Nathan, Emma… Pourquoi il faut arrêter d’appeler ses personnages de romans par les prénoms les plus populaires IRL

Me revoilà pour un nouvel article de la catégorie Les noms dans la littérature. Vous aimez les noms ? Vous aimez la littérature ? À la bonne heure !

Avant-propos

Cet article risque de donner l’impression que je me moque de certains prénoms. Ce n’est pas le cas. J’ai même choisi exprès, pour mes exemples, des prénoms que j’apprécie, pour ne pas devenir tarabana à les taper quinze fois de suite. Aussi, gardez à l’esprit que quand je dis qu’il faut arrêter de donner à ses personnages de romans les prénoms les plus populaires IRL,

  1. c’est bien pour des considérations littéraires ;
  2. c’est une question de dosage ;
  3. j’ai de bonnes raisons, allez, continue de lire !

Donc, pourquoi faut-il arrêter de nommer ses personnages de romans avec les prénoms du Top 30 ? Mais pour ces 5 points que nous allons ci-dessous développer, pardi !

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#1. ÇA CRÉE LA CONFUSION

Quand tous les personnages d’un roman ont des noms interchangeables, c’est gênant. On s’en rend particulièrement compte en fantasy par exemple, quand l’auteur s’est laissé aller à son goût obsessionnel pour les Y et les trémas, avec des prénoms comme « Ellwÿnir, Gwenilys, Elloïnwyn, Nellirys », etc, où, au bout de quelques pages, une fusion diabolique s’opère dans le cerveau du lecteur.

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Or, cet aspect peut, étonnamment (mais pas tant que ça) toucher les prénoms… les plus courants : les prénoms super-populaires de votre génération (ou celle de votre mère, de votre petit-frère, etc., ça fonctionne avec toutes les générations mais surtout la vôtre). Ces noms, vous les avez entendu pendant toute votre enfance chaque fois que la prof faisait l’appel. Ils ont une sorte de caractéristique « par défaut » qui les rend plus ou moins interchangeables dans votre esprit.

a ma source gardee madeline roth thierry magnierRésultat, vous faîtes un mic-mac complet entre les personnages et si vous sortez la tête du roman deux secondes, vous êtes littéralement incapable de vous rappeler qui est qui. C’était le cas dans un roman que j’ai adoré — qui m’a soufflée comme un fragile petit pissenlit — : À ma source gardée, de la merveilleuse Madeline Roth.

Les personnages s’appellent Jeanne, Lucas, Julie, Chloé, Baptiste et Tom. Or, si vous avez 15-20 ans, ce sont les prénoms que vous avez entendus dans toutes vos classes — et vous pédalez totalement dans la mélasse.

Idéalement (et aussi par réalisme), il faut mélanger un peu les genres. Car personne n’a, parmi ses amis, exclusivement des prénoms du Top 50 (si je vous demande le prénom original de la bande, il y en forcément un qui vous vient !).

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Donc, Jeanne, Lucas, pourquoi pas… À côté de Laurane, Jawad, Aude, Fiona, Kévan et Siméon, par exemple ! Créer du contraste dans les noms, permet de donner à l’univers du livre l’aspect rugueux et imparfait de la réalité.

les-belles-vies-sarbacane-benoit-minvilleOn trouve un bon exemple d’équilibre dans Les Belles Vies, de Benoît Minville (chronique à venir), où les héros s’appellent Djibril, Vasco, Jessica, Dylan, Chloé : on a un mélange de genres, d’origines et de divers degrés d’originalité.

(Et Vasco c’est vachement beau *o*)

#2. ÇA DATE PLUS FACILEMENT LE ROMAN — IL VIEILLIT PLUS VITE

Barjavel-Ravage.inddQuand j’ai lu Ravage, de Barjavel (#détestation), j’ai été prise d’une crise de fou-rire inextinguible dans le premier tiers, où une chanteuse en pleine ascension artistique et mondaine se cherche son nom de scène et opte pour celui élégant, raffiné, infiniment sexy et délicat de

Régina Vox

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Quand je dis qu’un prénom trop ancré dans son époque vieillira mal, pensez à Régina. Régina, c’était moderne et classe aux yeux d’un homme né en 1911 et publiant en 1943.

