Si vous avez aimé… Jane Austen (Liste de livres)

Parmi mes ami(e)s, j’ai de nombreux fans de Jane Austen. Il y a peu, l’une d’entre elle, connaissant ma passion folle furieuse pour 1) les listes, et 2) les recommandations littéraires, m’a demandé ce qu’elle pourrait bien lire après être tombée totalement et irrémédiablement amoureuse d’Orgueil et Préjugés (1813).

C’est son roman plus connu du grand public (et le plus adapté au ciné), ce qui me semble être un bon point de départ pour cette thématique Si vous avez aimé Jane Austen. (Je serai assistée dans ce proiet par mes fidèles minions et quelques invités, dont vous verrez les noms apparaître ici et là.)

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Orgueil et Préjugés, c’est un classique d’Outre-Manche d’une ironie exquise, une histoire d’amour sur fond d’honneur et de rang social… 

orgueil et prejuges jane austenElizabeth Bennet — Lizzie pour les intimes — est la deuxième sœur d’une famille de 5 filles dont la mère n’a qu’une idée en tête : leur assurer un beau mariage. L’avenir de l’aîné, Jane, semble radieux quand un beau et riche gentleman, Mr Bingley, emménage dans le château voisin. Si seulement il n’était pas toujours accompagné de ses insupportables sœurs et de son orgueilleux ami, Mr Darcy ! Lizzie souhaite plus que tout le bonheur de sa sœur mais, entre un père nonchalant, des benjamines sur-excitées, un cousin ridicule et les ragots rapportés par Mr Wickham, elle n’est pas au bout de ses peines…

Plus qu’une histoire à l’eau-de-rose, Orgueil et Préjugés est une véritable satire de la haute société anglaise de la fin du dix-septième siècle. Si vous aimez les romans sociaux, drôles et romantiques, agrémentés de costumes d’époque et de valeurs des siècles passés, courrez donc aussi lire… (Par Bloup)

  • 1. D’autres romans de Jane Austen

(Je vous devine tout ébouriffés par cette audace. Si vous voulez passer à la suite, sautez directement au point 2.)

D’autres titres de cette romancière, alors, mais lesquels ? Par exemple :

raison et sentiment le cœur et la raison jane austenRaison et sentiments (1811) (parfois appelé Le cœur et la raison), où l’on suit les déboires amoureux des deux sœurs Dashwood, Elinor (la raison) et Marianne (les sentiments). À la mort de leur bien-aimé paternel, c’est leur demi-frère plus âgé qui empoche le jackpot. Il pourrait les aider financièrement mais, épouse mal embouchée oblige (pour ne pas dire grognasse sans cœur), il décide plutôt de les encourager très fortement à déménager à la campagne. Là, Marianne, Elinor, leur mère et leur petite sœur sont bien obligées de s’adapter à leur nouvel environnement. Et surtout, à leurs nouveaux voisins ! Cela ne se fera évidemment pas sans larmes et trahisons amoureuses… quoique…

you say that and then id always does emma thompson sense and sensibility

C’est un roman où chacune apprend de la sensibilité de l’autre, tout en faisant face aux embûches de la société (très à cheval sur les positions sociales) dans laquelle elles évoluent. C’est dramatiquement romantique, délicieusement ironique, et même si tout porte à croire le contraire, ça se finit bien. (Par Bloup, dont c’est le favori)


l'abbaye de northanger jane austenL’abbaye de Northanger
(1818)
, où l’on accompagne Catherine Morland, biberonnée aux histoires gothiques, dans sa découverte de l’âge adulte : presque adolescente, à l’imagination vive, jeune fille romantique et excessivement enthousiaste à l’idée de séjourner dans une sombre abbaye, elle grandit et s’affirme au contact du BG local, Henry Tilney, et de sa sœur Eleanor (qui a un bien joli prénom). 

lady susan jane austenLady Susan (1794, publié en 1871), le seul à être sous forme épistolaire, si vous aimez ça !

