Found in translation — L’adaptation des noms dans la littérature jeunesse

Il y a quelques temps je vous ai annoncé l’ouverture de la catégorie Les noms dans la littérature. Me revoilà !

L’adaptation des noms est une question récurrente en littérature. Est-ce que le vrai nom du personnage, c’est Severus Snape ou Severus Rogue ? On a vu des fans s’écharper pour moins que ça. Les espagnols ont choisi de garder tout le vocabulaire anglophone, le Snape, les muggles et tout ; ont-ils eu raison ?

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Débat inutile, on est d’accord : son vrai nom, c’est Snivellus.

Dans quels cas est-il judicieux d’adapter un nom ? Que faut-il prendre en compte, au juste ? À la première question, pas de réponse absolue, à la seconde, plusieurs pistes :

  1. Le lectorat visé
  2. L’intention de l’auteur
  3. Le charme de la V.O.
  4. Les habitudes du genre littéraire

Changer un nom n’est pas une question anodine, puisqu’un nom trimballe avec lui la culture du pays dont il est issu, et aussi des morceaux de l’univers du livre, qu’il sublime. L’adapter peut s’avérer un infernal casse-tête, voire une vraie mauvaise idée. La question de l’adaptation doit se faire en considération de la nature de l’ouvrage, du lectorat visé, et de sa compréhension du texte.

#1. ADAPTER POUR RENDRE ACCESSIBLE

Pourquoi était-ce pertinent d’adapter les noms de Harry Potter ? Parce qu’ils contiennent un paquet de jeux de mots (voire, d’informations) et que les livres sont destinés à un public de jeunes lecteurs (à partir de 9-10 ans environ). Or, jusqu’à aujourd’hui, les enfants français de cet âge sont incapables de piger des jeux de mots en anglais, ce qu’a judicieusement su déceler l’éditeur.

Ainsi, grâce au travail d’orfèvre plein de fantaisie de Jean-François Ménard, nous voici émerveillés dans le « Chemin de Traverse » (Diagon Alley = diagonally « diagonalement ») prêts à dévorer des « dragées surprise de Bertie Crochue » (Bertie Bott’s Every Flavour Beans = « Les haricots de toutes les saveurs de Bertie Piedbot » (nb. c’est pour ça que je suis pas traductrice)).

harry potter illustré diagon alley chemin de traverse

Pourtant vous noterez que tous les noms ne sont pas adaptés. Sirius Black reste Sirius Black, car « black », j’imagine, est vraiment facile à comprendre, même pour un gamin.

Dans un univers parallèle se promène peut-être un Sirius Lenoir incompris.

#2 RESPECTER LES INTENTIONS DE L’AUTEUR

J’ai évoqué une question de langue, mais parfois l’idée d’ « accessibilité » d’un nom est plus fine que cela. Par exemple, les éditeurs de chez Bayard ont estimé que le (très bon) roman Horten’s Miraculous Mechanisms de Lissa Evans méritait d’être acheté, traduit et vendu aux petits français, en quoi je leur suis éternellement reconnaissante. En revanche, ils ont décidé que le héros, qui s’appelle Stuart, devait s’appeler Lucas.

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Franchement ? Quel rapport entre Stuart et Lucas ? Stuart est un prénom que les petits français connaissent depuis Stuart Little, est-il si inaccessible ?

Et en admettant que Stuart soit trop inhabituel, trop bizarre pour un jeune lecteur hexagonal — je grogne, mais je peux le concevoir — purée STUART c’est un prénom assez original, puisqu’il n’est pas dans le Top 100 des prénoms attribués en GB, tandis que LUCAS… y avait littéralement pas de prénom plus attribué que celui-là ! Je hurle.

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Stats INSEE 2009 des prénoms les plus attribués en France — données les plus récentes disponibles lors de l’achat du livre en 2011.

Il faut signaler que les éditeurs et traducteurs ont eu à composer avec un jeu de mot : Stuart Horten donne S.HORTEN soit « raccourci » ou, affectueusement, « riquiqui », qui en Français devient Lucas Hutin, L.HUTIN, ce qui est tout à fait correct mais n’excuse en rien le choix de Lucas (j’aime ce prénom, rien à voir). Un Lucas, c’est très différent d’un Stuart, voilà. Un Stuart en France, il pourrait s’appeler Clovis ou Maxence, chépa. En terme de popularité du prénom et de connotation, ce serait plus juste. Avec les initiales ça aurait fait C.HOUPY ou M.HINNUS et même en gardant L.HUTIN y avait qu’à l’appeler Lazare, Léopold ou même Lou(p), soyons fifou.