Alors bien sûr, on ne peut pas prévoir l’avenir, mais il est complètement acquis que les prénoms du Top 30 seront ultra-ringards pour la génération d’après, tout simplement parce qu’on ne trouve ni modernes ni classes nos parents et leurs amis (#EnfantsIngrats). Donc Lucas-Nathan-Mathis et Emma-Léa-Jade, dans 20 ans, fera le même effet que Fabrice-Pascal-Thierry et Karine-Stéphanie-Véronique. Pour éviter cet écueil, il suffit de consulter les statistiques des prénoms les plus attribués par décennies — et de ne pas tabler uniquement sur les prénoms les plus populaires. #RememberRégina.

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Regina Mills aka The Evil Queen dans Once Upon A Time

#3. C’EST UN SINGULIER MANQUE D’ORIGINALITÉ

Tout comme j’estime que c’est le travail de l’auteur de lire des livres s’approchant de ce qu’il souhaite écrire car cela évite des redites liées à un manque de culture…

(Lorsque je lis des manuscrits pour le compte d’une maison d’édition, je reçois des trucs où l’auteur croit qu’il est hyper-ultra-novateur-décoiffant-wouff-vous-allez-voir-ce-que-vous-allez-voir et en fait…, non, tout simplement parce que, vraisemblablement, il n’a pas mis les pieds au rayon jeunesse depuis 1972.)

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…Tout comme c’est son taff donc de se renseigner sur le traitement des genres et thèmes d’aujourd’hui, j’estime dans le même ordre d’idée que ça n’a rien de bien compliqué de zieuter les étalages des libraires pendant vingt minutes pour constater que tous les héros s’appellent Théo et Léa et que, peut-être, les siens, ce serait bien de les appeler autrement. C’est pas obligé, mais c’est possible, quoi.

#4. C’EST RASANT

C’est le même problème que dans la vraie vie : quelque chose de déjà vu devient sans surprise, la répétition lasse.

Si j’ai personnellement tendance à me dire que c’est dommage d’appeler son enfant Nathan ou Emma quand on sait qu’il y en aura au minimum deux par classe, étant donné que la vraie vie ne répond pas aux mêmes exigences que la fiction, je suis cependant très réceptives aux arguments soutenant par exemple que :

  1. « Un nom commun facilite l’intégration » ;
  2. « S’ils sont si donnés c’est aussi parce qu’ils sont si beaux » ;
  3. « Mêle-toi de tes fesses c’est ma progéniture il me semble ». (#Amen.)

Or, en littérature, aucun de ces trois arguments ne fonctionne vraiment.

  1. IRL, on privilégie l’intégration sur la stigmatisation (ou, selon comment vous voyez les choses, la discrétion sur l’originalité) — en fiction, on n’a pas envie que son livre/héros se fonde dans la masse mais plutôt qu’il ressorte.rebel-merida-pulling-hair-out-of-gown
  2. IRL, on donne les prénoms que l’on apprécie, et on apprécie plus facilement les prénoms que l’on entend (donc les prénoms populaires) — en fiction et dans tout travail créatif, on cherche les noms qui correspondent au propos, au personnage, à la situation (et que l’on apprécie, oui, aussi), on choisit donc parmi un panel plus large (correspondant à notre recherche), avec des exigences différentes (correspondant à notre œuvre). Donc normalement pas uniquement parce qu’ils sont beaux.
  3. IRL c’est l’enfant d’un autre et mon opinion je peux poliment m’asseoir dessus — en fiction, on soumet son texte au regard inquisiteur et brillant des esprits curieux et vifs qui vont s’en emparer, et leur opinion compte pour l’auteur, l’éditeur, le libraire.

Aussi, oui, c’est un peu rasant de lire une quatrième de couverture et de constater que le héros s’appelle ENCORE Nathan ou Jack.

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J’ai déjà reposé un livre pour cette exacte raison ; je trouve que ça n’augure rien de bon quant à l’inventivité de l’auteur. (Ok je suis folle mais faut bien faire des choix, c’est un critère comme un autre.)

