Miss Peregrine (t.3), La bibliothèque des âmes, de Ransom Riggs (VO 2015, Bayard Jeunesse 2016)

Article par Bloup… et Bynocle, nouvelle chroniqueuse.

Pour la troisième et dernière fois, je m’apprête à vous parler de la trilogie des Enfants Particuliers. Si j’avais beaucoup apprécié le premier tome, le deuxième m’avait laissée dubitative. Quid, alors, de La bibliothèque des âmes ?

Miss Pererine 3 La Bibliothèque des âmes

Autant vous le dire tout de suite : je suis mitigée, à l’image de mon regard sur la série entière. C’est pourquoi je vais me faire aider dans cette chronique par Bynocle, une petite nouvelle chez Allez Vous Faire Lire !

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[Bynocle] Salut les gens ! Hey oui, je me lance dans la Lupiot’aventure (certes ce mot n’existe pas mais bon vous voyez l’idée). Vous me reconnaîtrez à l’adorable avatar que vous voyez sur la gauche. Je suis une grande dévoreuse de livres compulsive. Mais ne vous inquiétez pas, ce n’est ni héréditaire ni contagieux… Bref. Tout ça pour dire que même si les arguments de Bloup sont pertinents sur plusieurs points, mon avis sur la série diffère un peu du sien… (Non, je n’ai pas du tout lu les trois tomes en une semaine. Hum, j’ai seulement eu besoin du week-end…).

[Lupiot] Avertissement : cette chronique est un SPOILER absolu.

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Si vous comptez lire la saga, engagez vous dans cet article à vos risques et périls… (Et à l’encontre nos conseils désespérés.) Mais si vous l’avez déjà lue ou n’en avez pas l’intention, venez donc ! Ça pinaille et ça aime dans tous les sens : une (longue) chronique qui fait feu de tout bois pour vous révéler la vérité sur la saga « Miss Peregrine et sa marmaille bizarre ».

[Bloup] Résumé : Nous avions laissé Jacob, Emma et Addison en très mauvaise posture dans le métro londonien… S’ils parviennent à s’en échapper de justesse, ils ne sont pas au bout de leurs peines : pour retrouver leurs amis enlevés par les Estres, ils vont devoir s’infiltrer dans l’inquiétante boucle temporelle appelée l’Arpent du Diable. Esclavage, trafic, pauvreté, mercenaires, présence de Sépulcreux… sont quelques uns des « petits problèmes » auxquels ils seront confrontés. Mais, alors que la situation semble bel et bien désespérée, Jacob commence à comprendre toute l’étendue de son pouvoir particulier (…il était temps). Le combat final contre Caul (la menace fantôme depuis le tome 1) approche, et avec lui, la réponse à cette question : la Bibliothèque des âmes est-elle une simple légende ou la source de tous leurs ennuis ?

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Caul au réveil, probablement.

  • LES POINTS POSITIFS

library-of-souls-picture-1#1. Un tome dans la lignée des précédents, qui apporte son lot de suspens et d’originalité. Les photos sont présentes au gré des pages pour créer cette ambiance mystérieuse à la limite, parfois, de l’inconfortable. Au fil de la lecture, on se prend totalement au jeu et il est difficile de prévoir à l’avance ce qui va arriver. Résultat : la surprise est toujours au rendez-vous.

[Bynocle] Un tome dans la lignée des précédents, mais pas pour les mêmes raisons. Je trouve que le recourt accru aux images marche mieux dans le dernier volume de la série. Après deux volumes, on s’est habitué aux photographies bizarres, on les attend presque. Or, ici, le fil de l’histoire évolue autant par le texte que par ces illustrations.

 

#2. Une écriture bien construite qui permet à l’auteur  de nous conduire là où il le désire. C’est pour ça que la deuxième partie du tome m’a surprise, comme peu de roman l’ont fait ces derniers temps : je n’ai pas du tout venu voir la fin (nan mais pas du tout du tout — d’habitude j’ai au moins une vague idée). Alors peut-être que je suis hyper naïve, que je n’ai pas su voir les indices disséminés. Ou alors simplement que je me suis laissée entraîner dans l’histoire, sans chercher plus loin. À vous de voir en le lisant 😉

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Jacob, dans l’adaptation cinématographique de Tim Burton (film qui est *très* infidèle aux romans, mais a ses propres mérites ! Notamment une scène totalement délirante avec des squelettes. Enjoy.)

#3. [Bloup] Une évolution cohérente de Jacob : que ce soit dans la découverte (et la maîtrise) de son pouvoir ou de sa relation avec Emma, le personnage de Jacob tient plutôt bien debout. De l’ado un peu naïf du tome 1, il reste peu de choses à la fin du tome 3 ; mais tout ne s’est pas fait en un quart de page : avant de maîtriser complètement son pouvoir, il en bave le garçon ! D’ailleurs, le plus gros de La bibliothèque des âmes concerne cette relation tout particulière que Jacob entretient avec les Creux.