Peut-être sommes-nous simplement ici face à un cas de « Popularite aiguë » où, pour plaire à tout le monde, on fait un choix bateau. (J’explique dimanche prochain pourquoi c’est une mauvaise idée d’appeler ses personnages de romans par les noms les plus populaires IRL.)

Bref. Allez lire ce livre à part ça il est chouette.

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Le propos que j’entends développer à l’aide de cet exemple, c’est que dans l’adaptation des noms comme dans la traduction du texte, il faut respecter l’intention de l’auteur. (Et c’est possible, ça demande juste un petit travail de recherche.) Même si l’adaptation est, par définition, imparfaite, elle peut tenter d’être fidèle à l’esprit de l’original.

Illustration avec l’exemple, très proche du premier, de Hamish and the World-Stoppers, de Danny Wallace, devenu en V.F. Hector et les pétrifieurs de temps.

hector et les pétrifieurs de temps danny wallace

Comme dans le cas de Stuart, les éditeurs ont estimé que, heu, Hamish, c’était super chelou comme prénom, aux yeux d’un lecteur français de 9-10 ans (et même pour un adulte : on a tendance à être perturbé par une autre référence). En plus d’être foncièrement bizarre, ce prénom aurait pu induire en erreur sur le sujet du livre.

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La communauté Amish américaine.

Le prénom Hamish a été adapté en Hector, ce qui est un excellent choix car c’est :

  1. un prénom bilingue, pour ne pas faire tâche dans la petite ville britannique où se déroule l’action, et être accessible par des français (exigence respectée dans le cas de Lucas, bilingue aussi) ;
  2. un prénom à la popularité et à la connotation comparable (respect de l’intention de l’auteur). Hamish et Hector sont respectivement vers la fin des Top 100 anglais et français, ce sont des prénoms un peu ringards, mais sur le retour, grâce à la mode rétro.

Ils auraient pu l’appeler Harry, Henry, Harold, plus faciles, plus connus, plus populaires (oui, même Harold, grâce à Dragons), mais ils ont fait le choix de Hector et c’est cool.

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Harold dans Dragons, encore une bonne adaptation de nom puisqu’il s’appelle Hiccup dans la V.O., ce qui signifie « Hoquet » (oui, comme quand t’as le hoquet. Wtf n’est-ce pas.)

#3. ADAPTER ET… RISQUER DE FAIRE PERDRE SON CHARME À LA V.O

Aujourd’hui, qui ne se crisperait pas si je disais « OLIVIER Twist » au lieu de Oliver Twist ? Pourtant, pendant longtemps, les versions françaises de nos romans préférés ont ainsi adapté les noms de nos héros, même lorsqu’il n’était pas question de jeux de mots, et même lorsque le texte s’adressait à un public large !

 

Plein de petites choses sont à prendre en compte pour comprendre ce changement, mais surtout le fait que nous soyons bien plus familiers de la culture anglophone aujourd’hui, d’une part, et que nous soyons bien moins coloniaux assimilateurs envers les cultures étrangères d’autre part. À titre d’exemple, jamais on n’appellerait Léon Tolstoï « Léon » s’il se faisait connaître aujourd’hui. On l’appellerait Lev (parce que c’est son nom).

leon-tolstoi

Au fil de cette évolution de nos perceptions culturelles, on s’est mis à trouver un charme singulier et délicieux à tout ce qui rappelle l’univers dans lequel évolue le personnage. Si c’est le côté british dans Oliver Twist, c’est le côté fantasy dans Eragon, dont il ne nous viendrait pas à l’idée d’adapter les nom Saphira et Galbatorix, aussi ridicules soient-ils. (Mouahahah.)

#4. PRENDRE EN COMPTE LES HABITUDES DU GENRE

Je rigole en évoquant Eragon, mais ça s’est fait, de traduire des noms issus de la fantasy, et certaines habitudes ont la vie dure puisque Frodon Sacquet (Frodo Baggins en V.O.) restera encore longtemps Frodon Sacquet dans nos esprits, malgré les nouvelles traductions l’appelant à nouveau « Frodo ».

Vous trouvez pas que Frodon, c'est un nom de méchant, en plus ? Regardez-moi ce petit hobbit mignon, il a une tête à s'appeler Frodon ? Dorénavant je t'appellerai Pipou.