#5. C’EST UNE SI BELLE OCCASION MANQUÉE DE DÉFINIR UN PERSONNAGE

Certaines personnes obsessionnelles auraient tendance à caser 3 couches de significations dans chaque nom de personnage (perso j’adore, quand mon premier roman paraîtra vous savez ce qu’il vous reste à faire), voire à en faire des tonnes. Par exemple, quand on veut nommer un personnage négatif on a recourt à l’étymologie la plus subtile en mettant « Mal » dans son nom. Mais si : pensez à Maléfique (of course) de Disney, Maltazard (M le Maudit) dans Arthur et les Minimoys, Malekith dans Thor 2, aux Malfoy dans Harry Potter, Malvolio chez ce cher Shakespeare, ou même littéralement « Mal » dans Inception. (Etc.)

 

Sans aller jusque là, parce qu’entre gens de bon goût on voudrait être moins évidents, le nom du personnage est tout de même une excellente occasion de le définir — en soit, il pourrait remplacer une description. Jean Échenoz qui soutient cette thèse*, l’illustre à merveille : prenez par exemple le personnage d’« Anthime Sèze », dans son roman 14, comptable dans une usine de chaussure dans les années 1910 — est-il besoin de vous le décrire plus avant ? Son nom nous dit déjà « horloger méticuleux » ou « comptable discret », et toute autre information semblerait superflue.

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* dans un entretien disponible sur le livre audio

Aussi, plutôt qu’Emma Durand, pourquoi ne pas appeler sa narratrice Marie-Astrid Duquennec, Mélody Gouaille, ou Malika Kémour-Langlois dite « Lika » — et ainsi lui donner tout de suite une existence ?

Parfois, je me dis que le héros a été appelé Nathan ou Lucas par volonté d’en faire un personnage bateau, « identifiable » (comprendre : une étagère vide sur laquelle le lecteur pourra projeter ce qu’il veut) et je déteste, déteste cela.*

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C’est bien sûr lié à ma vision perso de la littérature jeunesse (rien n’est innocent), puisque j’accorde beaucoup d’importance à la qualité des personnages qui font vivre l’histoire (leur caractérisation, leur incarnation).

* Cf. ce que j’en dis dans cet article sur l’adaptation des noms étrangers.

En conclusion, même si :

  1. ce n’est absolument pas le point central de la caractérisation ;
  2. ça ne fait pas tout (parfois au contraire on a l’impression que l’auteur avait mis toute son énergie dans la recherche du nom et qu’au moment de développer la personnalité de son bonhomme, y avait plus de jus) ;
  3. un bon personnage, ça commence par un bon nom.

Qu’en pensez-vous, chers amis, lecteurs sans pitié, obsessionnels de tous bords ?

Julia (aka Lupiot)

Lupiot

P.S. : Prochain article sur les noms : Hunger Games, Red Rising… pourquoi les noms latins dans la dystopie, où nous parlerons de tous ces Cassius, Titus, Coriolanus, Claudius et compagnie, qui hantent les pages de nos sagas favorites.

P.P.S : Aucun Nathan n’a été maltraité lors de l’écriture de cet article.


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31 réflexions sur “Nathan, Emma… Pourquoi il faut arrêter d’appeler ses personnages de romans par les prénoms les plus populaires IRL

  1. Super intéressant, merci 🙂
    J’en étais restée à Bettelheim, qui dit qu’il vaut mieux un prénom lambda ou pas de prénom du tout, ce qui facilite l’identification et l’universalité du récit.
    Dans Harry Potter par ex je me dis qu’elle a du faire les deux ; Harry est un nom bien courant en Angleterre, l’originalité des noms et prénoms est pourtant là, mais externe au héros.