[Bynocle] Je suis assez d’accord sur ce point. Dans cette trilogie, nous avons le temps de voir évoluer Jacob au rythme de l’intrigue. Ça fait un bien fou !

[Bloup] En ce qui concerne Emma, leur amourette un peu compliquée (la belle sortait avec le grand-père de Jacob quand même, ça peut faire jaser pendant un repas de famille) aurait pu être très gnangnan, mais ce n’est finalement pas le cas. Sans être marquante au point de révolutionner les histoires d’amour dans la littérature jeunesse, leur idylle est très bien menée.

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Amateurs de boucles temporelles, welcome.

#4. Une intrigue avec une jolie fin cohérente, même si le début du dernier chapitre est un peu long à devenir réellement intéressant (cf. points négatifs).

#5. [Bloup] Des passages très drôles, notamment grâce au ton pompeux d’Addison ou au cynisme de Sharon.

[Bynocle] Quant à moi, j’ai beaucoup apprécié les coups d’éclats et le mauvais caractère d’Emma ! Si je n’ai pas réellement pu m’identifier à Jacob (ok pas du tout en fait) et que le ton d’Addison m’a un peu saoulée à la longue, j’ai littéralement kiffé la personnalité explosive d’Em. Elle doit être taureau, y a pas à dire.

  • LES POINTS NÉGATIFS (attention, on se répète, mais : SPOILERS)

[Bloup] Arf, il fallait y arriver. Si je suis mitigée sur ce tome, c’est bien parce qu’il me semble y déceler plusieurs points qui empêchent l’œuvre d’accéder sur le podium de mes pépites de 2016.

[Bynocle] ah bon ? Moi je trouve que c’est le meilleur des trois. Le procédé est maintenant maîtrisé et les personnages ont gagné en contraste. Et puis soyons honnêtes : j’ai horreur de ne pas savoir la fin. Mais bon, je suis un peu obligée d’accorder le point à Bloup, les personnages sont un peu vendus aux kilos…

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#1. [Bloup] Trop de personnages ! C’était déjà l’une de mes critiques du tome 2. J’avais bon espoir au début qu’il se concentre surtout sur Jacob, Emma et Addison, puis une myriade de persos font leur apparition, certains pour quelques paragraphes à peine sous le seul prétexte de décrire leur photo, d’autres qui serviront à l’intrigue (comme Sharon, qui mériterait d’être bien plus mis en valeur car il est l’un des atouts majeurs du tome), mais dont l’histoire et la personnalité sont si peu effleurés que cela en devient frustrant. Cela a deux travers principaux.

  1. On finit par se croire dans un catalogue de personnages mis les uns à la suite des autres sans lien entre eux. C’est plutôt déstabilisant, on se demande pourquoi certaines scènes ont été rajoutées puisqu’elles ne servent strictement à rien, à part mettre 3 photos à la suite dans le bouquin. Cela rejoint ce que je disais déjà pour le tome 2 : à l’inverse de ce que soutient Bynocle (qui a tort puisque j’ai raison) je trouve que les photos paraissent avoir été ajoutées un peu artificiellement, contrairement au tome 1 où elles s’agençaient parfaitement avec l’histoire.
  2. À la fin, il y a tellement de personnages dans la bataille que cela devient assez difficile à suivre et que le combat perd de cohérence, notamment parce que tous les « gentils » (plus d’une vingtaine de personnes) sont rassemblés et que les Estres leurs tirent dessus avec un véritable arsenal d’armes à feu. Et pourtant, aucun blessé n’est évoqué ! Des trucs s’effondrent, et pas une bosse ! Ils auraient dû refiler leur « truc » à JKR, on aurait pu sauver Fred, Lupin, et Tonks ! [Lupiot] Et Colin T_T. On oublie tout le temps Colin. [Bynocle] FREEEEEED!

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#2. Des arc narratifs ouverts et jamais refermés. Exemples :

  1. Au début du livre, Sergei montre à Jacob une photo de sa femme et de son fils, enlevés par des Etres. Jacob promet d’essayer de les retrouver et…. C’est la dernière fois qu’on en entend parler !
  2. Que devient l’assistant de Bentham ?
  3. Et tous les particuliers enlevés ?
  4. Et les enfants-esclaves ?
  5. Après les avoir abandonnées dans le 2 on retrouve Claire, mais l’avenir de Fiona reste très incertain. Une ou deux hypothèses sont évoquées mais bon, ce serait trop compliqué d’avoir une réponse, hein ? Autant rester dans le flou, c’est marrant de frustrer les lecteurs ! (Oui, j’en ai gros sur la patate à propos de Fiona, c’était ma préférée dans le 1 !)

on en a gros kaamelott

Bref, pour la cohérence globale du récit, c’est bien dommage. On peut penser que Ransom Riggs a écrit au fil de l’eau sans avoir construit tous les détails de sa narration (un auteur plus « jardinier » qu’« architecte » ?)*, puis a réalisé (un peu tard) qu’il était parti dans trop de directions différentes.

