Le bureau des objets perdus, de Catherine Grive (2015)

Petit coup de cœur pour ce roman à la voix unique, et plein d’allant.

Vous passez votre temps à perdre vos clés, votre carnet, votre pull préféré ? Les objets se carapatent pile au moment où vous en avez désespérément besoin, avec une telle régularité que votre entourage pense que vous le faites exprès ? L’héroïne de ce roman comprend votre peine. Remarquez, avec le temps, elle a fini par s’y faire : depuis l’ours en peluche de ses trois ans jusqu’à son sac de cours la semaine dernière, elle sème ses possessions avec la conviction d’un agriculteur de Monsanto. Parfois, elles reviennent, et jamais quand il faut. Et là, elle aimerait vraiment que son blouson revienne. Car c’est l’objet de trop : celui-ci, elle ne peut pas le perdre.

Cette lecture était une vraie bulle de savon (du genre coloré et piquant, qui vous fait « pop » sur le bout du nez). La narratrice a une personnalité lunaire et imaginative. Obnubilée par son unique obsession (retrouver (seule, cette fois, elle en a assez d’enquiquiner tout le monde avec sa mémoire de poisson) son merveilleux, son défoncé, son inénarrable blouson en cuir lourd de souvenirs), elle nous embarque, malgré elle, malgré nous, dans une quête personnelle qui en deviendrait presque existentielle.

Avec beaucoup de fantaisie et un ton unique, dans un périple en forme d’aller-retour et d’interruptions (qui nous rappellent sa façon de toujours oublier où elle en est), elle explore les lieux puis les gens, puis finalement, elle-même. Et subtilement, elle grandit. C’est vraiment, vraiment chouette. J’ai adoré la narration non-linéaire de ce conte urbain. C’est léger, bref, et extrêmement bien mené. Faîtes-vous ce plaisir pour le goûter, avec un thé et votre blouson préféré.