remise des prix par catégorie, car nous sommes des animaux d’habitudes, et je ne voudrais pas vous dérouter, surtout si, comme moi, vous aimez lire en diagonale, zioum, en rebondissant ici et là sur un mot en gras ou un gif marrant qui vous fait remonter trois lignes plus haut pour comprendre la blague — c’est plus facile de diagonaliser sereinement quand on connaît déjà le chemin, et donc, place aux catégories.

Catégorie « Météore »
(Aussi connue sous le nom de « Épique, puissant, inéluctable »)

Lauréat :

Challengers :

 

  • Martin Eden, de Jack London (VO 1909)

Martin Eden prend à rebrousse-poil les attentes de l’époque, et donc les miennes. Il est, dans le fond, d’une modernité exténuante ; j’ai la sensation de m’être battue contre la société avec le personnage principal, et ce pendant 500 pages : j’en suis ressortie lessivée, bleuie, sonnée, avec des oiseaux format toons qui me voletaient autour de la tête.

C’est l’histoire d’un jeune marin bourru aux larges épaules qui, tout à fait par hasard se retrouve un jour dans un salon cossu et délicat, où il tombe amoureux d’une bourgeoise qui lui parle littérature.

Tout est joué. Car ce n’est pas tant elle qui l’a ému que la culture dont elle est nourrie, à vrai dire : Martin est tombé amoureux de l’art. Prenant bientôt conscience de sa rusticité, de la violence de son langage, de sa grammaire décousue, de ses pantalons pochés, de sa démarche chaloupée, il entreprend de s’éduquer afin de pouvoir prétendre à la beauté. Roman entièrement construit sur les fossés culturels de l’époque (faciles à transposer en d’autres temps, d’autres lieux) et la fascination presque physique que le protagoniste entretient pour la littérature, Martin Eden est un long et intime combat, une épopée sociale à la trajectoire de météore, une passion violente à la Million Dollar Baby.

Le truc contrariant ?

Pour lire d’autres avis sur Martin Eden, je vous recommande les chroniques passionnées de Nina se livre (sur son blog) et de Lemon June (en vidéo).

C’est toujours étonnant et drôle quand, par un hasard fait de bouche à oreille et de circonstances croisées et improbables, tout le monde se retrouve à lire le même livre en même temps et à en parler sur la toile. Surtout quand le livre en question date de 1909.

Peut-être y a-t-il une explication toute simple du type « Mais siii tu sais y a la star là qu’a fait un tweet sur Martin Eden ! » (auquel cas j’ai raté ça) mais je crois aussi que cette redécouverte amoureuse de Jack London révèle, en filigrane, des petites choses pas anodines sur notre génération, comme :

  • une volonté de « vrai »,
  • un vif intérêt pour les écarts sociaux qui se traduit par un attrait pour les histoires mettant en scène la classe ouvrière ou les outsiders,
  • un attrait pour les narrations puissantes, les aventures à l’ancienne, les grands espaces et la campagne,
  • une tendance au « retour à la terre »…

« No shit, Sherlock. », me direz-vous.

Pas de shit, mon gros Watson, je sors de désintox.

  • Serena, d’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg (adapté du roman de Ron Rash) (Sarbacane, 2018)

J’ai déjà parlé du roman Serena, lu il y a quelques mois. C’est une histoire de dingue ; celle d’une femme puissante, froide et fascinante, qui impose sa loi dans les exploitations forestières des Smoky Mountains dans les années 30, dévorant la forêt comme un feu fou, et emportant impitoyablement un grand nombre d’hommes dans sa folie dévastatrice. Un thriller presque intime et pourtant vaste et tendu comme un ciel d’orage, superbement adapté en roman graphique par Pandolfo (au texte) et Risbjerg (au dessin).

 

  • Les enfants du temps qui vient, de Gaia Guasti (Thierry Magnier, 2018)

Les enfants du temps qui vient, c’est le nouveau Petite Poche de Gaia Guasti, après Lettres d’un mauvais élève, dont je vous ai déjà parlé le mois précédent (ET dans ce TOP 5 « Petits mais costauds« ). C’est un texte très court au style épatant, situé à la préhistoire, qui :

  1. m’a rappelé l’époque où je dévorais les Jean M. Auel ; (Question : est-ce que c’était horriblement mauvais, cette série ? j’en garde un souvenir ravi, mais j’avais 11 ans, et l’héroïne était totalement une Mary Sue. Je crois que je n’oserai jamais remettre le nez dedans.)
  2. m’a fait noter dans mon carnet : Lire tous les Gaia Guasti.

Parce que ça fait plusieurs fois d’affilée qu’elle m’impressionne, en fait. Donc allons-y gaiement ! Voici les titres de sa bibliographie qui me font de l’œil, et que j’ai déjà commencé à attaquer :

*

Catégorie « J’ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal »
(Aussi connue sous le nom de « Joli et badant, mais plus joli que badant »)

Lauréat :

Challengers
(PURE SÉLECTION DE QUALITÉ CE MOIS-CI ATTENTION,
hot hot recommandations) :

 

  • Louis parmi les spectres, d’Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque, 2013)

Oh la la comme c’est BEAU !! J’avais déjà partagé mon coup de cœur lacrymal et intersidéral pour Jane le renard et moi (dans le « C’est le premier » de novembre) mais j’ai été à nouveau saisie par le texte de Fanny Britt, si émouvant par sa voix d’enfant (à la fois admirablement sentie mais jamais tout à fait authentique non plus, heurtée et travaillée), si original par son style (pétri de décalages poétiques et de québéquismes délicieux), et surtout, je trouve son mariage avec les illustrations lumineuses et faussement brouillonnes d’Isabelle Arsenault PARFAIT. D’une délicatesse et d’une sensibilité poignante.