* Cette expression nous vient de George R. R. Martin, qui distingue les deux types d’écrivains.

Dans un autre registre, Addison réapparaît comme un cheveux sur la soupe à la fin du tome 2 et tout laissait sous-entendre que cela cachait quelque chose, qu’il y allait avoir un retournement de situation mémorable… et en fait non, le chien était juste là au bon endroit et au bon moment (#GrosseDéceptionNarrative).

[Lupiot] Là il me semble qu’on peut dire que principe du « fusil de Tchekhov » (en dramaturgie) n’est pas respecté.
Mhein, quel principe ? Çui-là :

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(Nb : cependant si on ne mettait que des choses utiles dans le décor, les histoires seraient d’une linéarité asphyxiante.)

[Bynocle] Le fait qu’Addison disparaisse pendant si longtemps ne m’a pas posé problème. L’auteur a déjà commencé à utiliser ce procédé auparavant. Moi je suis un peu frustrée sur les scènes dans la maison où ils trouvent refuge dans la boucle. J’aurais aimé que cet aspect soit plus développé. J’aurais adoré voir des descriptions plus nombreuses sur les paysages des boucles qui se trouvent derrière les portes. Même l’Arpent du Diable me semble un peu fade, pas tout à fait fini.

Kuzco as a crying llama

Snif.

[Bloup] Ce qui m’amène à mon prochain point :

#3. Des persos qui tombent à pic. Même sans compter Addison, l’histoire regorge de petits moments parfaits où un personnage (qui ne servira qu’à ça) apparaît pour aider les héros ou leur mettre des bâtons dans les roues. Malheureusement, ça devient lassant.

[Lupiot] Ça sent le bon gros Deus Ex Machina. Si ça peut (parfois) être magnifique lorsque c’est bien orchestré (c’est assez classique), c’est globalement plutôt relou, surtout si c’est utilisé plus d’une fois. Molière est un spécialiste.*Coucou, c’est moi le Roi ! Je crois qu’on arrive au moment où je résous tout avec ma baguette magique, hmm ?*

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#4. [Bloup] Quelques maladresses narratives. Tout au long de l’intrigue, des petits passages surprennent, comme l’explication du caractère de Emma ou Jacob à plusieurs reprises. Pourquoi surprenant ? Et bien, parce que nous sommes déjà au tome 3, nous connaissons les personnages. Devoir relire que Emma dit-ci parce que Emma est comme ça, c’est franchement redondant avec les deux premiers tomes. Le principe narratif du « Show, don’t tell » (« Montre, ne dis pas ! »), capital dans la fiction et notamment le roman, n’est pas respecté.

#5. Un dernier chapitre un peu pénible. On retrouve en effet Jacob de retour en Floride, se morfondant encore plus qu’avant toutes ses aventures. Mon premier réflexe a été de m’écrier pendant quelques pages :  « Mais non ! MAIS NON ! MAIS C’EST QUOI CE TRUC TOUT POURRI ??? ». Mais ensuite, ça va. On sent que ce passage est nécessaire à Jacob pour dire réellement adieu à son ancienne vie, et n’est pas juste un « retour en arrière » (ce qui aurait été une catastrophe épouvantable).

[Bynocle] C’est vrai que même si j’ai trouvé que la fin clôturait plutôt bien le cycle (cf. points positifs), on sent que dans le dernier chapitre, on tire sur la corde. On arrive au bout d’une série, à la conclusion de l’idée relativement bien menée de cet univers si particulier. Cela transparaît. Tout le tome 3 n’a été qu’action, combats avec les Estres, grands élans de bravoure pour se secourir les uns les autres, bref ça envoyait bien du pâté. Mais le dernier chapitre dénote : l’action est bizarrement devenue lente et Jacob se lamente, soupire et pleurniche (ok, j’exagère un peu le trait mais vous voyez où je veux en venir). On aurait pu se passer de ce chapitre à mon goût.

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MEH.