Vous trouvez pas que Frodon, c’est un nom de méchant, en plus ? Regardez-moi ce petit hobbit mignon avec ses dents de lait, il a une tête de méchant ? #non

En littérature de l’imaginaire (science-fiction, fantastique et fantasy), on a tendance à considérer que, si les noms vraiment imaginaires (comme Eragon, Frodo ou Daenerys) devraient rester inchangés, les noms ayant une signification transparente en anglais devraient être traduits. Tout simplement car, si l’univers n’est pas réel, ce n’est pas un nom anglais qui va lui donner son charme unique si particulier, mais bien un nom adapté, dont la signification en osmose le monde créé sera accessible au lecteur. C’est pourquoi la dynastie des Farseer dans L’Assassin Royal devient celle des « Loinvoyant », et que tous leurs noms de vertus bizarres sont adaptés : Shrewd devient « Subtil », Verity « Vérité », etc. C’est aussi pourquoi dans Game of Thrones, Davos Seaworth devient Davos « Mervault », ou King’s Landing « Port-Réal ». Comme ce n’est pas le charme oh-so-british qui nous appelle dans de tels univers, on s’en tamponne l’oreille, de l’anglais, et on traduit.

 

Dans un autre genre en revanche, on ne traduira pas du tout les noms de lieux et de personnages, quand bien même ils auraient une signification notable relativement inaccessible : c’est celui de la littérature générale et plus particulièrement de la romance. ❤
Là, on vient (en outre) chercher le charme de ce beau gentleman anglais ou américain ; son nom joue un rôle important dans la définition culturelle et fantasmée de sa personnalité, et merci bien mais, Christian Gris, il n’intéresse personne. C’est un exemple de situation où (il me semble) le charme de la V.O. primera toujours sur n’importe quelle autre considération.

#5. JONGLER AVEC LES RÈGLES DE L’ADAPTATION (lectorat, intention et charme de la V.O. et habitudes du genre)

Cas pratique !

Dans Tous nos jours parfaits, roman d’amour, de psychologie, et de découverte de soi, destiné à un public jeunes adultes, le héros porte le nom de Theodore Finch, patronyme par lequel il est toujours appelé.*

tous nos jours parfaits jennifer niven gallimard jeunesse

Finch, en anglais, c’est un pinson. Or, il y a, dans le titre, dans les illustrations de couv’ et de 4e, et occasionnellement dans les dialogues, des références et des jeux de langage sur ce Finch/pinson. Pour ne rien simplifier, en anglais, Finch est aussi attribué en tant que prénom, ce qui rend quand même l’appellation, dans le roman, plus naturelle. Or rien de tout cela ne fonctionne en français. Alors, faut-il adapter ? Trouver un prénom-nom qui évoque un oiseau en français ? (Pas simple, mais on pourrait penser à Falco, Merlin, Milan, Sterne…)

Les éditeurs de chez Gallimard Jeunesse, à qui reviennent ce genre de décision (le traducteur propose naturellement les adaptations qu’il juge pertinentes, mais c’est l’éditeur qui choiz) ont finalement jugé que non, il ne fallait pas adapter. Parce que, tout bien considéré :

  1. le public young-adult n’est pas aliéné par un nom anglophone. Il parle anglais en majorité, et (si des jeux de mots plus subtils peuvent lui échapper), à l’inverse, une adaptation frenchie risquerait de sonner faux dans un lycée aux États-Unis.
  2. Sans compter que le lectorat visé cherche l’exotisme particulier à la culture US lorsqu’il entre dans ce genre de roman.
Cet exotisme.

Cet exotisme par exemple.

On pourrait même ajouter que le nom « Finch », dans son dynamisme et son ton unique, apporte beaucoup à la beauté du duo amoureux adolescent et américain « Violet et Finch » (tout à fait dans le genre d’Eleanor & Park).

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J’espère que cette introduction à la question vous a rendu curieux. La prochaine fois que vous avez envie de taper un traducteur ou un éditeur pour un mauvais choix d’adaptation, rappelez-vous que vraiment, c’est pas simple, et si ça se trouve, ils ont fait au mieux ;

Pensez à Sirius Lenoir,

Et bonne lecture !

Julia (aka Lupiot)

Lupiot

* La manie bizarre des anglophones de s’appeler par leur nom de famille… Déjà dans Harry Potter je trouvais ça prodigieusement perturbant. À ce jour, je suis toujours à demi convaincue que Hagrid est le prénom de notre garde-chasse préféré, et Rubeus mais bah chépa, mettons c’est son surnom. #Déni

P.S. : Dimanche prochain, nouvel article sur les noms dans la littérature. Et le dimanche d’après aussi.