Ces deux autrice-illustratrice parviennent chaque fois à prendre mon cœur entre leurs petits doigts et à le pincer doucement, jusqu’à ce point rupture, tu sais, où tu as juste un peu mal et un filet de larmes s’écoule en toi — ce point de bascule où tu n’as plus qu’à serrer le livre contre ta poitrine parce que les mots manquent et que rien d’autre n’exprime réellement cette émotion de satisfaction un tantinet maso d’avoir ressenti une belle douleur.

# Le feeling à la lecture.

  • Excusez-moi de vous déranger, de Killian Provost (Éditions Fatrasies, 2018)

Nouvelle versifiée percutante au format minus de Matin Brun, Excusez-moi de vous déranger a une résonance sociale aussi vaste, bien que plus intime, plus cruciale. Le style trouve le parfait équilibre entre rythmique poétique et authenticité d’une oralité hésitante, touchante, heurtée. La nouvelle s’ouvre sur :

Sobre et émouvant, c’est un texte que j’ai plusieurs fois entendu lu à voix haute et qui chaque fois a soulevé les poitrines, creusé les cœurs et brouillé les regards — une fois même, une dame a pleuré. La vérité.

Publié chez un tout petit éditeur, ce texte vaut vraiment  le détour, parce qu’en plus de vous humidifier la pupille, il vous offre la possibilité précieuse de soutenir la poésie indépendante (à peu de frais, puisqu’il est à 2,50€).

  • Je, d’un accident ou d’amour, de Loïc Demey (Cheyne, 2014)

Je, d’un accident ou d’amour est un poème narratif de quelques pages, découpé en 16 minuscules chapitres à déguster. Il ne contient aucun verbe, comme si ceux-ci avaient explosé suite à une frappe chirurgicale, et que la langue avait dû se réorganiser sans eux.

C’est l’histoire d’une rencontre amoureuse et de la tête à l’envers que ça fait.

J’ai tellement adoré cette lecture. Ça m’a papillons dans le ventre, ça m’a frissons douillets.

Ça m’a donné envie de lire et écrire de la poésie encore.

  • We Come Apart, de Sarah Crossan et Brian Conaghan (VO 2017)

 

J’avais déjà lu Apple and Rain, The Weight of Water et Inséparables ; We Come Appart réconcilie ce que j’ai préféré de The Weight of Water et Apple and Rain, c’est à dire :

  • des thèmes forts et chers à l’autrice :
    • celui de l’immigration, avec un ado venu d’Europe de l’Est qui cherche à trouver sa place dans ce nouveau pays et craint de devoir retourner dans ce qui est de moins en moins « chez lui » ;
    • l’esquisse arrachée d’une vie de famille impossible à maîtriser ;
    • la drôle de tension qui existe au collège-lycée british dans ces amitiés toujours un peu concurrentielles et au bord du harcèlement ;
  • un style poétique juste et tenu, plus travaillé à mes yeux que dans Inséparables (qui m’avait un peu déçue à cet égard) ; il apporte véritablement un ton et un rythme au roman, qui servent son propos. Ici, on alterne les voix des deux héros, une jeune anglaise rebelle qui vit des trucs pas cool à la maison, et un jeune immigré à l’optimisme indémontable qui vit ses propres batailles.

Mais le bonus de ce roman-ci, c’est que c’est une histoire d’amour. Elle semble toute écrite toute tracée et je préfère vous avertir que non, pas. Sa trajectoire attendue de roman YA décolle soudain vers la fin comme si on lui avait greffé un moteur de fusée, et certes, ce n’est pas parfaitement équilibré en termes de construction narrative, mais c’est très réussi en termes d’investissement du lecteur, et j’adore ce que ça raconte.

*

Catégorie « Je ne voulais pas les quitter, et leurs voix résonnent encore »

Lauréat :

Challengers :

 

  • Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, de Howard Buten (Seuil, 1981)

J’ai lu ce roman pour la première fois quand j’avais onze ou douze ans, parce qu’il y avait un enfant sur la couverture et qu’à l’époque, ça me semblait évident que c’était forcément un livre pour enfants.

En fait, non.

Après avoir un peu bataillé pour m’adapter…

… j’ai plongé corps et âme dans ce roman et en ai gardé un souvenir si intense que presque vingt ans plus tard, il m’en restait des pans entiers. Mais lorsque j’ai voulu le recommander à mon copain récemment, bizarrement, il n’a pas été séduit par mon pitch pourtant habile :

« C’est un petit garçon de huit ans qui est amoureux très fort d’une petite fille de huit ans, ils font l’amour un peu par accident, et il va à l’hôpital pour enfants, jugé coupable comme sa copine et jugée victime. Le petit gars, on l’accuse de viol et c’est une vaste arnaque, mais je te jure, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est l’enfance. Et, genre, l’imagination. »

Comment a-t-il pu refuser de se lancer dans une histoire de viol prépubère, ça me dépasse ; ce garçon manque cruellement de fantaisie.

Mais du coup, j’ai voulu le relire pour :

  1. vérifier que c’était bien (parce qu’après tout, j’avais onze ans) ;
  2. pouvoir le pitcher mieux.

Résultat :

  1. C’est incroyable. C’est THE exemple littéraire de la voix d’enfant réussie, qui mélange naïveté attendue et vocabulaire adulte incongru (comme font les vrais enfants qui répètent les mots entendus), qui saute du coq à l’âne dans la narration (comme font les vrais enfants qui te racontent leur journée d’école en dents de scie, sponsorisées par la schizophrénie), qui se saisit d’images et d’histoires inventées et les vit en direct sur le chemin de l’école, dans sa chambre à coucher, ou en attendant son copain sur le palier, sans avoir besoin de t’introduire la séquence de ciné intérieur par « Je me mis à rêvasser », non, BIM, un singe saute du platane et se perche sur ton épaule et te dit que les gangsters sont arrivés.
  2. Du coup j’ai retravaillé mon résumé : « C’est un petit garçon de huit ans qui est amoureux très fort d’une petite fille de huit ans, ils font un truc répréhensible, ce qui crée un drama compliqué, mais je te jure, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est l’enfance. Et, genre, l’imagination. »

Voilà, hop. Ni vu ni connu j’t’embrouille. Où ça des zizi et des zézettes ? Pas chez moi, ouhlà non.