CONCLUSION SUR L’ENSEMBLE DE LA SÉRIE

Malgré une originalité et une ambiance très séduisantes, les quelques maladresses narratives donnent l’impression globale d’un manque de complicité entre le lecteur et l’auteur, qui se sent obligé de nous ré-expliquer ses personnages, comme s’il était toujours, même dans le dernier virage, en train d’installer son univers et son histoire.

C’est dommage, mais rassurez-vous : la trilogie reste vraiment agréable à lire et, surtout, un beau livre-objet : si vous connaissez des amateurs de mondes Burtoniens, d’épopées surnaturelles insérées dans l’Histoire, et d’ambiance magico-macabre… c’est une excellente idée cadeaux !

 

[Bynocle] Si vous cherchez un livre a l’écriture léchée et rondement menée de A à Y (je me suis brouillée avec Z), il se peut que vous soyez un peu sur votre faim et que vous ayez du mal à rentrer dans l’histoire. Mais avis aux assoiffés d’univers originaux et pleins de fraîcheur, vous trouverez sans problème votre bonheur. Et puis, la p’tite sœur pourra regarder les images, nan ? [Lupiot] Je dois être la petite sœur virtuelle dans cette conversation, car j’adore les images.

 

Petite pensée bonus (épisode 3)

Je ne pouvais pas finir sans conclure mon enquête sur le parallèle au nazisme (cf. chronique du tome 1) dans l’intrigue ! Et bien, la réponse sera courte : rien non plus dans ce tome ! La dimension historique liée à la Seconde Guerre Mondiale est donc complètement symbolique (et ne concernerait que le tome 1), ce qui n’est pas un problème, mais ce n’est pas ce que promettait l’éditeur…

Cela nous invite à réfléchir sur le contenu des résumés proposés par l’éditeur en 4e de couverture. Personnellement, je trouve que dernièrement, on nous y donne trop d’éléments sur l’intrigue du livre, de sorte qu’on peut aller jusqu’à :

  • se méprendre sur le contenu (typiquement ce qui se passe sur le tome 1) ;
  • se faire dévoiler la moitié du bouquin, au risque de gâcher une surprise souvent intimement liée au plaisir de lecture. [Bynocle : argument approved by me] [Lupiot : Amen.]

Sur ce, nous ne pouvons que vous souhaiter une…

Bonne lecture !

Bloup & Bynocle

Bloup tortue chroniqueur Allez Vous Faire Lire allez-vous-faire-lire-bynocle-art-by-limeart


[Lupiot] BIENVENUE à Bynocle ! Bynocle est une dévoreuse de littérature de l’imaginaire. Elle consomme les livres à la vitesse lumière. Ne la laissez jamais seule dans une bibliothèque, le temps d’un clin d’œil, elle aura tout mangé. Oui, même l’intégrale de Game of Thrones et vos séries diverses en 18 tomes.

Retrouvez les chroniques de Bloup sur les tomes précédents :

Tome 1 : Miss Pérégrine et les enfants particuliers
Tome 2 : Hollow City

6 réflexions sur “Miss Peregrine (t.3), La bibliothèque des âmes, de Ransom Riggs (VO 2015, Bayard Jeunesse 2016)

  1. Super article ! J’ai sauté quelques passages pour éviter les spoils parce que je n’ai pas encore lu le 3e tome, mais je reviendrai le relire en entier quand ce sera fait ! 😉 J’ai aussi été plus mitigée pour le 2e, j’espère être surprise positivement pour la fin !

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  2. He he, elle est super cette chronique à trois voix, j’adore!
    Bon, je crois que vous avez en partie résolu le mystère du « mais pourquoi ce livre traine sur mon chevet depuis bientôt six mois?! » Pourtant ça me frustre, de pas finir mes livres…

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  3. Je viens juste de terminer ce troisième tome et j’ai été tellement déçue! Je suis heureuse de lire vos avis respectifs, ça me rassure dans mon ressentiment vis à vis de ce dernier tome, qui en plus de me laisser sur ma fin, m’a paru être un carnaval de personnages deus ex machina, comme vous le dites. Je me suis terriblement ennuyée toute la première moitié du livre, si bien que je n’arrivais pas à me réjouir de toute l’action de la seconde moitié. Tous ces questions restées sans réponses, ces personnages (comme le cartographe, je ne sais plus son nom) qui apparaissent plein de promesses et qui au final ne servent que de jolis décorations…

    Et je ne suis pas d’accord avec vous sur l’utilisation des photographies dans ce troisième tome, il m’a semblé qu’elles servaient plus de prétexte à ajouter des détails inutiles que de véritables supports d’intrigue! :/ Peut-être ma déception m’a-t-elle influencée…

    En tous cas bravo pour cette chronique très constructive et intéressante, où on apprend plein de choses (l’écrivain architecte ou jardinier, le fusil de Tchekov…)… Merci! 🙂

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