love and friendship film poster jane austenM. Vernon et son épouse sont très surpris de recevoir la demande de la sœur de Monsieur de venir leur rendre visite. En effet, Lady Susan n’a jamais montré le moindre égard pour son frère et sa famille. Sa venue aurait-elle un rapport avec toutes les rumeurs que l’on entend autour du thé chez les riches familles des environs ? (On me souffle à l’oreille qu’il vient d’être adapté au cinéma sous le nom Love & Friendship) (Par Bloup)

Et encore trois gros pavés des familles :

emma jane austen

Emma (1815), the masterpiece. Beaucoup d’élégance dans la narration. Ce roman est donc centré sur le personnage d’Emma, jeune, belle, riche, intelligente, qui se distrait en jouant les entremetteuse avec plus ou moins d’habileté. Shenanigans ensue. Elle reçoit beaucoup d’attention de divers jolis partis mais non merci. (En plus, Emma a une fâcheuse tendance à lâcher des mots d’esprits contrariants, du coup, faut être à la hauteur.) 14 retournements de situations et 7 révélations dramatiques plus tard, on réalise en même tant qu’Emma que… non mais vous avez cru que j’allais vous spoiler la fin ?

mansfield park jane austen

Mansfield Park (1814), où Fanny est envoyée vivre chez ses cousins riches qui la méprisent gentiment, sauf Edmund qui la prend sous son aile et l’accompagne dans son apprentissage de la vie et des vertus (le JH veut entrer dans les ordres, pour situer). C’est un roman je dirais un peu plus moral que les autres, ce qui ne l’empêche pas d’explorer et de se moquer beaucoup des standards et double-standards sociaux de l’époque. On s’y épouse, on s’y trompe, on s’y enfuit en Écosse, on s’y dit ses quatre vérités en passant par 18 chemins, et tout est bien qui finit bien.

FC_Austen-persuasion.inddPersuasion (1818), où Anne Elliot est amoureuse de Frederik Wentworth, un beau p’tit gars prometteur, mais se laisse persuader par sa bestah de rompre les fiançailles (parce qu’il a pas un radis, le mec !), brise le cœur du beau p’tit gars, et vieillit dans la tristesse. Au début du roman, elle a 27 ans (autant dire qu’elle est bonne pour la casse, la Catherinette) quand BAM, un beau gosse sauvage apparaît, et devinez quoi ? C’est Frederik, et il a évolué en Capitaine de la Navy. Et que pense-t-il de la pauvre Anne ? Qu’elle manque singulièrement de caractère, pour s’être ainsi laissée influencer. Pan, dans les dents. Elles s’annoncent bien, les vacances à la mer.

Voilà pour un avant-goût de Jane Austen : comme tout le reste de la liste, ce n’est qu’une sélection, bien sûr, faites-vous votre opinion, etc.

À savoir que les textes de Jane Austen étant tombés dans le domaine public (70 ans après sa mort et, pour les traductions, 70 après la mort du traducteur), vous pouvez les trouver gratuitement sur le net (ici : Emma), et dans diverses éditions : il y en a pour tous les goûts. Je vous ai plutôt mis des couvertures old-school à base de tableaux impressionnistes et autres portraits de demoiselles, mais il existe une nouvelle charte graphique proposée par 10/18 qui fait plus pep’s et moderne, si c’est votre dada !

 

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Donc, quand vous avez épuisé Jane Austen, vers quoi vous tourner ? Par exemple vers…

  • 2. Jane Eyre, de Charlotte Brontë (1847)

jane eyre charlotte bronte

Où une petite orpheline, maltraitée et meurtrie pendant son enfance et son adolescence (passées dans un pensionnat ultra-strict où la moindre once de curiosité et d’espièglerie sont punies sévèrement), se retrouve gouvernante d’une charmante fillette. Le problème vient de son protecteur, Mr Rochester, un  type bourru et antipathique qui est toujours de méchante humeur, mais ça, Jane, ça la soule très vite. Faut pas déconner non, plus, c’est pas paske t’as un château que tu peux agir n’importe comment. Et pis, sous la carapace, y a peut-être un vrai être humain, qui sait ? (Par Bunny)

you transfix me quite fassbender jane eyre

Et si vous aimez Jane Eyre, essayez… d’autres romans des sœurs Brontë, notamment :

hurlevent emily bronteLes Hauts de Hurlevent, d’Emily Brontë (1847), beaucoup moins rigolo (il faut le signaler) que du Jane Austen. Mais porté par un personnage féminin complexe et traversé par une inégalable cruauté humaine, il reste assez fascinant. (Personnellement je l’ai trop étudié en cours d’anglais et il me sort par les trous de nez.)