  • Shorba, l’appel de la révolte, de Gaspard Flamant (Sarbacane, 2018)

Shorba est le surnom du héros et narrateur du roman, un clampin ces cités qui zone à l’entrée du centre commercial avec ses poto — pas un vrai caïd, pas un demi-thug, pas même un demi-quoi que ce soit, juste un gamin qui a décroché le brevet et a le vague sentiment qu’il ne décrochera plus rien. Quand un jour débaroule un hippie bouseux aux larges épaules et au sourire contagieux qui va prendre Shorba et ses copains sous son aile et leur faire prendre conscience de leur place dans le monde. Son éveil politique, social, et personnel, Shorba va tout vers en même temps, dans un vrac sincère et souvent hilarant.

Histoire d’un gamin qui sort de son quartier et s’ouvre au monde ; Shorba est un roman d’apprentissage porté par un souffle, un élan heureux et généreux comme une course pour sauter dans l’étang. Aucune dimension didactique dans ce parcours d’aventure. Et, surtout, une narration tissée d’or qui m’a instantanément rendu le héros 100% attachant : sa voix bitumée matinée d’arabe et d’anglais, blindée de verlan de guingois, de dialecte de lycée, de jokes pas si private et ce ton à la fois candide et moqueur nous collent un sourire qui ne nous lâche jamais.

SHORBA (# l’odieuse stratégie du sourire irrésistible)

  • Les quatre gars, de Claire Renaud (Sarbacane, 2018)

La famille des Quatre gars, c’est d’abord le père, un taiseux grognon qui embrasse comme une armoire normande (pas souvent, et quand tu essaies, tu te fais des bleus), un Jean-Pierre Bacri qui aboie entre le fromage et le dessert et quitte la cuisine en claquant la porte. Le deuxième larron, qui lui aussi en tient une couche, c’est le grand-frère, Yves, un kéké des plages qui soulève de la fonte pour emballer les filles, pas si bête, mais pas très fin, et aux bras trop musclés, aux mots trop moqueurs, pour la douceur. Le troisième gars, c’est le papy, un petit vieux malin rempli d’un chagrin qui s’est allégé avec le temps, un romantique qui se dit en regardant ses butors avaler la pitance sans un mot au petit-déjeuner, que les choses peuvent encore changer. Et les quatre gars, enfin, c’est Louis, le kid, le narrateur. Un môme de dix ans un peu trop sensible pour ce champ de mines familial, un gamin qui au fond, ne rêve que d’un peu de tendresse.

Je ne vous pitche pas l’histoire car elle est finalement commune à celle de toutes ces familles cassées qui se recollent malhabilement dans les téléfilms : on rit, on espère, on pleure, on soupire… La vraie force des Quatre gars, c’est :

  1. La voix du petit Louis — ça se joue sur le fil, sur un rien, une vraie voix de gamin ;
  2. Ce microcosme de personnages si branques, malfoutus, têtes-à-claques, qu’ils en deviennent terriblement attachants.

Porté par une plume habile et joyeuse, c’est un roman cocon, de ceux qu’on n’a pas envie de quitter à la fin.

  • Ma reine, de Jean-Baptiste Andréa (L’inconoclaste, 2017)

Ma reine, c’est la caution Forrest Gump. Vous avez un gamin attardé dont on dit que « son cerveau est trop petit pour sa tête » mais pour qui au contraire c’est le monde qui est trop vaste pour s’y déverser sans s’embouteiller. Shell, le narrateur, est un kid à la voix unique, attachante. Il vit au milieu de rien dans la station essence de ses parents, et fugue un jour pour prouver sa valeur à on ne sait qui. Dans sa fuite, il rencontre une gamine, une vacancière. Celle qui devient sa reine.

Ça m’a tellement rappelé les scènes d’enfance de Forrest Gump !

Instantané aux teintes brûlées d’un été intense figé dans le temps, Ma reine est en équilibre au bord de l’enfance.

Le mini-hic : quelque part, c’est sans surprise. J’entends par là que le ton est juste, le personnage terriblement bien campé, le décor évocateur, mais dès le premier tableau, en un sens, on a vu toute la pièce. You feel me ? Génial dès le début, et bien tenu, mais un peu lisse.

  • Toutes les BD de Max de Radiguès mais notamment Frangins et Simon & Louise

Max de Radiguès est un spécialiste de la BD ado — cet âge où les lecteurs se mettent au manga, MÉCHANT DOBBY, reviens ici !! La BD c’est bien aussi — que disais-je avant cet accès de violence orale dirigée contre mon hallogène ? Les mangas, ah oui, j’ai bien connu ça, dans ma jeunesse. Mais pourquoi délaisser ainsi la gentille BD en couleurs ? Spèce d’idiote. (Elle parle à son moi du passé.)

Max de Radiguès est très fin sur les émotions adolescentes (celles, donc, que toi et moi qui sommes adultes, connaissons encore, par picotis, souvent, et par vertiges, parfois) : il sait mettre le trait parfait sur un geste, une moue, et brosser avec justesse et tendresse les émois et tensions d’adolescents. Sans jamais les diminuer ni les sublimer — il y met juste ce qu’il faut.