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    • Cette histoire d’identification est intéressante (et Bettelheim aussi, même s’il faut en sortir) mais ne devrait pas du tout être un critère de construction de l’univers, je trouve. En fait, ça dépend la fonction qu’on attribue au livre :
      1. développement/éducation ? si oui, bien sûr, un nom commun sera une bonne porte d’entrée. Du coup je trouve ça assez logique pour tous les albums/documentaires/psychologiques pour la petite enfance du genre « Thomas apprend à faire caca », « Nathan a deux mamans » etc.
      Mais hé, quand bien même, est-ce qu’on peut pas faire qqch de moins gnangnan en partant sur « Dartagnan a deux mamans »? ou « Léonor (le plus cool des dinosaure) apprend à ne pas faire sa bouse au milieu du salon » ? X)
      2. divertissement/culture : dans ce cas l’identification n’est pas le centre de l’expérience littéraire, il n’y a qu’à voir en tant qu’adulte on n’a pas besoin de s’identifier à Bateman le tueur en série d’American Psycho, ou Antinéa la mangeuse d’hommes mythique, reine de l’Atlantide, etc., il ne nous viendrait pas à l’idée de prendre l’identification en considération. En fait, on veut une bonne caractérisation et une bonne incarnation du personnage, ce qui nous permettra de reconnaître en lui des traits humains que l’on connaît, que l’on peut imaginer et comprendre. Le nom, dans cette affaire, peut être original ou non du moment qu’il est cohérent.
      Pour la littérature jeunesse c’est tout à fait la même chose, ce n’est pas parce que le lecteur est enfant qu’il est bête au point de devoir s’identifier tout le temps, il faut arrêter avec ça je crois. On aime ça mais on ne CHERCHE pas ça. (D’ailleurs ce n’est pas forcément avec le héros qu’on s’identifie ! HS : Me suis plus « identifiée » avec Hermione ou Luna par ex., et pour le côté commun, on repassera XD)

      HP : L’aspect commun de « Harry Potter » ne fonctionne qu’en milieu anglophone : une fois les frontières passées… Mais oui clairement le prénom de Harry (et même son nom de famille) a été choisi pour le côté « un garçon comme les autres, comme n’importe qui ! » ce qui est bien car ça dénote d’une démarche réflexive riche & équilibrée, ce qui se constate notamment avec les noms des autres persos comme tu le dis. En fait faut juste *réfléchir* à la question du nom. Et ne pas partir, par défaut, sur les mêmes que tout le monde. D’ailleurs Harry est commun IRL en milieu anglophone mais n’était pas un prénom « à la mode », type Nathan ou Jack : c’était un classique que, pour le coup… on ne voyait pas tellement en littérature jeunesse ! Un peu comme si chez nous on appelait un petit héros Marc ou François. Commun… mais en fait, pas *tellement* entendu dans cette génération, pas hyper tendance.

      Désolée pour le pavé. Ze loghorrée.
      Merci pour ton commentaire, comme d’hab ! Des bisous.

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      • Oui, je pense que ce truc m’étais restée en tête aussi parce qu’il me gênait dans une certaine mesure.
        Par ex, Hansel et Gretel ont beau peut-être être des noms courant à une époque donnée et dans un pays donné, ça n’empêche pas un(e) enfant d’un autre pays et d’une autre époque de très bien s’y identifier dès lors que le conte l’amène à résoudre ses propres conflits. Et Hansel et Gretel, pour moi, sont des noms assez classes, désués et originaux. Loin du nom qui passe partout 🙂
        1/ Cela me fait penser -pardon je dévie- que j’ai découvert un album jeunesse génial cette semaine : http://editions-sarbacane.com/va-jouer-avec-le-petit-garcon/
        On peut parler d’un truc que les enfants vivent (bon, en l’occurrence que beaucoup de parents font vivre sans se poser de question et en toute bonne volonté à leurs enfants, c’est un peu autre chose que tes exemples) avec beaucoup d’humour et de fantaisie. Le récit est juste génial.
        2/ Après je pense qu’on est toujours en réaction par rapport à des phénomènes de modes… Quand on sur-utilise des prénoms originaux, la génération suivante va avoir besoin de revenir à des noms plus classiques, et vice versa. Comme pour les noms que les parents donnent à leur enfants : aux Thomas, Marie Sébastien vont succéder les Kilian, Zoé, Maëlie pour retrouver des Louis, Joséphine ou Arthur… Comme tu le dis, on réagit par rapport à ce que l’on a parfois trop entendu. Ce qui est original aujourd’hui…
        Ce qui ne va pas contre ce que tu dis au contraire : d’où l’importance de se poser la question dans le sens de la caractérisation de son personnage !
        Merci ! (Moi les noms m’emmerdent, j’aurais tendance à faire au pif 😉 )

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  2. Très intéressant et je suis d’accord avec. Lorsque je lis un livre, c’est (entre autre) pour m’évader de mon quotidien, découvrir autre chose alors si c’est pour me retrouver à suivre les aventures d’un gars qui porte le même nom que mon boss adoré / détesté (rayer la mention inutile) ou de la nana qui porte le même prénom que ma voisine relou, pas question 🙂 Je les supporte déjà au quotidien !!

