Ce livre est comme une anecdote venue de loin, dont on ne pourrait comprendre les subtilités sans raconter l’histoire de ce pays étonnant, l’histoire de ses gens et ses magies, autour, avant, et pendant. Alors en quelques mots…
Le royaume des cercueils suspendus*, c’est l’histoire d’une trahison. Une trahison ancienne et innocente qui semble en créer une nouvelle lorsqu’elle est révélée, et que le fils est puni pour le père. Une trahison nouvelle et éternelle lorsqu’entre ce fils et son frère de coeur, un amour identique et brûlant naît pour la même fille, Leï, leur amie d’enfance. Le monde dans lequel se déroule leur histoire, avec ses règles et ses beautés propres, vient s’insinuer dans chacun de leurs gestes pour constituer ce récit inhabituel dans lequel se verrouille le coeur du lecteur.
Un conte vraiment étonnant fait de violences et d’espoirs adolescents, et pétri de mystères anciens empruntés aux légendes chinoises et à l’imaginaire occidental. Le roman, court, se traverse avec un mélange de curiosité et d’angoisse. Un beau coup de chance.
Le royaume des cercueils suspendus, de Florence Aubry, Rouergue**, 2014, 153 pages
* Quel beau titre, n’est-ce pas ?
** Les éditions du Rouergue, anciennement situées à Rodez et rachetées depuis peu par Actes Sud, sont, en outre, spécialisées dans l’édition de livres jeunesse d’auteurs français (ce qui évite notamment les traductions-trahisons), et publient des romans d’une qualité assez constante. Leur nouvelle maquette, tout en lignes et angles froids, est très reconnaissable et très belle.