agnes grey anne bronteAgnes Grey, d’Anne Brontë (1847), où l’on suit les tribulations sociales et morales d’Agnès qui, pour venir en aide à ses parents désargentés, devient gouvernante (comme Jane Eyre, ou Jane Fairfax dans Emma), seul métier qu’une jeune femme de sa condition peut prétendre exercer. Autant vous dire qu’elle en a vite marre de ces petits anges insupportables, condescendants, manipulateurs et pourris gâtés.

Et de la même époque mais plus hexagonal, on vous conseille aussi…

EXE_Dumas-pauline.inddPauline, d’Alexandre Dumas (1838), où l’on tombe en cascade dans des récits enchâssés (la spéciale de l’époque, un peu) jusqu’à faire la rencontre de la gracieuse Pauline, dont le narrateur est amoureux, et dont il apprend aussitôt le décès. Ça part mal et ça ne fait qu’empirer même si Pauline n’est en fait que moyennement trépassée — ouf. Mais il y a des vols, des meurtres, du poison, des gens emmurés vivants, une ambiance gothico-tragique terrible et de jolis voyages en Écosse (qui se confirme comme le pays où se barrent les personnages romantiques quand ils ont besoin de se reposer de leur société légèrement frappée).

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Si les sœurs Brontë ne sont pas votre tasse de të…

(Je les recommande car je vois très bien la parenté avec Jane Austen (époque, thèmes,  romantisme) et de nombreux fans de cette dernière apprécient les premières. Mais moi, hmpf.)

…je vous inviterais bien à croquer un morceau de :

  • 3. Nord et Sud, d’Elizabeth Gaskell (1854-55)

elizabeth gaskell nord et sudCette extraordinaire fresque romantico-sociale commence quand la famille Hale, pour des raisons religieuses chuchotées, quitte son sud de l’Angleterre ensoleillé (lol, j’avoue on n’y croit pas) pour aller s’installer au nord, dans une ville industrielle grisâtre pleine de travailleurs pauvres et exploités qui ont le culot de les prendre pour les gros bourges qu’ils sont. La jeune Margaret se lie d’amitié avec les gens du coin, et découvre qu’ils sont bien plus sympas qu’au sud (ce que confirme, 200 ans plus tard, l’auteure de ces lignes). Par contre question boulot c’est galère vu qu’ils inhalent des boulettes de coton, toussent du sang, vivent dans des cloaques et gagnent que dalle.

Cette situation est en partie due à l’un des boss, John Thornton ; on voudrait le détester, mais en même temps il est ultra sexy. Margaret est conflicted, comme nous, et alors que la grève gronde, elle découvre le petit côté sensible de John. Ceci dit, la mère de John est une sale ordure de chienne et ferait une affreuse belle-doche ! Que faire ?! et en plus de ça, le frère de Margaret est recherché pour mutinerie (oui, ça c’est un peu l’élément WTF de l’intrigue). Allez lis ! lis ! C’est romanesque comme tout ! (Par Clémentine Beauvais)elizabeth gaskell cranford

Et du coup là si ça vous a plu, vous avez plein d’Elizabeth Gaskell à vous mettre sous la dent, à commencer par exemple par Cranford (1851-53).