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    • Mais oui, tout à fait, et ce que tu dis (et qui correspond au ressenti de noooombreux lecteurs) contredit complètement ce besoin viscéral « d’identification » sur lequel semblent encore trop compter auteurs, éditeurs et même critiques. On ne lit pas pour s’identifier — ou plutôt si, mais pas du tout aux degrés superficiels que l’on croit. Physique, nom, vie ? Que nenni. On s’identifie à une personnalité, à des *traits* de personnalité, à des choses discrètes, ténues et émouvantes, à des accès de colère, à des lubies étranges, bref, on s’identifie à des aspérités humaines minuscules qui n’ont rien à voir avec le fait que ton personnage s’appelle Nathan, soit châtain aux yeux marrons, soit issue d’une classe-sociale moyenne etc., etc.
      Merci pour ton commentaire !

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      • En fait, un nom « commun » pour s’identifier …. ben c’est pas terrible comme idée. Je ne sais pas qui a eu cette idée mais je trouve que ça ne marche pas du tout. Si le héros s’appelle Nathan, je ne vais pas avoir plus tendance à m’identifier à lui que s’il s’appelait Zébédée. Parce que je ne m’appelle pas Nathan. Donc c’est peut-être un nom courant mais si ce n’est pas le nom, en quoi est-ce que ça me toucherait plus qu’un autre?
        Par contre, il y a de fortes chances que quelqu’un dans ma classe s’appelle Nathan, ou bien le voisin, ou ce type chiant qui me volait mon goûter en maternelle. Et là, je ne vais pas m’identifier à lui, je vais plutôt avoir tendance à superposer le héros du roman et ce petit crétin qui a pourri mon enfance, et ça va justement faire un obstacle dès le début à mon identification avec lui.
        Par contre, je ne connais pas de Zébédée. Donc je n’ai aucun a priori sur lui, et je peux me laisser emporter par le roman, qui fera ce qu’il voudra de la personnalité du personnage sans que ça me choque outre mesure.

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  3. Aïe aïe, je vais relire tous mes noms de personnages…
    En vrai, j’essaye souvent de mettre des prénoms qui ont un sens (en tout cas pour moi ah ah, genre le prof que j’ai détesté !) mais c’est toujours délicat de trouver l’équilibre entre un groupe normal et un groupe plein de noms différents ! Il y a en plus l’écueil des noms américains où tu dis « nop, nop nop » quand tu lis une fiction bourrée d’Ethan, Jason et autre. (Alors que Jason pour Médée, c’est cool comme référence mais bon 😦 )
    Bref, va peut-être falloir que je change quelques noms par chez moi…

    Super article sinon, comme d’hab 😉

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    • Ooooohlalà les prénoms américains, me lance pas là-dessus. Enfin ça vient d’un pb plus large, je crois. Qui est : POURQUOI NOM DIDIOU DE SCHTROUMPF, des auteurs français écrivent-ils des romans qui se déroulent en contextes états-uniens quand ce n’est justifié par — rien — ? Ici je citerais Maxime Chattam, par exemple. Le côté « se la jouer cool en faisant semblant d’être américain ». C’est tellement… contre-productif ? Je veux dire, si ton histoire a une raison de se dérouler aux USA, parfait, aucun pb, mais quand elle pourrait se dérouler dans l’hexagone, et bien mets-là en France, ma patate douce adorée, ça évitera de perpétuer le cycle « la littérature jeunesse n’est cool que si elle est américaine », n’est-il pas ?
      Bref (presque) aucun rapport avec ce que tu disais, mais oui, Jacob, Jamie et Isabella et Stacey, hop, zone d’embarquement direction NY City, et restez-y.

