Oscar et la dame rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt (2002)

Comme dirait ma petite sœur, Oscar et la dame rose n’est « pas seulement un livre triste qui parle de thèmes graves et importants, c’est plus que ça. Et même si les lettres envoyées à Dieu, à sens unique, sont drôles, elles restent poignantes. » (Oui, ma petite sœur est une fine analyste ☺)

oscar et la dame rose schmittC’est l’histoire d’Oscar, un petit garçon qui va mourir. Il le sait, le lecteur le sait, tout le monde le sait. Que faire du peu de temps qui lui reste ? Comment accepter cette terrible échéance ? Oscar rencontre Mamie Rose, qui sera sa confidente et amie, qui ne lui mentira pas, qui le divertira et le guidera. Elle lui donnera l’idée de vivre dix ans de sa vie chaque jour qui passe, afin de mourir sans regrets. Et puis, elle lui suggèrera d’écrire à Dieu, aussi.

Ces lettres qu’il écrit à Dieu, oscar et la dame rose schmittelles sont à la fois douces et douloureuses, tendres et hargneuses. Elles dévoilent la force et la faiblesse mêlées d’un petit enfant face à la mort, qui regarde soudain la vie telle qu’elle est : brève. Et choisit d’en profiter. Étant sur le point de quitter le monde, Oscar n’a plus aucune tolérance pour les mensonges condescendants et hypocrites des adultes qui, d’une part, le blessent, et d’autre part, sont (presque) des insultes au peu de temps qu’il lui reste. Car, pourquoi perdre son temps et son énergie à entendre et répondre à des mensonges quand, du temps, on en a si peu ? Il préfère vivre de la beauté du monde et s’interroger sur de grandes questions.

Tous les adultes refusent de regarder la mort en face, préférant demeurer dans le non-dit, dans l’illusion. Mamie Rose est la seule à être vraie avec Oscar, et le garçon est le seul à véritablement, finalement, accepter la mort, et ainsi à se libérer de la peur. Avec lui, le lecteur réalise où se trouve le véritable trésor de l’humanité… et c’est dans sa mortalité. C’est la conscience d’une fin inévitable qui nous permet de profiter du temps que nous avons.

C’est la lecture de Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness, un conte doux-amer, fantastique et vrai, cruel et pourtant réconfortant, qui m’a remis en mémoire Oscar et la dame rose. Les deux traitent d’un thème commun (comment accepter la mort) et l’explorent très différemment*, mais avec, chacun, une sourde beauté.

Bonne lecture,

Lupiot

Lupiot Allez Vous Faire Lire

 

 

 

 

Oscar et la dame rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt, chez Albin Michel, 2002, 108 pages


* Oscar et la dame rose, bien que ce soit une histoire très réussie, est beaucoup plus didactique. Quelques minutes après minuit est, lui, beaucoup plus subtil. Le premier est plus tendre, quand le deuxième, fidèle à son titre anglais, « Un monstre t’appelle » (A monster calls), est plus dur, et a parfois des allures écorchées.

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