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  • 4. Anna Karénine, de Léon Tolstoï (1873-77)

Tolstoi.inddNotre héroïne éponyme est une trentenaire brune et dodue (c’est pourquoi Keira Knightley l’a jouée au cinéma) mariée à un haut fonctionnaire insipide, dont elle a un enfant morveux qui se révélera indispensable à l’intrigue. Au début du roman, Anna est en route pour Moscou, où elle va retrouver la famille de son frère. Chaos total : le frangin a par inadvertance trompé sa femme plusieurs dizaines de fois, et elle s’en est aperçue. Anna convainc sa belle-sœur que c’est pas grave, t’as vu, il l’aimait pas, l’autre meuf, en plus c’était trop une allumeuse, etc. Mais ironie ! Anna vient justement de croiser dans le train un beau gosse nommé Vronski (rien à voir avec la Feinte), qui éprouve immédiatement pour elle une attirance à la Cullen. Ils se résistent, se dragouillent, se bécotent, ce qui doit arriver arrive… et puis, ciel ! son mari ! Là on en est seulement au quart du bouquin. Je vous laisse découvrir la suite. (Par Clémentine Beauvais)

guerre et paix tolstoiEt si vous avez aimé Anna Karénine, les gars, allez lire Guerre et Paix (1864-1869). C’est BIEN. (Et quand ça parle de guerre à n’en plus finir et dans des détails épuisants, vous pouvez sauter des pages. Mais si. Rappelez-vous : vous êtes un lecteur libre.)

Bon alors par contre, pour ces deux-là, alerte MÉGA PAVÉS. On est sur du 1000 pages, facile. (Mais c’est bien. C’est très très bien.) (En plus court, y a La mort d’Ivan Ilitch (1886), sinon. Pas lu, désolée.)

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  • 5. Madame Bovary, de Gustave Flaubert (1856)

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Emma, elle lit plein de bouquins romantiques dramatiquement romanesques qui lui font tourner la tête. Attirée par un idéal d’amour transi, rêvant au prince charmant, elle s’ennuie terrib’ avec son Charles, un médecin de campagne un peu boulet. Du coup, elle fricote à droite à gauche, à la recherche d’aventure et d’amour dignes de son âme, et ne récolte que des bourrins et du kitsch. Tout ceci est fort drôle car complètement moqueur : c’est la rencontre de l’esprit Romantique avec le dur principe de réalité. Plus on avance dans le roman, plus notre dramaqueen d’héroïne espère avec passion une expérience à la hauteur de son cœur enflammé, qui semble de moins en moins probable. On se délecte de l’humour de Flaubert et des déboires de ses personnages.

Et si vous avez aimé Madame Bovary, alors direction L’éducation sentimentale (1869).

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  • 6. Bel-Ami, de Guy de Maupassant (1885)

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Ancien militaire désargenté, celui qu’on appellera Bel-Ami croise un ancien pote à lui devenu journaliste qui le prend en pitié et lui propose un emploi de catégorie C. Et voilà-t-y pas que Bel-Ami se met à draguer tout ce qui bouge, y compris la belle de son pote ! Franchement, ça se fait pas.

C’est l’ami que tu ne veux surtout pas présenter à ta chérie en soirée. C’est une histoire d’ascension sociale par la séduction. C’est le tapin chez les bourgeois. C’est Bel-Ami.

Le bonus : une bonne couche de satire sociale sur le journalisme, la politique et les milieux d’affaires, milieux intimement mêlés qui nous apparaissent comme complètement pourris et arrivistes — et ce qui est agréable, tu vois, c’est que ça a beaucoup changé.

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  • 7. La fin de la jalousie et autres nouvelles, de Marcel Proust (1896)

la fin de la jalousie proust folio

Honoré, épris d’un amour sans cesse renouvelé pour la belle Françoise, est un fragile tourmenté. Quand il va bien, il s’émeut d’un rien, quand il va mal, je te raconte pas l’angoisse. Le drame interne est déclenché dans son petit cœur en pétales de roses lorsqu’il apprend que sa Françoise, sa parfaite Françoise, a la réputation d’être une femme facile. Ouch ! Honoré mord brutalement le fruit amer qu’on appelle jalousie…

Comme dit la quatrième de Gallimard : Mondains, voluptueux et cruels, les personnages de ces nouvelles de Proust virevoltent avec raffinement, aussi, si vous aimez La fin de la jalousie, considérez-le comme un délicieux avant-goût du plat principal, autrement plus copieux : À la recherche du temps perdu (t. 1 : Du côté de chez Swann).

