Clients de l’humour noir, viendez voir le joli conte improbable !
La famille Tuvache tient un commerce inhabituel, celui de la mort. Or, dans ce monde futuriste suintant de pessimisme (écologique, économique, on ne sait pas trop à quel niveau, mais ça va mal), la mort ne manque pas de clients. Hélas ! Trois fois hélas ! Les gens sont maladroits et craintifs, et la mort est une activité sérieuse qui ne se satisfait pas de système D. Suicidés timides ou suicidés ratés, avides de gore ou de poésie, entrez dans le royaume des Tuvache, où l’on vous conseillera le meilleur produit !
Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! —Le Magasin des Suicides
Dans cette boutique, le père, la mère, la fille et le fils respirent tous la bonne sinistrose métastasée. C’est comme ça depuis 10 générations, c’est très bon pour le commerce, et ce n’est pas prêt de changer. Or, glucose et putréfaction, le petit dernier, Alan, est gai. Comment voulez-vous vendre un nœud coulant bien serré quand un petit bout de chou gazouille tout gentiment sous votre nez ? Et, arsenic et marshmallow, ce sourire ! Alan passe son temps à sourire !
C’est grinçant et impertinent, les péripéties bon enfant serpentent vers une fin douce-amère, bref : c’est plutôt chouette.
Le magasin des suicides, de Jean Teulé*, Julliard, 2007, 160 pages
* Jean Teulé est magique. Je n’avais lu de lui que quelques-uns de ses romans historiques, notamment Le Montespan et Charly 9, qui sont à mourir de rire ; cette fable décalée lui va tout aussi bien.
Allez vous faire lire 