Juste une pincée de sel

*

Catégorie « Girafe »
(Aussi connue sous le nom de « Beau et perché »)

Lauréat :

Challenger :

  • Si une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino (VO 1979, VF Seuil 1981)

Je me relance cette année le Défi 12 mois, 12 amis, 12 livres que je m’étais lancée l’an dernier et que je vais tenir cette année, nom didiou (je reviendrai vous en parler), et Si une nuit d’hiver un voyageur a été ma lecture de janvier.

Lorsque j’ai acheté ce livre, le libraire a secoué la tête d’un air flou en posant la main sur son cœur, puis sur le comptoir, puis à nouveau sur son cœur, et m’a zieutée sans oser croiser mon regard.

Lui : Ah, Calvino…
Moi : Vous aimez ? (No shit, Sherlock *bis*)
Lui : Vous savez,
(Il a dit « Vous savez, » avec une virgule, mais n’a pas continué.
C’est très différent des points de suspension.)

Lui : Disons qu’il y a certains livres qui vous font penser…
« Ah, la littérature peut faire ça. »

On me vend rarement aussi bien un livre ; autant te dire que sitôt sortie :

Que dire ? C’est tout à fait surprenant. Durant les premières pages, je pensais même « C’est incroyable » et j’avais envie de lire le texte à mon voisin de métro — « Non mais lis ça ! Mais lis ça ! » — mais comme je n’aime pas que des inconnus m’incluent dans leurs délires pendant que je fais usage des transports publics, pour des raisons cumulables de promiscuité, d’haleine, de danger et de gêne, j’ai rongé mon frein jusqu’à retrouver mon compagnon de canapé qui, lui, a signé pour être la victime consentante de mes délires ad vitam, cet ingénu, et lui ai tenu à peu de choses près le discours suivant, que je remets dans l’ordre pour vous parce que je suis sympa :

C’est inattendu, drôle, faussement naïf, et surtout d’une habileté époustouflante dans la gestion du méta et la complicité établie avec le lecteur. Pour le plaisir de raconter, Calvino développe un vrai jeu narratif, où chaque chapitre constitue le début d’un nouveau roman, interrompu juste au moment où tu te hang au bord du cliff nespa, et tu es constamment en train de retenir un éclat de rire d’être si bien retourné comme une crêpe par cet auteur qui se joue, non pas de toi, mais avec toi, de tes attentes littéraires. Alors oui, comme disait le libraire, un tel livre, si libre, te donne la sensation que tout est possible.

J’ajouterais que ça fait plaisir de lire des gens érudits qui s’amusent avec la littérature sans être pour autant dans un entre-soi moisi.

  • Proxima du Centaure, de Claire Castillon (Flammarion Jeunesse, 2018)

Ce livre est inracontable, et quand je tente de le pitcher, je fais fuir mon auditoire comme si j’annonçais un meeting politique sur le cours de la passoire.

Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’un roman de science-fiction, contrairement à ce que le titre ET le visuel de couverture laissent présager, ne me lancez pas sur le sujet, le packaging est complètement raté. BAD, BAD COVER, va au coin et réfléchis à ce que tu as fait.

Mais alors, si c’est pas un livre de SF…

Non plus, enfin, pas vraiment. Arf.

C’est l’histoire d’un garçon (Wilco) qui est amoureux (très), et tombe de sa fenêtre (fort) jusque dans un lit d’hôpital (froid). Il y reste tétra. Et il reste amoureux. Je ne peux vous dire que ça.

Proxima du Centaure est porté par un style laxe, poétique et élégant, qui fait péter les verrous de plusieurs conventions narratives de façon libérale et jolie, flirte avec le réaliste magique, et propose une esquisse intime et romantique du petit bout d’humanité satellitaire à Wilco, garçons et filles, famille et amis. C’est TRÈS beau, je suis TRÈS incomprise quand j’en échange avec des amis ; de l’aide SVP.

*

Catégorie « Du pur fun en Petits Filous tub’s »
(Aussi connue sous le nom de « Quand je lis certains livres j’aimerais tellement avoir à nouveau 9 ans »)

Lauréat

Challengers :

 

 

  • Les fantômes d’Achille Plume, de Katherine et Florian Ferrier (Sarbacane, 2018)

Les fantômes d’Achille Plume, c’est un roman d’aventure à la fois survolté et minutieux, tête-brûlée et ouvragé. C’est l’histoire d’Achille, petit gars à lunettes maigrichon mais courageux, qui a le don singulier de voir les fantômes (et donc de parler tout seul, ce qui n’aide pas pour se faire des copains, surtout quand on est déjà roux et binoclard). Il s’est lancé dans la grande entreprise de libérer les fantômes prisonniers d’objets, et arpente pour cela les brocantes et vide-greniers, armé de son détecteur de fantôme façon Ghost busters. L’univers des fantômes ainsi déployé donne lieu à une fantaisie charmante et drôle, et à une invention langagière vraiment croustillante, que je ne peux que vous laisser découvrir. Tout va pour le mieux, JUSQU’AU MOMENT OÙ un méchant fantôme apparaît, et Achille doit plonger dans le monde souterrain des fantômes, véritable univers parallèle.

C’est là que le roman bascule véritablement dans l’imaginaire enfantin dans tout ce qu’il a de plus jouissif, et suscite les grands sourires qui me viennent quand je relis Harry Potter ou revois Jumanji . Pourquoi c’est si chouette ? Parce que que c’est excitant, énorme, invraisemblable, dingue, démesuré : ce n’est pas Poudlard mais presque, il n’y a pas d’escaliers magiques mais des ascenseurs ; c’est Roald Dahl meets JK Rowling.

– T’en fait pas un peu trop, là ?
– NON. Et je vais te dire pourquoi.