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40 réflexions sur “Found in translation — L’adaptation des noms dans la littérature jeunesse

  1. J’aime j’aime j’aime !
    Super intéressant, j’espère que tu vas creuser quelques exemples après ! 😀 Je crois que l’exemple de Rogue/Snape reste peu clair encore, notamment niveau sonorité ! (je me souviens d’ailleurs que quand je suis passée au tome 5 en anglais après les 4 premiers en français, j’ai dû demander qui était ce Snape un peu chiant :p)
    Vivement dimanche !

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    • Alors non je ne vais pas creuser cet aspect dans l’article suivant qui parlera d’autre chose mais du coup je vais le faire ici avec grand plaisir (ce qui ne m’empêchera pas à l’occasion de faire une ÉDITION SPÉCIALE HARRY POTTER sur les noms <3).
      Pendant des années j'ai détesté l'adaptation "Rogue" mais aujourd'hui j'aime vraiment bien les deux versions du nom de ce personnage.
      Dans Snape, on a le côté "snap", une onomatopée comme un coup de fouet + "snap" est un verbe qui signifie littéralement "parler à quelqu'un avec un ton sec" (un peu comme un claquement de bec énervé) & on a le côté "snake", serpent, mot auquel les sonorités de Snape renvoient clairement. Tout ça passant totalement à des kilomètres de la tête des jeunes lecteurs français c'est sûr qu'il fallait adapter.
      Le traducteur aurait pu partir dans la direction "serpent" mais ça allait commencer à faire beaucoup parce qu'en français on a déjà Serpentard qui est très marquant ("slytherin" en anglais, basé sur le verbe "slither", onduler, se glisser, qui évoque le serpent moins directement). Du coup JF Ménard est juste parti dans une direction de son choix pour un bon nom de "méchant" qui correspondrait au caractère délicieux de Severus. Et en ce sens "Rogue"… est vraiment un bon choix. Adj., "Qui manifeste envers autrui de la morgue, du dédain, du mépris. Synon. dédaigneux, hautain, méprisant." (TLF) Niveau sonorités on est plus sur du grognement, de l'aboiement, le son est plus agressif, moins susurrant, mais ça colle également. Bref, dans ce cas-là, c'est un vrai travail de réinterprétation. Les deux noms, Snape et Rogue, sont des facettes du même personnage, et chacun dans leur genre je les trouve très réussis.

      Ahah pour moi la découverte de "Snape" en mode "mécékicecon" fut par le biais des fanfictions et ça m'a perturbée et pris un certain temps d'adaptation.

      À dimanche !! Merci de ton message.

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  2. C’est super intéressant comme question ! Pour ma part, ça me fait rebondir sur un autre problème, pas vraiment sur la question des noms mais sur la question de la traduction : qu’en est-il de la question des noms de langues ? Personnellement, je suis toujours un peu désarçonnée quand dans un roman anglais, par exemple, il est question du « français » d’untel personnage ; on parle de quoi, de sa façon de parler sa propre langue (le roman est traduit, donc le français devient sa langue) ou de sa maîtrise d’une langue étrangère (bah oui, il parle français mais en vrai non) ?? J’ai déjà croisé les deux cas, et à chaque fois je trouve ça vraiment bizarre….

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    • OUI !! C’est infiniment chelou ! Je suis d’accord. Le plus choquant étant (pour moi) lorsque ce cas de figure se présente dans les films. Malheureusement dès lors qu’on table sur un doublage VF/une traduction littéraire, on peut difficilement passer outre le changement de la langue mentionnée, à moins, dans certain cas, de reformuler le « Je parle pas en bon français, ho ?? » par un « Je parle pas clairement pour toi, ho ? » mais pour les mentions de langues inesquivables, c’est problématique.

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  3. Super article ! J’ai encore le souvenir troublant d’être un jour tombée sur un tome de Narnia de la Bibliothèque rose chez mes grands-parents (ceux avec la vieille couverture cartonnée, là…) et constater avec effroi que Peter, Susan, Edmund et Lucy avait été rebaptisés Pierre, Suzanne, Edmond (EDMOND !) et Lucie. Pourquoi une telle tendance il y a quelques décennies de franciser les noms de la littérature jeunesse ? Pour ne pas dépayser le petits enfants ? Si tu as une réponse… Surtout que parfois les traductions nous restent plus en tête que les originaux (genre, le Club des Cinq, dont je me suis rendue compte il n’y a pas si longtemps qu’il s’agissait d’une traduction et que Claude, François, Annie, Mick et Dagobert s’appelaient en réalité George, Julian, Ann, Dick et Timmy !).