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  4. Aaaah merci pour cet article ! J’avais l’impression d’être la seule à être énervée de voir que les personnages des romans jeunesse ont tous les mêmes prénoms. Déjà que j’ai un problème de mémoire en ce qui concerne les noms des personnages de manière générale, là, c’est encore pire.
    C’est aussi pour ça (avec quinze mille autres raisons) que j’adore les romans de Marie-Aude Murail : comment oublier Eloi, Prudence, Esteban, Charlie (pour une fille), Sauveur, Pélagie ou Toussaint ?

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  5. Excellent, et bien vu… J’ai eu de nombreux moments de solitude dans ma vie (la précédente) de libraire jeunesse, quand les clients ayant oublié le titre d’un roman me racontaient le gros de l’intrigue avec prénoms à l’appui… « Mais si, vous savez ! Y’a une fille, lycéenne, un peu marginale, qui tombe amoureuse d’un gars, ténébreux et mystérieux »… Laisse-loi deviner… Lucie/Luce/Lucy et Daniel/Dan/Danny… Bon, ben non, en fait ça n’aide pas… Ou quand tu fais un rapide résumé pour présenter des bouquin et que tu réalises effectivement que les personnages s’appellent presque pareil ou presque, et que tu as 1) perdu le client qui ne sait plus lequel lui fait envie, entre Luce et Daniel/Lucy et Danny… (enfin, t’as compris le principe) ou que 2) tu as tout mélangé et que tu ne sais même plus qui est qui… J’attends avec un grande impatience ton prochain article, toi qui partage aussi ce charmant « nomen » de la famille de Julius 🙂

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    • Ah, les Dan/Danny/Daniel, ils sont presque aussi nombreux que les Jack T.T !
      Merci pour ton commentaire, toi qui portes ce charmant « nomen » de la famille de Julius (si tu l’ignores encore, car c’est en effet assez difficile à trouver sur les internets, Julia et toute la famille (Julien, Juliette etc.) viennent a priori de Jupiter et signifient « jeunesse » 😉
      Le prochain épisode nous plongera justement dans le latin, j’espère qu’il te plaira ! Biz

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  6. Super article encore 🙂 Par contre, je dois bien choisir mes lectures jeunesse car je n’ai pas l’impression d’être assaillie par ces prénoms communs… Et je cherche, pas moyen de mettre un seul personnage sur les noms Emma, Nathan ou Dan… Plutôt dans les séries tv 😛 C’est peut-être parce que je lis quand même plus de fantastique avec des noms plus originaux, me viennent plutôt en tête Lyra, Gregor (Suzanne Collins), Eliott (Oniria), … Mais c’est peut-être aussi ma fâcheuse tendance à ne pas retenir les prénoms, qu’ils soient communs ou pas… D’ailleurs, là j’en cherchais un 4e et rien ne me vient ! 😛 Je vais essayer d’y faire plus attention lors de mes prochaines lectures, voir si je me retrouve plus dans ce que tu dénonces, mais en soi, je ne suis pas trop regardante sur les noms, tant que l’intrigue me porte et reste en moi.
    PS : je me vois tout à fait bien nommer mon enfant Nathan ou Emma… ou Julia 😉 ou Lyra (mais celui-là mon mec a mis un véto non didju!)

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    • Ahah on dirait mon copain (se souvient jamais des noms de personne, y compris dans le film qu’on est littéralement en train de regarder). Oui c’est l’avantage de la Fantasy (qui a aussi ses inconvénients, comme je le disais avec l’exemple des Y et des trémas… parfois ça donne des machins compliqués voire imprononçables, genre Rothke… non, Kvothe (je viens de vérifier) dans Le Nom du Vent, merci bien, quelle galère celui-là…
      PS : dans la vraie vie y a aucun pb à appeler ses enfants Nathan ou Emma… et dans la narration non plus même si, pour la santé mentale des lecteurs, ce serait bien de ralentir sur l’usage de ces deux-là pour les personnages principaux (et sur Dan, Lucy, Théo, Sarah…)… Toutes les règles sont faîtes pour être contournées, et les prénoms communs sont très bien, ils ont de nombreuses qualités, on peut les donner genre, aux meilleurs amis des héros ? Ou juste à MOINS de héros.