Quand on est grands, on se regarde vivre, parler, marcher — on se mesure, on se retient — tandis qu’enfant, on courrait partout, parce qu’on était encore excités parce qui nous attendait au coin de la rue.

La bonne littérature jeunesse, c’est celle qui sait te faire ressentir à nouveau cette excitation démesurée.

Je dis bien joué.

  • L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde et L’île au trésor, de Robert Louis Stevenson (VO 1886 et 1883 respectivement)

Prise d’une vibe « aventure », j’ai recommencé à grignoter du Jack London et du Stevenson. Je me suis alors rendu compte avec stupeur que j’étais tout à fait passé à côté de leurs romans quand j’avais 8 ans, que c’était vraiment de la confiture aux cochons que de donner ça à des enfants, et qu’il faudrait entamer une campagne de propagande littéraire « De bons livres d’aventure pour les grandes personnes » tellement ça vaut le coup de les lire quand on est grand et intelligent.

Bref, relisez London et Stevenson. Leçon d’art romanesque & pur plaisir de grand huit.

*

DU CÔTÉ DES MEH

  1. Shangri-La, de Mathieu Bablet (Ankama, 2016) : graphiquement sublime, mais alors vraiment poussif et répétitif ; à la page 25 on n’en peut déjà plus du pamphlet discursif, et la BD est interminable. Mais sublime, par contre.
  2. La tendresse des crocodiles, de Fred Bernard (Casterman, 2012)
     : boh, rien à lui reprocher si ce n’est que j’ai l’impression d’avoir lu ça 100 fois. Genre d’autofiction d’aventurière en Afrique au dessin jeté et léger.
  3. Genuine Fraud (Trouble Vérité), de E. Lockhart (VO 2017, Gallimard Jeunesse 2018) : pas mal dans le genre thriller psychologique mais 1) on a un gros problème de rythme et de construction, ça ne devient véritablement intéressant et haletant que dans le dernier tiers ; 2) presque tous les personnages sont antipathiques ; 3) il ne faut pas être à cheval sur les détails, c’est blindé de petites incohérences.
  4. Qui suis-je, de Thomas Gornet (Le Rouergue, 2018) : c’est l’histoire d’un ado qui tombe amoureux d’un autre garçon sans s’en rendre compte, et le point de vue interne du narrateur (le seul à ne pas comprendre ce qui se passe) est assez bien pensé, mais alors 1) ça manque de tripes et de papillons dans le ventre ; 2) j’ai trouvé le style complètement transparent. D’où un certain ennui.
  5. Citrouille, de Sarah Turoche-Dromery (Thierry Magnier, 2018) : beaucoup plus convenu que ce à quoi la collection m’avait habituée, du coup je suis un peu déçue — mais pas forcément par le texte en soi, plutôt par le texte en tant que « Petite Poche ». Does it make sense ?

UN SEUL ÉNORME ÉPOUVANTABLE FLOP

Aïe aïe aïe… J’ai presque live-twitté ce livre à mes amis tant la lecture m’a exaspérée. J’hésite à en faire une critique constructive, mais je me suis déjà collée à l’exercice sur George sur la même question du genre, et on va finir par me prendre pour une maniaco-critique crypto-féministe à tendance snob.

Il y a pour moi plein de problèmes dans ce roman qui, outre les visions du monde un peu puantes qu’il véhicule (selon moi), est d’une incohérence narrative absolue, incarne ses personnages avec une nonchalance bipolaire qui frôle le téléfilm de 1976, et nous sert tous les topos éculés des représentations et relations ados malsaines.

Laissez-moi sortir de ces clichés sexistes !!

Je ne sais pas si je développerai. Je trouve embêtant de ne pas rencontrer sur le net de critique qui soulève les points que j’estime problématiques…

Mais en même temps, la vie est une longue suite de déceptions…

Et comme dit le sage : Si un ennemi t’a fait du mal, assied-toi au bord de la rivière, et un jour tu verras passer son cadavre.

*

Comme d’habitude, la partie TOP & FLOP a été interminable, j’espère que vous vous êtes bien hydratés pendant la lecture. J’envoie la suite :

2) CHRONIQUES D’AILLEURS

Alors, Tom de La Voix du Livre, a publié pendant tout le mois de mars des portraits de femmes créatrices rédigés par des femmes qu’il aime (et souvent aussi créatrices).

C’était un projet superbe, ambitieux et généreux, et ces nombreux portraits m’ont permis de lister de tas de romans, films, pièces de théâtres, essais et poèmes à découvrir. Je vous mets par exemple les lien du portrait de Goliardia Sapienza par Gaia Guasti, que j’aime beaucoup, et celui de Carol Ann Duffy par Julia Lupiot, alias mézigue, mais je vous invite à feuilleter les 31 portraits…

*

3) AILLEURS SUR LE WEB

Cet article étant excessivement long, je vous proposer une vidéo très courte qui a demandé à son auteur un temps et une minutie infinis pour un résultat qui semble d’une futilité démesurée et vous fera sourire quelques instants. Allégorie de ma vie.

*

4) HAPPY NOMBRIL

C’est là que je me rends compte qu’on fait beaucoup de choses en trois mois, quand même. Tellement qu’on n’a rien à dire à la fin, parce que parler d’un truc ce serait le rendre bizarrement plus important que le reste, donc je sais pas.

Attends si en fait, je sais. Je me suis sérieusement remise à l’écriture. Je consacre un maximum de temps à l’avancement d’un projet de roman, ce qui est en grande partie la raison de mon absence du royaume des internets. J’ai une tendance si naturelle au papillonnage à l’intérieur-même de l’activité d’écriture, bondissant d’une idée de texte à l’autre telle une garenne extatique, qu’il est tout à fait déconseillé de me donner accès au world wibe web si l’on veut que je ponde un jour un œuf littéraire de taille raisonnable et pas trop creux non plus. Aussi me suis-je autopunie d’internet comme quand ma mère débranchait le routeur pour m’empêcher de m’épanouir dans les RPG Harry Potter (you monster).