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  • 8. Gatsby le magnifique, de Francis Scott Fitzgerald (1925)

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Eté 1922, New York. Tous les week-end, le quartier de West Egg résonne des fêtes fastueuses données par un certain Gatsby dans son château au bord de l’hudson river. De l’autre côté de la rive, vit Daisy, mariée au riche (et crétin) Tom Buchannan. Pour faire court nous sommes en pleine telenovela version années folles : Gatsby (qui a l’agacante manie d’apeller tout le monde « vieux frére ») aime Daisy (la cousine de Nick, le narrateur de cette histoire où il ne sert pas à grand chose) ; Daisy, la seule gonzesse avec Cristina Cordula à être capable de pleurer à la vue d’une magnifaïque chemise, s’ennuie auprès de Tom qui de son côté a une aventure avec Myrtle qui est mariée avec Georges (un vulgaire garagiste, d’ailleurs le seul à avoir un vrai métier dans cette histoire…).
Bref, ajoutez à ça des fêtes sompteuses dans des villas qui ne le sont pas moins, un détour par l’hotel Plazza (garanti sans DSK), plus de luxe que dans le numéro de rentrée de Vanity Fair, deux morts (je ne vous dis pas lesquels sinon c’est pas drôle) et vous comprendrez que les scenaristes d’ Amour gloire et beauté n’ont rien inventé… mais bon, tant qu’à faire, préférez l’original aux contrefaçons : éteignez la télé et lisez Gatsby, The Great Gatsby. (Par Marine Carteron)

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L’illustration ci-dessus est tirée de la bande-dessinée Gatsby adaptée par Melchior-Durand et Bachelier, chez Gallimard, qui est ma foi plutôt dans le haut du panier.

gatsby le magnifique melchior bachelier bd

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  • 9. Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Stefan Zweig (1927)

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Une veuve anglaise rencontre à Monte-Carlo un jeune homme consumé par son addiction au jeu et, voulant le sauver, se donne bientôt entièrement… jusqu’à se perdre ? En l’espace de vingt-quatre heures, c’est l’histoire d’un coup de foudre auquel se mêle une étrange relation maternelle, où l’addiction incontrôlable vous ferait tout sacrifier — y compris votre confortable vie dans la bonne société — pour fuir avec votre délicieux poison.
Zweig est le champion des nouvelles psychologiques, qui nouent avec délicatesse les éléments des conflits intérieurs qui traversent (et parfois bouleversent) nos existences. C’est à la fois tout plein de jolies choses et… sombre. (Parce que les choix dans la vie d’une femme à l’époque ne se prennent pas à la légère.)

zweig-la-confusion-des-sentimentsSi ça vous a plu, vous pouvez entamer sans trop réfléchir tout le reste de Stefan Zweig, dont l’œuvre est composé de nombreuses nouvelles (ou romans courts), ce qui est toujours agréable au milieu de cette liste de gros parpaings.

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  • 10. Aurélien, de Louis Aragon (1944)

<FEFF0041007200610067006F006E002D00410075007200650301006C0069006Première phrase : La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Indice : le bonhomme ne reste pas sur cette première impression. Sa deuxième impression : elle ressemble à une noyée. Sexy. Inconnue. A la dérive. Comme lui ! Une histoire d’amour aussi méandreuse et torturée que la Seine qu’Aurélien observe depuis sa fenêtre, ça te tente ? Alors plonge. (Par Clémentine Beauvais)

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Il ne vous aura pas échappé que nous nous rapprochons de plus en plus de l’époque contemporaine, de recommandation en recommandation. Avant de passer la frontière de la deuxième moitié du XXe, je vous propose un intermède.

  • 11. Ces quatre romans que l’équipe d’Allez vous faire lire n’a pas lus mais que, par recoupement d’information et recommandations externes, j’estime être potentiellement du goût des amateurs de Jane Austen. Je décline toute responsabilité en cas d’intense rejet, c’est pas moi qui vous en ai parlé, j’ai un alibi, j’étais au cinéma.

 

Fin de l’intermède.

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Nous entamons la deuxième moitié du XXe et avec, nous allons enfin pouvoir vous proposer… de la jeunesse ! Mais si ! 