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    • Elisha est vraiment une super trouvaille, sans compter la symbolique dans l’univers de Tobie, car je n’avais pas VU le El+Isha… avant qu’il ne soit dévoilé… c’était pourtant pas compliqué.
      Je ne sais pas si j’aurais matière à en faire une petite analyse. Nous verrons 😉
      Merci pour ton commentaire sympa !!

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  7. Je suis en partie d’accord, mais je pense qu’il faut se garder de l’excès inverse. Je ne peux m’empêcher d’être un peu agacée, par exemple, par Amélie Nothomb et ses prénoms « à coucher dehors » qui définissent plus ou moins le caractère du héros. Dans un roman, ça va, quand elle le fait à chaque, cet excès devient, lui aussi, un manque d’originalité.

    Donc oui, je pense que la bonne solution c’est en effet de mixer des prénoms top 30 et des trucs plus originaux, comme dans la vraie vie.

    Quant à l’aspect daté, certes, mais… est-ce grave ? Au contraire, n’est-ce pas normal, et même souhaitable, qu’une oeuvre littéraire soit le reflet de son époque ?

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    • 2 points intéressants merci !
      Le surplus d’originalité : oui, c’est clairement le piège inverse dans lequel ne pas tomber (appeler tous ces personnages Obéron, Célimène, Ragnar et Nefertiti etc.), et d’ailleurs parfois c’est ridicule XD. Il faut trouver l’équilibre. Et surtout, il me semble, il faut savoir se placer dans un genre et dans un contexte. Dans un monde futuriste, dans un univers de fantasy médiévale, dans un conte philosophique, les règles ne sont pas les mêmes. (Est-ce gênant en Fantasy si tous les péquenauds du coins s’appellent Zéfirossian et Calcyrac ? Pas tellement.)
      Pour l’exemple d’Amélie Nothomb je suis partagée parce que j’adore ce qu’elle fait des noms de ces personnages, ils ont le côté symbolique des contes philosophiques (et les noms sont alors, en quelque sorte, un indice qu’on ne se situe pas dans la réalité, mais sur un plan parallèle). Quand elle ancre son récit dans la réalité, ça passe aussi par les noms des persos, beaucoup plus communs comme par. ex dans « Tuer le père », une espèce de polar aux USA, ou ses romans autobiographiques. (Dans la majorité des cas, elle craque son slip on est d’accord, mais c’est assez génial et quelque part, why not. Panonnique dans Acide Sulfurique, m’a beaucoup marquée.)

      L’aspect daté : en soi non, c’est pas « grave ». Un prénom ringard car très ancré dans son époque, c’est délicieux à lire à retardement, quand on prend du recul, mais ce n’était pas forcément l’intention d’origine. Ici il s’agit vraiment de pointer du doigt cet aspect tout à fait trivial que (j’ai l’impression) plein d’auteurs ne pensent à prendre en considération, pour leur éviter ce « Ahhh mais si j’avais su… ».
      >> C’est aussi pour cette raison que les mélanges de genres sont un gros +. Un ensemble de personnages s’appelant Lilou-Éthan-Lina-Enzo-Léa-Ewen (outre le potentiel de confusion), sera beaucoup plus vite daté qu’un ensemble où on a Lilou, Vincent, Sibylle, Enzo, Anaïs, Marius, qui bien qu’étant « de son temps », pourra faire écho à plusieurs générations…

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  10. Bon, j’ai une obsession pour les y et les l les a et les æ å et ø (alors forcément en parlant le danois c’est dur de s’en défaire XD). Mais pour le perso principal je me torture car j’ai changé si souvent de nom mais à chaque fois je trouve ça bateau horrible. Entre ceux qui me disent de faire simple et ceux qui veulent quelque chose d’original. J’ai envie de tuer les gens…. sérieux arggggh je déteste choisir les prénoms c’est une horreur et je suis bien d’accord avec ton article. Mais comment s’en défaire ? lol

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