On espère que ça marchera mieux que quand j’étais censée faire mes devoirs.

Le référencement de tous les articles C’est le 1er se fait désormais chez ma géniale complice Charmant Petit Monstre du blog Les Lectures du Monstre. Pour quelle raison ? Pour la raison que je suis une tache, voilà. Je vous invite dans le même mouvement à vous abonner à son blog drôlissime et intelligent.

Beaucoup d’affection dans votre générale direction,

Lupiot

Lupiot Allez Vous Faire Lire

33 réflexions sur “C’est le 1er, je balance tout (#15, avril 2018)

  1. Je suis entièrement d’accord avec toi pour « qui suis-je? » Par contre, je suis surprise que tu n’es pas aimé « les porteurs ». Je pense que c’est Gaëlle qui t’a posé problème. J’avoue qu’au début moi aussi mais une fois que j’ai lu le tome 2, j’ai complètement changé d’avis. Je crois qu’au contraire, l’autrice veut dénoncer la question du genre et dire qu’au final on devrait laisser chacun être comme le le souhaite.

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  2. Ah comme c’est bon de retrouver ta plume ma chère Lupiot !

    Alors je te dis, moi je ne serais pas contre un petit article développé sur les Porteurs (si tu as le temps, l’envie toussa), parce que d’après ce que j’ai vu chez une blogueuse (=> https://labibliothequevolatile.wordpress.com/2017/12/20/les-porteurs-cat-kueva/) ça pue le pâté rance. Et puis un petit coup dans le fion de ce genre d’idées, on n’en a jamais assez.

    Je ne te dis pas, par contre, CIMER pour toutes ces envies de lecture, hein, comme toujours c’est la fête à ma PAL dès que je te lis. Elle boude là.

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      • Coucou, c’est moi l’autrice des articles de défonce de « Les Porteurs » en plus du petit sympa en lien ci-dessus, il y a surtout celui-ci où je déverse ma haine : https://labibliothequevolatile.wordpress.com/2018/01/14/je-nai-pas-aime-les-porteurs-tome-2-gaelle-de-cat-kueva/
        J’ai HORREUR de ce livre IGNOBLE et je suis horrifiée de son existence. Je ne comprends pas pourquoi Internet ne s’enflamme pas en le lisant ! D’ailleurs je me souviens t’avoir envoyé un mail sur Facebook car j’avais besoin d’en parler hahaha. Je suis RAVIE que tu n’ai pas apprécié et franchement, j’en aurai mis ma main a couper. Je savais que tu verrais.

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        • Mais c’était toi !! Je me souviens très bien de ta rage xD

          « Et Théodort, il « dort » parce qu’il n’y voit pas ? C’est quoi cette orthographe du prénom ? » Tu m’as tuée, c’est le détail n°134 qui m’a fait rouler des yeux à la lecture de ce roman.

          Le pb numéro 1 étant l’incohérence totale de cette société sexiste, j’aimerais le souligner. Tu dis que c’est à la limite une excuse au comportement de Matt & co ? Mais pas du tout, c’est LE PB de base du roman. Ça fait plusieurs générations qu’ils sont élevés en hermaphrodites, non genrés, dans une société devenue de fait égalitaire ? Ah bah c’est contredit dès la page 15 par le comportement des ados qui n’ont, je le répète *AUCUNE* *PUTAIN* de *RAISON* de dire qu’untel marche « comme une fille » ou « comme un homme » parce que ça fait DES ! GÉNÉRATIONS ! QU’ILS SONT ! ÉLEVÉS ! EN HERMAPHRODITES !!!!! ÇA. N’A. AUCUN. PUTAIN. DE. SENS. À ce niveau-là de sexisme intériorisé de l’autrice, il faut inventer un nouveau mot de vocabulaire. Un terme scientifique qu’on mettrait dans le tableau de Mendeleiev. Sex°s*m ? Who cares. C’est du cacaboudin qui ne mérite pas tant d’émotion. Mais je comprends l’énervement, oh, oui. Tu verrais l’historique messenger de ma lecture à mes amis…

          Bref. Haut les cœurs, tu n’es pas seule. Désolée de n’avoir pas eu le temps de rédiger une chronique… Mon blog est un peu en sommeil en ce moment, en raison de projets chornophages de malade. Biz !

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          • Tu m’as trop fait rigoler hahaha !
            Après l’autrice est assez claire sur le fait qu’ils sont élevés en « hermaphrodites » mais qu’après il FAUT faire un choix. Du coup c’est pas du tout une utopie de société hyper-égalitaire sur le sujet, c’est une utopie de société qui donne le choix. Pas pareil… C’est débile et nul mais ça peut expliquer les remarques INCESSANTES en mode « il fait ça comme une fille » et « il fait ça comme un homme ». Ils gardent les normes et la binarité du genre car je crois que l’autrice a la prétention de faire exploser tout ça dans le T3. Tome 3 que je lirai bien pour :
            – comprendre où elle veut en venir
            – me marrer
            – me faire un petit ulcère.
            Hinhin. Mais comme je l’achèterai jamais et que j’espère que personne ne l’achètera jamais, compliqué.

            En tout cas ne t’inquiètes pas pour ta critique, prends ton temps, te forces pas. Mais ça sera quand même sûrement trocool quand tu t’y colleras car tous les gens qui lisent ton blog SAURONT.
            Et bons projets alors ! 🙂

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  3. Pingback: C’est le 2 Avril, j’balance tout #15

  4. MERCI Merci merci !!! Encore un grand saut d’eau de justesse dans ma face de lectrice apprentie ! Et, ça, c’est bon (pour le teint déjà et l’esprit). Et allez hop moult découvertes (et quelques coups de coeur en commun comme Louis parmi les spectres…).