  • 12. Le château de Cassandra, de Dodie Smith (1947)

chateau de cassandra dodie smith allez vous faire lier

Années 30 . La famille Mortmain vit sans le sous dans un vieux château d’Angleterre. Cassandra et sa sœur Rose partagent la même chambre et leurs secrets, à l’image des héroïnes de Jane Austen ou Charlotte Brönte, qu’elles admirent profondément. Rêvant de richesses qui leur permettraient de sortir de leurs misère, leur quotidien est soudain bouleversé par la famille héritière américaine du manoir voisin… et accessoirement leurs nouveaux fortunés propriétaires. Simon Cotton, l’aîné des deux frères, fait particulièrement forte impression à Rose…

shy in love fleur bambi

Cassandra, la narratrice (drôle, moderne, intelligente) n’épargne personne : son père écrivain en panne (« Mortmain, « main morte ») aux réactions ridicules ; sa belle-mère Topaz, fière et digne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et fait bien tout ce qu’elle veut en se moquant du regard des autres ; Mrs Fox-Cotton, riche et hautaine photographe en mal de jeunesse…

Introspection, description honnête de son entourage, tout y est ! Sensible et empathique, son récit est ponctué de remarques parfois ironiques sur la situation. Un grand classique de la littérature jeunesse en GB, ce texte est un plaisir à découvrir encore aujourd’hui.

(Extraits de la chronique de Bloup du Château de Cassandra, parue il y a quelques jours.)

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  • 13. Quatre sœurs, de Malika Ferdjoukh (2003)

quatre soeurs l'integrale malika ferdjoukhFermez les yeux et imaginez une falaise crevassée sur laquelle viennent s’écraser quelques vagues fougueuses. Sur cette falaise, vous posez une maison, une grande maison sinueuse, vieille, craquelée qui ne semble tenir debout qu’à grands renforts de vie et de tendresse. Autour de la maison vous ajoutez du vent qui vient hululer dans la maison et chanter sous la falaise. Et dans la Vill’Hervé, parce que c’est son nom, vous ajoutez une tornade vivante : cinq sœurs. Et si je vous dis qu’un an avant le début de l’histoire, elles ont perdu leurs parents, vous imaginez un livre triste ? Eh bien vous vous trompez. Car les cinq sœurs, pétillantes et débrouillardes, continuent de se relever comme le lierre de la Vill’Hervé. Elles se sont accrochées à leur coin bancal de paradis et se jettent dans la vie comme les vagues sur la falaise.

Dans ce livre terriblement réconfortant, le quotidien de ces cinq sœurs, bousculé par le burlesque de leurs aventures anodines, emporte, réjouit, donne le sourire et met un petit point au cœur. Votre nouveau livre doudou, comme votre « plus-gros-plus-vieux-pull », c’est lui. (Par Nathan)

 

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jonathan strange & mr norrell susanna clarke

La magie anglaise est en train de mourir de sa belle mort quand s’ouvre ce roman titanesque. On en garde le souvenir vague de ces choses en passe de devenir légende. Jusqu’au jour où Mr Norrell, une sorte de notaire compassé anti-sexy au possible, la ressuscite et devient une super-star dans le royaume. Tout va pour le mieux dans le roman le plus documenté du monde — qui nous offre tant de notes de bas de page que, par moment, on se demande si, euh, en fait, ben, ce serait pas un livre d’Histoire… comment ça il n’y a pas eu de navires de pluie ni de zombies dans les guerres napoléoniennes ? — quand Mr Norrell voit apparaître un concurrent : le jeune, beau et fringant Jonathan Strange. #troBG

Jonathan Strange & Mr Norrell est une fresque historico-romantico-politico-magique tout à fait unique, qui rien que d’y penser refait palpiter le ventricule gauche de mon petit cœur rêveur — celui où s’est coincé le doigt ensorcelé de Lady Pole, découpé par un homme fée. Oui, vous avez bien lu, c’est étrange et légèrement inquiétant. La raison et la folie s’y côtoient constamment, les légendes prennent vie dans les prés, et tout le monde reste, pendant ce temps là, très, très anglais. On s’y courtise, on s’y manipule, c’est fantastique. Allez-y.