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    • Contente qu’il tait plu !
      « Pourquoi une telle tendance il y a quelques décennies de franciser les noms de la littérature jeunesse ? »
      Je passe dessus rapidement dans l’article parce que ça me semble assez simple à « analyser » mais peut-être me trompé-je : on est beaucoup plus familiers de l’anglais aujourd’hui, avec la démocratisation du cinéma anglophone en V.O. notamment, et dans une narration se déroulant en contexte anglais/américain, on s’attend à du Jack/Jane, pas à du Jean/Jeanne. Du coup, on adapte beaucoup moins les noms qu’avant, surtout si ce n’est pas nécessaire à la compréhension.
      Avant la moitié (voire fin) du XXe, au ciné le doublage était quasi systématique eeeet… le franco-centrisme beaucoup plus marqué, aussi. (Pré-mondialisation culturelle) (D’où la vanne sur « Léon » Tolstoï >> TOUT était francisé.) Aujourd’hui, ça ne se fait plus, ça fait désordre, c’est irrespectueux, on veut en majorité conserver l’original, parce que respecter une culture c’est déjà respecter le nom des gens, tout de même. Du coup l’adaptation se fait lorsqu’elle est nécessaire du point de vue informatif. (Ex. dans HP : Oliver Wood qui devient Olivier Dubois parce qu’il y a un gros malentendu sur le « Je peux vous emprunter du bois ? » de McGo, qui inquiète Harry qui croit qu’il va se prendre des coups de bâton. Et JF Ménard a changé Oliver en Olivier sans doute pour une question d’harmonie avec le nom de famille.)

      Le Club des Cinq : tellement ! mais du coup, pour tous les romans jeunesse traduits de cette époque, pour moi lesnoms seront ceux que j’ai lus dans les traducs de mon enfance, y a pas à tortiller. Et Dagobert, c’est tellement cute ! (Mieux que Timmy franchement.)
      Concernant Narnia je serais curieuse de voir à quelle date le changement s’opère (quand est-ce qu’Edmond devient Edmund)… (Et moi j’aime beaucoup Edmond c’est le nom d’Edmond Dantès dans Monte-Cristo et puis aussi celui d’Edmond Rostand ❤ Moulte classe.)

      See you soon !

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  4. Un article que j’ai absolument adoré !! ❤
    J'ai commencé il y a 3 ans à lire en anglais, au début de lycée, et depuis je n'arrête pas de m'interroger quand je lis en anglais sur comment on pourrait traduire, et en français traduit (pas toujours possible de lire en VO 😥 ) comment est la version originale. Un casse-tête quasi permanent parfois, surtout quand c'est mal traduit.
    Je n'avais jamais trop réfléchi aux noms des personnages de livres – à part dans ton dernier article -, mais pour moi qui ne jure que par la VO, je préfèrerais juste qu'il n'y ai pas de traduction ! (Même si beaucoup de français ne connaîtrais pas les livres anglais (horrible !), ce n'est donc pas la bonne solution, je sais ^^'. Mieux vaut que les livres soit accessibles au plus de personnes possibles, qu'elles aient eu la chance d'apprendre une autre langue ou non !).
    Camille

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    • Alors oui dès qu’on peut passer à la V.O. tous ces problèmes disparaissent, et dans le même mouvement, parfois, on enrichit sa compréhension du texte d’une double lecture (si on a commencé en VF et qu’on (re)découvre le même texte, ou sa suite, en VO, on en a finalement une vision plus complète et plus riche que ceux qui l’ont lu dans une seule langue, quelle qu’elle soit ! Cf. ce que je disais en commentaire un peu plus haut sur Snape. C’est pour ça que la traduction est siii intéressante.)
      Donc dès qu’on passe à la VO on est libéré de ces pb, mais c’est un exercice vraiment chouette je trouve, que de se demander *quand* adapter et *par quoi*, notamment dans les livres pour enfants.

      Merci beaucoup pour ton commentaire ❤ J'espère que les prochains articles sur ce thème te plairont autant.

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    • J’avais raté que tu étais traductrice in training — pfiou, contente que ça passe le scan de tes yeux de lynx. (Et merci de me rassurer en me disant que toi aussi tu es totalement québlo sur Hagrid.)
      J’espère que les articles suivants te plairont autant.