    La voix de l’enfant, la voix de l’enfance et sa difficulté à la trouver en soi en tant qu’auteur pour pouvoir mieux la rendre aux lecteurs… ahhh voilà, c’est exactement ce qu’on aime vivre !

    « La bonne littérature jeunesse, c’est celle qui sait te faire ressentir à nouveau cette excitation démesurée. » BIM PAF BLANG ! Voilà !!!!

    Tiens tiens un p’tit pitch qui ma gratouillé la curiosité qui est au dedans de moi : Quand j’avais 5 ans, je l’ai tué… Va falloir que me lance dans cette aventure…

    Et donc, là, comme ça, euh, en cours d’écriture ? (plllffffuiiiittt fuitttt fuiittt je sifflote l’air de rien) (YES YES YES YEEEPEEHYEAH ! Quelle impétueuses impatience !!! zut, ça s’est vu ? Oui bon bah j’suis comme ça voilou… ça va être bon ça kiki…)

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    • Merci à toi Lulu !!

      « Quand j’avais 5 ans je m’ai tué » est une énorme référence pour moi, et je suis tellement contente de l’avoir relu… Il fait partie de ces classiques totalement sous le radar qui méritent d’être connus, pas parce que l’auteur n’a pas eu sa place, son temps, sa visibilité — c’est un mec multifacettes qui l’a eue, sa place — mais parce que c’est un roman qui apporte énormément en termes d’outils littéraires (rythme, vocabulaire, point de vue…), c’est un foutu paysage fantaisiste et dépaysant.

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  5. Même avis pour Les porteurs, qu’il faut à mon avis dénoncer allégrement par ce que c’est limite dangereux comme livre à proposer à des ados…
    Et pour Max de Radiguès, je ne sais pas si tu as lu Orignal qui reste mon chouchou (et quelle claque !).

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    • Je ne pense pas qu’il faille dénoncer ce livre. Ça ferait censure. On en a assez dans la société actuelle. C’est vrai que j’ai adoré mais je l’ai vu comme une dénonciation des clichés du genre. Je pense que chacun le perçoit de manière différente. À l’âge adulte, on ne perçoit plus les choses de la même façon qu’en étant ado. Je pense également qu’il ne faut les prendre pour des idiots. La génération qui vient est bien plus ouverte sur bien des sujets. parfois peut-être trop.

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      • Heu je ne vois pas bien où est la censure là dedans, pour moi ce livre est un gros ramassis de conneries, qui ne dénonce rien du tout, sous couvert de le faire, ce que je trouve dangereux. Perso, j’ai largement dépassé l’adolescence, mais si j’avais lu ce livre pendant cette période, il m’aurait clairement fait du mal, que ce soit par rapport à mon orientation sexuelle ou à mon identité de genre.
        J’ai développé mes arguments sur mon blog (https://biblioqueerblog.wordpress.com/2018/01/24/les-porteurs-t-1-de-c-kueva/) donc je ne vais pas le refaire ici, mais pour moi la société actuelle va plutôt censurer le hors cadre et dans ce livre on a plutôt tendance à retrouver des clichés bien sexistes et hétérosexistes.

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        • Pas obligé d’être aussi dur. J’ai le droit d’apprécier ce livre. Après, je ne suis pas forcément d’accord avec toi mais chacun ses opinions. Je m’arrête là. Je n’avais pas envie de me faire engueuler. Je n’ai rien vu de tout ce que tu dis. C’est ce que beaucoup se dise même si, en lisant le tome 2, les fameux clichés pour la plupart s’envole surtout concernant Flo. Celui-là t’aurait plu vu qu’il choisi d’arrêter son traitement et de rester neutre avec le soutien de ses parents.

          M’enfin, bref, je m’arrête là. C’est bien la première fois qu’on me répond aussi durement.

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          • Le but n’était pas de te répondre « durement » comme tu dis, mais les mots ont leur importance. Tu ne peux pas évoquer une censure et ne pas t’attendre à une réponse. Et tu trouves que ce livre dénonce les clichés de genre alors que j’y vois l’inverse. J’ai eu des échos sur le tome 2, et même si c’est bien qu’un personnage puisse vivre sa neutralité comme il l’entend, ça ne suffit pas à rattraper tout le reste à mon sens. Mais nous n’arriverons manifestement pas à nous mettre d’accord là dessus, ce n’est pas grave non plus, ne le prends pas personnellement. 😉

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  6. C’est jamais bon pour moi de lire tes articles, parce que là j’ai juste envie d’aller faire une razzia à la librairie !! Tu les as tellement tous bien vendus, mais j’ai surtout très très très trèèèèèès envie de lire « Excusez-moi de vous déranger », rien que les premières lignes m’ont fait l’effet d’un coup de poing.
    J’ai envie de pleurer parce que je sais que je ne pourrais jamais acheter toutes ces pépites que tu nous présentes, aaaah…
    En tout cas ça me manque beaucoup de ne plus pouvoir lire tes articles super pertinents et hilarants, mais bon, si c’est pour que tu reviennes plus tard en force avec, j’espère, un roman, alors je tiendrais le coup !

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    • Omg je suis tellement contente de t’avoir donné envie de lire « Excusez-moi de vous déranger » !! Fonce l’acheter ❤
      Il est génial, et en plus ça fait un cadeau pas cher et intelligent tellement cool.

      Merci beaucoup pour ton message.

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  7. Quel bonheur de retrouver tes articles ! Ma PAL commençait presque à se vider, rends-toi compte ! Ouf, je viens de lui donner beaucoup à manger.