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  • 15. Lady Helen, d’Alison Goodman (2015)

(Vient de sortir, en septembre 2016, chez Gallimard Jeunesse !)

lady helen le club des mauvais jours alison goodman

Lady Helen, jeune femme couvée, fait son entrée dans le monde précieux de la Régence Britannique, en essayant de faire oublier le trouble héritage de sa mère (mystère…) pour décrocher un beau mariage. Tout va pour le mieux dans le Londres de 1912 quand la belle horlogerie de la vie d’Helen se détraque. Son cortège de bals est alors augmenté d’une donnée significative : des démons au mode opératoire vampirique tout à fait étrange et parfaitement répugnant, rôdent dans la ville. Un certain Lord Carlston (un noble de très mauvaise réputation) lui apprend que le Club des mauvais jours, dont il est un membre éminent, est chargé d’en faire la chasse. Et voilà notre chère Helen recrutée (un peu de force) par ce club très étrange.
Saura-t-elle changer de mode de vie… et s’approprier ses nouveaux pouvoirs ?

Lady Helen est un ovni. J’ai quelques reproches à lui faire du point de vue de la narration, mais plusieurs chapeaux à lui tirer côté univers, aussi, peut-être reviendrai-je vous en parler dans une chronique.

maybe rdj

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Il ne vous aura pas échappé, cette fois que nous avons atteint des livres tout juste sortis en 2016 et que cette liste touche donc à sa fin.

Or does it ?

Avant de vous quitter, je vous propose une nouvelle sélection. Ce coup-ci, les livres ont été lus (entièrement ou partiellement) et… , bon, voilà, ils ont été lus. Je ne les vous recommande pas forcément en tant qu’œuvre littéraire, cependant, si vous êtes fans d’Orgueil et Préjugés, vous pouvez difficilement passer à côté d’un plaisir aussi simple et honnête :

le journal de bridget jones helen fielding16. Le Journal de Bridget Jones, d’Helen Fielding (1998), réécriture moderne et libre d’Orgueil et Préjugés (mais si ! vous reconnaîtrez une part substantielle de l’intrigue et plusieurs personnages (et Colin Firth)). Bridget Jones est un roman sous forme de journal intime (avec les effets de rédaction laconiques que cela peut entraîner) tenu par une JF trentenaire désespérée de rencontrer le Prince Charmant et l’alcool amincissant. (Et très mauvaise juge de caractère).

orgueil et prejuges et zombies17. Orgueil et Préjugés et zombies, de Seth Grahame-Smith (2009), où le titre est suffisamment explicite : c’est le roman le plus célèbre de Jane Austen, mâtiné d’intrusions de morts-vivants. Mr Bennett a envoyé ses quatre filles dans un monastère Shaolin pour les former à l’art du combat afin de les garder en vie jusqu’au jour de leur mariage ; la première qualité de Mr Darcy est qu’il est un exterminateur de zombies hors-pair. Oui, tout est complètement WTF. Ça peut être drôle, à vous de voir ; je ne l’ai pas lu en entier (pas fan du style) mais je me suis esclaffée à plusieurs reprises (après, je ne suis pas sûre de l’avoir toujours fait au moment prévu par l’auteur).

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Sur ce, c’est l’heure de nous quitter. J’espère que vous aurez apprécié la diversité des plumes ayant œuvré à cet article et le sérieux exemplaire avec lequel nous vous avons fait (re)découvrir ce panel romantique. Le sérieux, c’est quelque chose de très important pour moi. C’est un peu ce qui cristallise ma relation à la littérature, ok.

trying-to-be-seirous

Julia aka Lupiot

Lupiot

25 réflexions sur “Si vous avez aimé… Jane Austen (Liste de livres)

  1. Génial, merci ! Les austenneries sous un autre angle, plus constructif que les éternelles suites qui paraissent ici et là. Puis-je suggérer un livre sur lequel je suis tombée par hasard dans ma librairie préférée ? Il s’agit de « Mes souvenirs de Jane Austen », souvenirs et témoignages de James Edward Austen-Leigh (1798-1817), neveu de Jane. Je ne l’ai pas encore lu, mais bientôt.