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      • J’ai mon diplôme de traductrice depuis 3 ans, mais j’ai vite été découragée par le peu de place pour les nouveaux traducteurs dans l’édition, et comme en plus je suis difficile et que j’aurais aimé percé dans la jeunesse… Du coup, pour rester dans le milieu des livres j’ai repris des cours en librairie et après deux ans et un 2e diplôme, je suis donc libraire dans une trop méga chouette librairie spécialisée jeunesse 🙂 (voilà pour le moment racontage de vie !) Mais l’aspect traductologique des romans continue de me passionner et donc cet article ne pouvait pas me laisser insensible ! 🙂

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        • Le peu de place pour les nouveaux traducteurs… Oui… je n’ai pas assez de recul pour pouvoir réellement en juger mais l’impression que j’en ai du côté éditorial c’est qu’on tourne avec (peu) de traducteurs (expérimentés, toujours les mêmes), notamment par habitude, et par manque de volonté/énergie/temps pour donner leur chance aux nouveaux.
          MAIS IL ME SEMBLAIT BIEN que tu étais libraire. Très beau métier ❤

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  5. Je rejoins l’opinion générale, j’ai beaucoup apprécié cet article, et je découvre du même coup ce site avec plaisir.
    Une petite note en passant, c’est à la demande de Tolkien que « Bilbo » est devenu « Bilbon ». Linguiste, il avait fait une note pour diverses traduction, pour que les noms soient bien traduits selon les pays, et visiblement les noms en terminaisons « o » passent en « on » en français.
    Je préfère également la version « Bilbo le Hobbit », mais c’était juste pour signaler qu’à ma connaissance, c’est un choix de l’auteur.

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    • Intéressant de savoir que c’est un choix de l’auteur ! Mais c’était totalement dû à la mode de l’époque, du coup (où effectivement tous les « o » étrangers devenaient facilement des « on » français : Léo devenait Léon, etc.). Comme la mode est éphémère (même si elle est cyclique), aujourd’hui ça nous paraît dommage.
      Merci beaucoup de ton commentaire et je suis ravie ravie que cet article t’ait fait découvrir le site !

      Tolkien a donné lieu à des tonnes d’étude linguistiques passionnantes puisque c’était lui-même un obsessionnel de la langue et des noms… (Je ne me lancerai pas dans l’aventure je connais mal son œuvre et c’est ti-ta-nes-que, mais à l’occasion je mettrai des liens vers mes études préférées.)

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      • En fait, Tolkien a bien laissé des instructions pour ses traducteurs, mais « Bilbo » n’y figurait pas. C’est une initiative du premier traducteur du Seigneur des Anneaux, qui s’est probablement inspiré de ce qui arrive à de nombreux prénoms germaniques en français, du type Otto / Othon. (Bizarrement, c’est le même traducteur qui avait laissé « Bilbo » dans le Hobbit quelques années auparavant…) Les traductions de Tolkien parues ces dernières années sont revenues aux prénoms en -o.

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    • Merci pour ton message ! (Je ne sais pas si on y pense rarement parce qu’étant obsédée par les noms j’y pense tout le temps, j’ai zéro recul.) Quand bien même l’auteur choisirait le nom de son personnage sans réelle raison (ce qui doit arriver, bien que rarement), le taff de l’éditeur étranger et du traducteur étant d’adapter le plus fidèlement possible son œuvre, c’est là que s’entame une réflexion que je trouve super chouette sur le degré d’adaptation, la direction à prendre, etc.

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  6. Encore, un article passionnant ! J’ai hâte de découvrir la suite, d’autant plus que je pense beaucoup plus à la traduction depuis quelques années (depuis que j’ai commencé à lire en anglais en fait). Très agréable de te lire sur un sujet aussi intéressant.

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  9. Excellent article, avec des exemples bien trouvés !

    Et pour traduire moi-même de la romance, je confirme que je laisse soigneusement les noms des personnages intouchés : il font partie du charme et de ce que recherchent les lectrices.
    Ça va même si loin que pas mal d’auteures francophones prennent des pseudos à consonance anglophone et donnent des prénoms américains à leurs héros – ce qui, personnellement, m’agace un peu, mais c’est un autre débat.

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  10. Ouah! Merci pour cette réflexion ! L’article est excellent, ce fut très intéressant! 🙂
    Je découvre seulement ton blog grâce à Yasmine de Whatever Works, et c’est une vraie pépite !
    Bonne continuation à toi 🙂

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