Exercice de funambule !
Harry Potter a touché tant de lecteurs et s’est glissé dans le coeur de tant de générations qu’on ne peut décemment pas garantir à celui qui a aimé Harry Potter qu’il aimera Trucmuche (Ewilan, Narnia, que sais-je !*). Mais d’un autre côté, c’est toujours le cas dans ces Si vous avez aimé. On joue sur un ou deux aspects de l’oeuvre, et si tout le monde accepte les règles, alors…
Harry Potter est un petit orphelin maltraité au coeur d’or, mais à la réplique cinglante. Les Dursley, famille informe et puante dont il a malencontreusement hérité, le détestent avec une sorte de mépris craintif et distant. Ce qu’il a fait pour mériter ça ? Il est anormal, apparemment… L’attitude des Dursley prend sens le jour où un demi-géant vient frapper à la porte pour annoncer à Harry qu’il a onze ans et qu’il est l’heure de commencer son apprentissage de sorcier à Poudlard. Pourquoi prends-je la peine de résumer ce monument de popculture littéraire ? Parce qu’il fait bon se rappeler d’où vient le petit Harry auquel on attribue désormais automatiquement le visage grandi de Daniel Radcliffe.
Ce que le premier tome avait de magique, c’était la superbe plume, douce, drôle et colorée de l’auteur qui nous faisait découvrir avec toute innocence cet univers magique caché parmi les moldus.
Ainsi, si c’est le monde magique qui vous a plu dans Harry Potter, et le chemin surprenant et fabuleux suivi par le courageux jeune héros plongé dedans la tête la première, alors… allez donc lire :
(Par ordre chronologique de publication)
Tome introductif de la série des Mondes de Chrestomanci, dont chaque tome peut se lire indépendamment, Ma soeur est une sorcière raconte l’histoire de Chat, petit garçon indifférencié et Gwendoline, sa soeur fascinante et exaspérante aux pouvoirs fantastiques. Gwendoline repérée, la fratrie est accueillie par le grand Chrestomanci, mage aux neuf vies et gentleman irréprochable, qui se chargera de l’instruction des deux enfants, pendant que ceux-ci, méfiants, n’auront de cesse de percer les secrets de leur hôte… Ce roman** est une petite pépite à dépoussiérer.
Je suis loin d’être la seule de cet avis : il est très possible que Groosham Grange ait inspiré Poudlard. En effet, élève contrariant, récalcitrant, décevant pour ses tristes parents, David Eliot reçoit une lettre étrange l’invitant à s’inscrire dans cet établissement sinistre situé sur L’île du Crâne, au large des îles britanniques, école qui ne reçoit, c’est étrange, que les septième fils des septièmes fils. Echaudé par l’enthousiasme rigide de ses parents qui veulent le mettre au pas, David, qui est aussitôt expédié dans cet établissement réputé sévère, s’attend au pire. Mais pas à ça. (Ce que L’île du crâne a, et que Poudlard n’a pas, c’est une délicieuse dose d’humour noir)
- La trilogie d’Arkandias, d’ÉÉric Boisset
(Magnard 1996-1999)
L’adorable petit Théophile n’est quant à lui pas du genre à faire les quatre cents coups, et pourtant, lorsqu’il découvre tout à fait par hasard la recette de l’invisibilité dans un vieux livre de la bibliothèque, il se transforme en alchimiste de génie, et avec son acolyte Bonaventure, se précipite tête la première dans la manipulation de la magie. Sa lubie n’est cependant pas du goût d’Arkandias, l’auteur de la recette…
Guillemot et ses amis d’enfance vivent sur la légendaire île d’Ys, pays perdu de Bretagne, à la frontière du monde réel et du « monde Incertain ». A l’occasion d’une rixe, Guillemot, sensibles aux ondes cabalistes déclenchées, entre en transe et se met à léviter. C’est « l’effet Tarquin », et le signe irréfragable que Guillemot deviendra sorcier. Aussitôt propulsé au rang d’apprenti du mystérieux Qadehar, Guillemot se verra enseigner le langage des graphèmes, l’ancien pouvoir runique qui permet de contrôler le monde Incertain, dans lequel, bientôt, il devra passer… Désormais un classique du fantastique français, cette trilogie est loin d’être ma préférée*** mais reste une lecture divertissante pour les 9-12 ans.
Roulements de tambours pour la trilogie fantastique la plus drôle, la plus enlevée, et la plus joliment parachevée. Accueillez le grand, le puissant, l’incorrigible, imité mais jamais égalé, Bartiméus, djinn de l’Autre Lieu. Nathaniel est un garçon sorcier qui, comme tous les autres, a été confié vers l’âge de six ans à celui qui sera son mentor. Or, Nathaniel a beaucoup, beaucoup plus de talent que ce vieux schnock, et en outre, bien plus d’ambition. C’est donc en enfreignant toutes les règles et en dépassant la peur que lui instille malgré tout son hôte, qu’il ourdit son plan et convoque un démon prétendûment au-delà de ses capacités. Bartiméus apparaît. Ravi, Bartiméus. Positivement transporté.
« J’ai libéré des princesses. J’ai incendié la ville de Trebon. (…) J’ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels. J’ai été exclu de l’Université à un âge où l’on est encore trop jeune pour y entrer. J’y étais allé pour apprendre la magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du vent. Mon nom est Kvothe. Vous avez dû entendre parler de moi. »
Premier tome de la trilogie Chronique du tueur de roi, l’histoire de Kvothe nous est contée en trois jours par un aubergiste du nom de Kote. On réalise que Kvothe a construit lui-même sa légende, de son vivant, et l’on part alors à la poursuite de son mystérieux passé…
J’aurai l’occasion de vous recommander d’autres épopées fantasy —dont Harry Potter a également le profil— à l’occasion d’un nouveau billet.
En attendant : Bonne lecture !
* Je reviendrai, pour Ewilan.
** De la série des mondes de Chrestomanci, Ma soeur est une sorcière et Les neuf vies du Magicien sont mes favoris, mais La chasse aux sorcières est sans doute le plus délicieux.
*** Je lui reproche un style sans personnalité, ce qui n’arrange en rien le schéma narratif extrêmement classique (pour ne pas dire cliché). En outre les amis de Guillemot sont forcés dans l’histoire comme si l’auteur voulait absolument créer une dynamique « Club des Cinq » qui à mon goût, ne prend pas. Cela reste sympa, mais en-deçà de la qualité que j’attendais, même à 13 ans (je l’ai peut-être lue un peu tard, cette trilogie, aussi : elle se destine à la catégorie « Junior », c’est-à-dire, plutôt aux 9-12 ans).
je suis d’accord sur ton analyse du livre des étoiles. Je l’avais lu assez jeune et par moments il est vrai que les traits de acolytes de Guillemot sont forcés. Mais dans l’ensemble, cela reste un bon livre. j’en garde un bon souvenir pour ma part en tout cas.
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Merci de ton message ! J’en garde un souvenir mitigé, j’avais beaucoup aimé l’univers et la magie imaginés, mais les personnages et la narration m’avaient déçue (mais je ne l’ai pas lu à l’âge du lectorat visé, et pour certains livres, ça joue beaucoup…). Mais oui ça reste un bon livre, pour ça que je n’hésite pas à le recommander.
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