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    • Mais suggère, suggère ! Cette liste n’est que personnelle-&-non-exhaustive et pourra toujours être augmentée d’autres idées de lectures qui pourraient plaire aux amateurs de Jane Austen ! Une autre lectrice sur Facebook propose de lire du Elizabeth Von Armin 🙂

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  2. Très sympa cette sélection ! Cela m’a d’ailleurs permis de réaliser que je devais un petit peu-beaucoup aimer ce genre littéraire puisque j’ai déjà lu un grand nombre des ouvrages de la sélection (oui, c’est THE révélation sur moi-même, attention :D). Le seul Jane Austen que je n’ai pas encore lu est Emma, et cet article m’a rappelé que je voulais absolument me lancer dans cette lecture !

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    • Tiens salut toi ! (Je suis éternellement mortifiée de notre galère de concours livre)
      Oui normalement cette liste a déjà été généreusement entamée par les fans de Jane Austen, qui savent reconnaître ce qui est bon pour eux x)
      Moi c’est Aurélien que j’ai très très très envie de lire (et dont j’ai découvert l’existence à l’occasion de la rédaction de cette liste O.O oui oui parfaitement >> grosse fan d’Aragon ne connaissait pas ce roman).
      Au plaisir :p

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  4. Je découvre cette article via Whaterver Works, et je vais de ce pas me tourner vers les auteurs qui m’étaient encore inconnus. J’ajoute ma pierre à l’édifice : parmi les auteurs contemporains qui se rapprochent le plus de Jane Austen, il y a surtout Tracy Chevalier. Son « Prodigieuses créatures » pourraient avoir été écrit par Austen. A lire aussi, « La dernière fugitive », que j’ai préféré.

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  6. Merci pour ces conseils et ces résumés très drôles ! Les fans d’Orgueil et Préjugés peuvent se laisser tenter par Une Saison à Longbourn, qui est une réécriture de ce roman du point de vue des domestiques. Moins cucul et premier degré qu’il n’y paraît. Sinon, pour les fans qui aimeraient savoir ce qui s’est passé entre Darcy et Élizabeth une fois mariés, sachez que PD James a écrit une suite (!) au roman : la mort s’invite à Pemberley. Attention, cette fois ci la guimauve est au rendez-vous…

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    • Aaaww ! Ce sont parmi les commentaires que je préfèrent je te l’avoue, ceux qui renchérissent avec encore plus de propositions ! Merci pour tes idées, j’étais tombée sur le PD James mais pour le coup je ne savais pas du tout quoi en penser car personne de mon entourage ne l’avait lu. À part la guimauve, c’est bien ?
      La réécriture côté domestiques peut être intéressante (ça me fait penser à Downton Abbey, où on est beaucoup du côté des domestiques, aussi…)
      Ravie que l’article t’ait plu, et merci !

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  7. Très bonne idée cette liste!! On me pose tout le temps la question sur le blog et je réponds toujours « Nord et Sud »!! Pour moi, c’est LE livre qui peut arriver à la hauteur de ceux de Jane Austen. En revanche, tu me donnes très envie de lire Lady Helen.
    Est-ce que tu as lu Sanditon achevé par une autre dame? (chez le livre de poche, surtout pas chez Milady). 11 chapitres de la main de Jane et une suite plus qu’honorable.

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  8. Pingback: Les Plaisirs Simples #1, – Au bout du voyage

  9. On pourrait rajouter également Thomas Hardy à la liste 🙂
    En tout cas j’approuve « Nord et Sud » et je suis très contente de le voir dans une liste, c’est une oeuvre trop méconnue selon moi.

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  10. Hey !
    Je suis OBSEDEE par P&P (Pride and Prejudice) et par Jane Austen en général.
    Et moi j’ai beaucoup aimé un Ken Follet pas très connu : « La Marque des Windfield » époque plus récente mais roman très anglais quand même.
    Sinon pour les Brittish addict Jonathan Coe et notamment « Bienvenue au Club » et « Le Cercle fermé »

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