    (et pour répondre à ta question, NON NE RELIS PAS LES ENFANTS DE LA TERRE !) (C’est vaguement lisible à 11 ans mais très mal écrit en vrai !)

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  8. Tu m’as MANQUÉ !
    En très gros :
    1. Oui pour lire tout Gaia Guasti et j’ajouterai même « La tête dans les choux », léger drole et poétique, l’un des livres qui m’a refait basculer en litté jeunesse.
    2. J’ai beaucoup apprécié ma lecture de Shorba. Couplé avec Dans Le désordre, je trouve que ces lectures font du bien, ados comme adultes.
    3. Je note Louis, déjà noté avec Tom mais il n’est plus à ma bibli 😉
    4. Courage pour ton article sur les Porteurs 😉 je suis presque tentée de le feuilleter par curiosité.
    5. D’ac pour « Excusez-moi de vous déranger ». Simplement frustrée que ça n’aille pas plus loin mais on en a parlé.
    6. Tu m’as manqué.

    Des bisous

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    • Salut toi ❤
      Je sais que je t'ai manqué car tu as fait toctoc à ma porte avec une admirable régularité.

      1. Je note La tête dans les choux !!

      2. Oh je suis contente que tu aies aimé Shorba. Il a une place particulière dans mon cœur et oui, total frère de sang de Dans le désordre — même si Dans le désordre est du côté classe-moyenne petits-bourgeois (avec une fin dure) et Shorba du côté classe populaire petits cassos (avec une fin douce). J'aime beaucoup les rapprocher pour le miroir qu'ils offrent, pour les différentes façons de "lutter" qu'ils montrent… Mais ce que j'adore dans Shorba aussi (outre la langue trop trop attachante <3), c'est que ça va au-delà de la lutte, vers un accomplissement de soi de ce gamin paumé. C'est un voyage.

      3. "Louis parmis les spectre" et "Jane le renard et moi" = *O*

      4. Feuillète, feuillète. Et envoie-moi tes réactions par Messenger.

      5. Mais c'est une nouvellllllle !

      6. Je t'aime aussi.

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  9. Je suis très déçue, j’ai cherché partout le fameux Live Tweet sur Les Porteurs parce qu’il est dans ma PAL depuis septembre,et je n’ai rien trouvé ! On veut la critique développée, on a aimé celle de Georges, on en redemande ! =P

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  10. Hello 🙂
    J’avoue que je serais tres tres intéressée par un article critique des porteurs, j’ai eu les deux premiers tomes à Noël et ils m’ont laissé un goût amer dans la bouche sans que je puisse mettre les doigts sur ce qui m’a gêné à ce point… j’étais d’autant plus déçue que le principe de base aurait permi de développer quelque chose de tres tres bien il me semble…
    enfin bref, j’adore lire vos articles, continuez comme ça !

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  11. Oh la la, que de choses !
    Tu m’as follement donné envie de lire ce très mystérieux Si une nuit d’hiver un voyageur. Et ton libraire aussi (cette virgule de suspension est très efficace).

    Oui, lis tous les Gaia Guasti ! J’ai ADORE d’elle Le Grand projet de Domenico Maccari, qui a une écriture tout à fait singulière et une poésie dont je ne reviens toujours pas. Molo molo le matin et pas trop vite l’après midi (que je n’avais acheté à l’époque que pour le titre, qui envoyait du rêve à ma flemme des vacances d’été) est tout à fait sympathique à lire si mon souvenir est bon, et La Tête dans les choux qui n’est pas dans ta liste (mais peut-être l’as-tu déjà lu) m’avait fait mourir de rire. Et donné beaucoup de tendresse pour les coins un peu paumés de France et ces adultes qui décident de se mettre au vert sans demander l’avis de leur(s) enfants.

    Je suis heureuse de voir une autre blogueuse remonter problèmes de la série Les Porteurs. Ca me fait plaisir, parce qu’à côté j’en ai lu de très bonnes critiques, dont dans des revues professionnelles à destination des acquéreurs des bibliothèques (qui l’acclamait même parfois pour sa subversion des genres).
    Certes je ne l’ai pas lu moi-même (manque de temps, qui finira probablement par être corrigé car j’aime savoir de quoi je parle), mais les points problématiques que j’ai vu soulevés par quelques amis
    – dont je connais l’engagement et la sensibilité sur les questions de sexualité, genre et féminisme – m’ont paru tout à fait sensible, et méritant d’être relevés.
    J’ai d’ailleurs relevé deux critiques négatives sur ce livre si ça t’intéresse : https://biblioqueerblog.wordpress.com/2018/01/24/les-porteurs-t-1-de-c-kueva/ et https://labibliothequevolatile.wordpress.com/2018/01/14/je-nai-pas-aime-les-porteurs-tome-2-gaelle-de-cat-kueva/
    C’est toujours utile de pouvoir remettre en question ses lectures (ce que tu avais fais pour moi avec George, que j’avais beaucoup aimé)

    Beau bilan des trois derniers mois !

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  12. Quel plaisir de te retrouver ! Un bilan de 3 mois, ça fait un sacré pavé en tout cas ! Bon, je ne vais pas revenir sur tout ce que tu as dit, j’ai noté trois cent cinquante mille bouquins, merci beaucoup ! Pour Les Porteurs, tu n’es pas la seule à avoir des griefs contre ce bouquin, j’ai déjà lu des critiques je ne sais plus où qui m’ont passablement dégoûtée du truc avant même que j’ai pu avoir l’idée de le lire.
    Bon courage pour l’écriture et reviens quand même de temps en temps : j’ai regretté, et je ne pense pas être la seule, ton humour, ton enthousiasme et tes recommandations originales et variées !

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  13. Pingback: Excusez-moi de vous déranger – Fatrasies Éditions

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